Aventures en terres inconnues

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    Théa ou "Tigresse"

    Bannor
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    Théa ou "Tigresse" Empty Théa ou "Tigresse"

    Message par Bannor Dim 2 Aoû - 16:14

    Théa ou "Tigresse" Thzoa_11

    Théa est une jeune fille longiligne d’au moins 10 ans, arrivée il y’a quelques semaines avec Svetna. Certains disent qu’elles étaient esclaves dans les environs et qu’elles ont été libérées lors d’une expédition vers une mystérieuse trace de géant, expédition menée par Bannor, Astride Lindstrom, Ottoman Van Chesterfield, Rowina et le regretté Osward.

    Elle délaisse chaque matin le ménage de la guilde qu’elle accomplit avec Svetna pour s’entrainer sans retenue aux armes, principalement avec Bannor qui l’a surnommé « la tigresse » mais aussi avec le bienveillant Malek où Astride qui ne l'a ménagea pas le moins du monde. Nul ne sait, à part Svetna certainement, ce que Théa pu endurer durant sa captivité mais c’est sans doute la raison de son mutisme à moins qu’elle soit réellement muette. C’est finalement Lucéron, l’aimable hôte de la guilde, qui a révélé son prénom après un énième regard de travers de la jeune fille à un membre de la guilde qui lui avait juste demandé « Comment va la tigresse aujourd’hui ? ». Finalement, Théa s’est contenté de faire la grimace et a repris ses tâches ménagères. Il semble que le halfling, plus encore que Bannor, a réussi à gagner sa confiance.
    Théa et Svetna loge partagent une chambre de bonne située dans les combles et sont davantage les employées de Lucéron que des membres officiels de la guilde.

    C'est au soir du 25 avril que la disparition de Théa fut remarquée, sans doute parce que chacun étaient troublés de la livraison macabre du matin même. Nombre d’aventuriers de la guilde étant absents, Lucéron et Svetna durent prendre leur mal en patience et se ronger les sangs. L’halfling s’appliquait à être rassurant, disant que Théa n’était plus une enfant mais aussi qu’il n’était coupable d’aucun délit qui justifierait que les dieux lui imposent de devoir dire à Bannor non pas une mais deux mauvaises nouvelles…

    Les dieux lui donnèrent raison : Théa réapparut mais dix jours plus tard ! Quelque chose avait changé en elle, c’était évident. Des ronces dans ses longs cheveux et la coloration verdâtre des ses vêtements témoignaient de son séjour en forêt. Bien que sale, son visage toujours aussi fermé qu’avant sa disparition avait en même temps quelque chose de lumineux, lui conférant une présence étrange et presque envoutante.


    Dernière édition par Bannor le Ven 14 Aoû - 12:36, édité 2 fois
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    Théa ou "Tigresse" Empty Think out the box (1)

    Message par Bannor Sam 8 Aoû - 0:54

    25 avril, Poing de l'Empire

    Cela faisait plusieurs minutes que Théa reluquait les croquis de Lucéron. A coté des dessins sommaires représentant carottes et navets, anguilles et truites, oignons et champignons, volailles et travers de porc, l’intendant de la guilde avait tracé des barres indiquant le nombre de pièces de cuivre ou d’argent à donner aux commerçants du marché en échanges de ces denrées. Le regard noir qu’elle lança à Lucéron, bien décidé à la réintégrer à la société, ne le fit pas changer d’avis.

    « Non-non, pas de discussion, très chère amie. dit-il en souriant. Ce n’est pas de ma faute si tu te compliques la vie. Allez, ouste, du balais. Plus vite tu seras parti, plus vite tu pourras reprendre tes jeux de guerre avec Astride quoique… je dirais plutôt Malek vu l’heure à laquelle madame Lindström est rentrée. Bon, et n’oublies pas de tâter et sentir la marchandise avant de montrer que tu veux acheter quelque chose. »

    Théa pris le panier en osier sans entrain et glissa le parchemin griffonnée dans ses vêtements. L’halfling avait somme toute eu moins de difficultés à la convaincre qu’escompté. Il ignorait simplement qu’elle avait entendu la conversation de mise au point qu’il avait eu la veille avec Svetna parce qu’il manquait régulièrement les mêmes aliments quand elle revenait du marché. Sa soeur de captivité avait finit par confesser qu’elle avait peur du charcutier, un homme qui lui montrait beaucoup trop d’intérêt pour un commerçant… Svetna avait refusé de donner des détails. A dire vrai, Théa n’en avait pas besoin pour imaginer l’ordure que devait être cet homme. Ce dont elle avait besoin et qu’elle avait déjà sur elle, c’est d’un bon couteau à écailler car comme se plaisait à dire le contremaitre des esclavagistes de Finbarr, un accident est si vite arrivé.

    Personne ne savait, personne ne pouvait vraiment comprendre à part Svetna que Théa voyait toutes les personnes de pouvoir comme des bourreaux potentiels et que sous une apathie de façade couvait un désir de vengeance implacable, un désir de vendetta sans pitié, une pitié dont jamais les esclavagistes de Finbarr n’avait jamais fait preuve.

    Lucéron s’appliqua à chasser un mauvais pressentiment en la regardant sortir de bon matin et la stoppa net d’un cri quand il la vit se baisser vers une boite posée devant le perron de la guilde. Alerté, Malek déboula le premier et c’est avec la plus grande prudence qu’ils firent la macabre découverte de son contenu : la tête empaillé de Riku, l’homme chat, un des plus anciens membres de la guilde.

    Si certains aventuriers avaient déjà connus des déboires contre des ennemis extérieurs comme cet archimage renégat qui avait ensorcelé Taliah pour tuer Calixte, la guilde n’avait jamais rien connu de si sordide. Les conversations et les spéculations allèrent bon train sur la signification du message qui accompagnait la boite, un message qui disait en substance que « tout l’adamantium du monde ne pouvait rien contre certains ennemis ». Riku menait une enquête, c’était certain vu qu’il sortait souvent ces derniers jours, lui qui d'ordinaire était si casanier. Il s’en était fallu de peu déjà qu’il meure empoisonné si Ottoman Von Chesterfield n’avait pas tué d’une balle bien placée le serpent à deux têtes qui avait menacé de le mordre dans sa propre chambre. Ce drame supplémentaire plaça Svetna dans un niveau d’anxiété qu’elle n’avait pas connu depuis des semaines. Ce n’est qu’une fois seule avec elle que Théa parvint à lui tirer les vers du nez pour comprendre les raisons de cet état second : avant que Bannor ne parte en expédition, le guerrier et l’homme-chat avaient eu une longue conversation avec Svetna au sujet de son arrivée à Poing de l’Empire, de son transfert à Finbarr et des esclavagistes en général. C’est ainsi que Théa appris que Riku cherchait à libérer une dénommée Shanti qu’il décrivait comme étant sa soeur. De là à penser que tout était lié, il n’y avait qu’un pas. Svetna mettrait du temps à se calmer et ne se déferait sans doute jamais de l’idée qu’il était impossible de leur échapper. Du point de vue de Théa, si les esclavagistes venaient pour elles, alors ce serait autant de trajet à faire en moins pour les débusquer.

    La chope de plomb qui venait de s'abbattre sur la guilde avait conduit à ce Théa soit dispensé de marché. Une aubaine pour reprendre l’entrainement. A ceci près que Malek n’était aujourd’hui pas d’humeur et qu’Astride n’était jamais d’humeur… à se battre gratuitement, lui avait un jour dit Bannor. Théa s’entraina donc seule dans le jardin et s’emmerda très vite. Elle jeta un coup d’oeil aux nombreuses tombes qui occupaient une partie du terrain extérieur de la guilde et reconnut celle de ce Osward que Bannor avait enterré avec un cérémonial qu’elle n’avait plus vu depuis le village de l’ouest de Terquepan d’où elle avait été arraché des années plus tôt. Que ferais le vieux guerrier s’il était là, d’ailleurs ? Théa songea à prendre une pelle dans la remise pour commencer a creuser pour Riku. Elle déchanta en constatant le poids de l’outil. A la limite, elle pourrait prendre les ustensiles de jardin que Taliah avait utilisé pour ses compositions florales. Elle trouva rapidement la caisse en question et en sortit râteau, truelle, sécateur et grattoir. La manipulation de ses petits objets fit vagabonder sa mémoire jusqu’à ces moments où ce patriarche froid et méticuleux la torturait sans sourciller, ne s’arrêtant que pour écrire des notes dans un recueil épais.

    C’est bien tigresse, tu vises la tête.

    La voix de Bannor résonnait dans son crâne. Elle regarda avec une certaine fascination le fond de la caisse. Un fond vide. Vraiment ? N’y avait-il pas une tête dedans ? Théa eu un mouvement de colère et d’un revers de la main fit voler tout ce qu’elle avait posé sur l’établi.

    Une heure plus tard, Théa avait retrouvé ses esprits et était quand même parti au marché. Elle resta assise un bon moment dans un endroit où elle attirerait peu l’attention et surtout un endroit d’où elle pourrait observer ce charcutier dont elle prévoyait de sculpter une large et vaste branchie unique sous l’épais menton. Une victime se présenta devant l’étal du prédateur. Une femme plantureuse à la peau noir et aux interminables cheveux longs dorées. Théa se pinça les lèvres pour ignorer la pathétique situation qui était la sienne comparée avec cette femme tout en courbes : pas de fesses, pas de seins, pas de joues et des cheveux quelconques. Il s’avéra que d’un oppresseur, ce charcutier n’en avait ni la carrure ni les manières. Il complimenta effectivement cette apparition voluptueuse mais en fit tout autant pour les autres clientes qu’importe leur âge et leur silhouette. Théa s’était trompé et n’avait pas pris en compte combien la captivité avait à  Svetna une forte propension à la paranoïa. Alors, c’était ça ? La route sanglante de la vengeance s’arrêtait ici ? Qu’allait-elle faire de son couteau, éventrer un sac de céréales ?

    Alors qu’elle s’apprêtait à rentrer dépitée à la guilde, une conversation à voix haute attira son attention. Un des commerçants quittait le marché avant les autres en expliquant à ses confrères qu’il avait une livraison à faire à Finbarr. Avec beaucoup de patience et un peu de réussite, Théa parvint à se glisser dans sa carriole. Sortir de Poing-de-l’Empire fut une formalité car l’homme entretenait de bonnes relations avec la garde. Une fois loin de la ville, la passagère clandestine passa discrètement la tête hors de la bâche pour regarder dehors. Sans vraiment savoir pourquoi, elle se laissa glisser de la carriole qui rejoindrait Finbarr sans elle. Ce qu’elle vit la surpris au plus point.

    Cela l’intriguait, l’émerveillait, l’appelait presque.


    Dernière édition par Bannor le Dim 6 Sep - 17:23, édité 1 fois
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    Message par Bannor Dim 9 Aoû - 15:11

    25 avril. Forêt du Vinland

    Théa se demandait ce que ces lueurs pouvaient bien être, comme si la forêt irradiait un halo colorée et mouvant, flottant au dessus de la cime des arbres. Elle plaça une main devant son front pour vérifier si ses yeux lui jouait des tours. Mais non, ce n’était pas un mirage ou la rencontre du soleil et de la pluie qui dessinait un arc-en-ciel. Si seulement Théa avait davantage laissé trainer ses oreilles dans la guilde, elle aurait pu entendre combien la forêt du Vinland était dangereuse et qu’un mal sans pareil y vivait, détruisant tout ce qui passait à sa portée. Si la peur n’exclut pas le danger, elle permet au moins d’en prendre conscience, une conscience qui lui faisait défaut. Et c’est finalement plus par fascination que par curiosité qu’elle fit le mauvais choix alors qu’elle avait encore la possibilité de rentrer, à l’abri derrière l’enceinte de Poing-de-L’Empire. Marcher au grand air. Cela n’était en rien comparable à ces années passés dans ces tunnels étroits, ces mouroirs moites qui finissait par avoir raison des esclaves.

    Les yeux de Théa s’accoutumèrent assez bien à la pénombre causée par la densité du feuillage des grands arbres. Quand elle se retourna pour s’assurer que la lisière de la forêt était toujours visible, elle réalisa qu’elle était bien incapable de pouvoir trouver une ligne de vue un tant soi peu clairsemé. Les bruits environnants ressemblaient à une musique douce et l’humidité donnait à la végétation des reflets brillants. Théa avait une étrange sensation de solitude tout en ayant la conviction d’être espionnée par mille et un yeux. La solitude, elle ne connaissait que trop cette habitude. Une véritable hérésie pour les siens, pour les habitants de ce charmant village qui l’avait vu naitre, un village ou le partage des fêtes, du pain, des rires et du vin n’avait pas d’égal dans tout Terquepan. Là-bas, personne ne l’avait vraiment mise de coté. Le destin s’en étant chargé en l’affublant de la pire des tares. Elle eut une pensée fugace pour sa mère qui lui répétait souvent pour la consoler que des fées s’étaient penchés sur son berceau. Des fées mauvaises et cruelles à n’en pas douter.

    Les rares endroits où elle parvenait à voir le ciel ne lui permirent pas de retrouver ce mystérieux halo qui l’avait attiré dans la forêt. Elle marcha en vain pendant des heures, se perdant davantage à chaque foulée et c’est plus par manque de visibilité à la tombée de la nuit que par fatigue qu’elle fut contrainte d’arrêter sa progression incertaine. Elle se savait bien incapable de faire du feu en frottant du bois mais Théa ne s’apitoya pas pour autant sur son sort malgré la faim et le froid. Elle trouva d’ailleurs un sol de mousse autrement plus confortable que la roche des souterrains de Finbarr. La musique environnante de la forêt avait changé avec la fin du jour. Ces nouvelles et étranges sonorités associées à l’hypnotisante danse féérique de ce qui devrait être un essaim de lucioles finirent par la plonger dans un sommeil profond.

    Il faisait jour quand Théa se réveilla avec une douloureuse crampe au ventre. Voilà ce qui arrive quand on a l’estomac vide et qu’on a perdu l’habitude de sauter des repas parce qu’on profite de la bonne cuisine de Lucéron depuis des semaines. C’est là qu’elle remarqua non loin un petit monticule de terre qui dénotait du reste de la végétation. Elle s’en approcha, commença à gratter le sol avec ses ongles et découvrit rapidement ce qui ressemblait à des pommes de terre grumeleuses de couleur noire. Cela n’avait pas de sens, personne ne cultiverait ça au pied d’un chêne perdu dans l’immensité de la forêt. En reniflant, Théa reconnut une odeur qui s’apparentait à des champignons. Son visage s’illumina en songeant à la joie qu’aurait Lucéron quand elle lui ramènerait plusieurs truffes sauvages. Elle commença à les ramasser délicatement quand un mauvais pressentiment la fit regarder par dessus son épaule. Elle avait beau ne pas être peureuse, ce qu’elle vit n’augurait rien de bon.


    Dernière édition par Bannor le Dim 6 Sep - 17:23, édité 1 fois
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    Message par Bannor Dim 6 Sep - 17:22

    A plusieurs mètres d’elle se tenait une silhouette massive. Le corps de la créature paraissait un peu aplati, avec un tête très grosse et d’épaisses pattes courtes surmontant de solides sabots. De sa gueule, sortait d’immenses canines inférieures longues comme les avant-bras de Théa. La bête avait un pelage brun-noir dense et long et le haut de son dos accueillait une crinière brune de poils rêches d’une quinzaine de centimètres de haut. L’animal exhalait un nuage de vapeur fumante tandis qu’une salive abondante perlait de sous son groin. Son faciès était barré par une rangée de marques profondes évoquant le terrible coup de griffe d’un immense adversaire. Cette horrible cicatrice rehaussait le malaise que provoquait ses insondables yeux noir de jais, des yeux qui ne l’a quittait pas. Que pourrait bien-t-elle faire contre un animal plus grand qu’elle et faisant au moins dix fois son poids ? Théa aggripa néanmoins son couteau de cuisine en regardant rapidement de part et d’autres quels étaient ses options. Elle réalisa qu’elle venait de commettre une erreur en sortant son arme quand l’imposant sanglier grogna un râle de colère en tapant le sol de ses lourds sabots. Théa maudit sa bêtise en comprenant que l’énervement de la bête venait davantage du fait qu’elle tenait l’objet de sa convoitise, ces fameuses truffes noires et pas la menace ridicule d’un couteau court. Elle n’eut pas le loisir de réfléchir davantage car le sanglier la chargea sans autre forme de procès.

    Théa ou "Tigresse" Maxres11

    (à suivre...)
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    Message par Bannor Dim 6 Sep - 17:54

    01 juin

    En se levant, le soleil trouve Théa assise par terre, devant la stèle de Bannor. Le temps est légèrement brumeux et il faudra au moins deux heures pour que l’humidité déposée par la rosée du matin ne disparaisse pour assécher le cimetière de Poing-de-l’Empire et lui rendre le climat sec et sordide qui lui sied. Théa sait que la dépouille de son mentor martial n’est pas là mais qu’importe. Pharasma fera peut-être en sorte qu’il entende ce qu'elle est venue lui dire.

    « Tu avais raison, commence Théa dans sa langue maternelle, le regard dans le vide. Tu m’avais dit que je n’avais pas besoin de garder le silence dans la guilde et que ma voix éraillée y passerait presque inaperçue. Mais… parler. A quoi bon ? Pourtant je sais que je devrais avoir ça dans le sang, parler sans cesse.  Je ne suis pas à une anormalité près… Et puis, parler à qui en dehors de Svetna ? Ils sont tous si nerveux. Même Lucéron a changé. Tu sais qu’il a disparu plusieurs jours après ta dispute avec Strix et Strax ? »

    Théa soupire.

    « J’avais un mauvais pressentiment. J’aurais aimé me tromper, que tu évites le sort de Riku. Svetna... elle est inconsolable. Elle répète qu’elle t’avait prévenu. Je crois surtout qu’elle a peur, peur que notre tour vienne. Il faut que je trouve un moyen pour qu’elle rentre dans sa famille. Elle a raison. Je connais ces ordures, il n’y a aucune chance qu’ils en restent là. La torture, ils font ça depuis si longtemps. Là, c’est comme une torture psychologique et la peur fait son effet malheureusement. Si tu voyais le climat de la guilde… Certains sont sur les nerfs, d’autres croisent les doigts en pensant que détourner les yeux suffira à les protéger. Pourtant… le jour où on appris ta mort, j’y ai cru. Tu aurais du les voir. Secoués oui, mais déterminés. J’ai cru qu’ils allaient se battre, cru que je ne serais pas seule. Tu es mort depuis plusieurs jours. Envolés les décisions. Finis les coups de poings sur la table. »

    « Moi, j’ai continué, jour après jour, à m’entrainer. Au moins, les autres combattants de la guilde ne passent pas leur temps à me mettre par terre mais certains tapent durs. Je progresse, je le sais. Quand j’ai trouvé la tête de Riku, ça m’a décidé à agir. Personne ne faisait attention à moi à la guilde tellement ça a marqué les esprits. J’ai trouvé un moyen pour aller à Finbarr. Je me croyais prête, prête à égorger un de mes geôliers voire plus, si j’agissais vite et fort.  Et puis… j’ai senti un appel qui venait de la forêt. Je sais bien que tu restes hermétique aux dieux mais ils existent ! Je les ai vu ! Ils m’ont donné ce dont j’ai besoin et un compagnon fidèle avec lequel ça a pas bien commencé du tout… J’ai prêté serment. Dix fois. Je sais bien que les promesses ne sont pas des choses à formuler en l’air mais après tout, ce n’est pas comme si je ne voulais pas tuer mes geôliers depuis mon premier jour de captivité… »

    Théa relève la tête, son regard est dur. Et puis, un croassement lui fait oublier un instant ses voeux de vendetta sanglante.

    « J’ai… j’aurais du être avec Taliah pour te dire au revoir ici même mais… Je voulais ramener Astride qui était restée prisonnière d’un monstre bizarre. Je sais que c’est ce que tu aurais fait. Je lui devait bien ça, vu que c’est aussi avec elle que tu nous as libéré… Je me suis faufilé dans le chariot que conduisait Yobar, cachée sous des couvertures. Ce chariot, je le connais trop bien même si la cage qui était dessus à été démontée depuis. Svetna ne supporte pas de le voir… Heureusement qu’il n’y avait que Seckett dedans : j’ai pu tenir une journée complète avant de sortir de ma cachette. Je savais qu’ils voudraient me ramener à Poing-de-l’Empire. Mais je savais aussi qu’ils n’allaient pas s’infliger deux jours de retard supplémentaire. Là où on s’apprêtait à se battre, on a rien trouvé. Et puis, sur le chemin du retour, on a vu un renfoncement dans le chemin à travers la forêt. Ca ressemblait à un autel, je me suis demandé si c’était un nouveau signe d’Erastil. Yobar est allé voir, je me suis dépêchée de le rejoindre pour l'escorter car comme tu le dis, pour se faire des amis, il faut en être un soi-même. J’avais une épée. J’avais Nago. J’avais. Meme aujourd’hui, je ne comprends rien de ce qui s’est passé. Il y’a eu de la magie noire. Je n’étais maitresse d’aucun de mes mouvements. Nago non plus. Il est mort sous moi, se mordant la chair sans jamais faiblir. J’ai repris mes esprits trop tard. Je crois que c’est la seule fois où j’ai vu Strix et Seckett, se taire et compatir à quelque chose. Je… Ca ne change rien à mes engagements. Ce n’est pas parce que c’est difficile ou presque impossible que je ne dois pas agir, même si je dois le faire sans toi. Malek me prend pour une gamine qu’il faut protéger. Je ne sais pas, je lui fait peut-être penser à quelqu’un. Ou alors, il croit se reconnaitre en moi… S’il savait. »

    « J’avais espéré libérer Astride et je n’en ai rien fait. Elle est revenue d’elle-même à Poing-de-l’Empire. J’ai espéré gagner des alliés mais je reste une gamine encombrante qu’il faut aller border  à qui on dirait « au dodo, maintenant ». Dormir pendant que des ordures dansent sur des cadavres ? J’avais espéré réveillé l’ardeur de Seckett à s’occuper du bordel mais non, il m’a dit qu’il ne fera rien sans l’aval de la guilde, autant dire jamais. Et surtout, j’ai perdu Nago, un formidable allié sans jamais combattre… »

    Théa se secoue la tête de dépit puis sort une bouteille de son sac.

    « C’est pour toi. Je sais que tu l’aimes bien, celui-là »

    Elle la débouche et en verse sur la terre à coté d'elle. Le liquide violacée pénètre doucement dans le sol pendant qu’elle pose la bouteille debout contre la stèle.

    « Hier soir, il y’a eu une nouvelle dispute de Strix et Strax. Cette fois, c’était avec Evrod. Je crois qu’avant mon arrivée, c’était surement celui qui parlait le moins. Il parait que Taliah était comme ça aussi avant. C’était… Je n’ai pas compris comment ça a commencé mais Strax a gueulé comme jamais. J’ai compris qu’il voulait des excuses d’Evrod envers Strix parce qu’il ne voulait pas lui adressé la parole. Yobar a insisté pour qu’il s’exécute. Le ton est monté. J’ai cru à un moment que Malek allait tout casser. Il a hurlé encore plus fort que Strax et puis… il est parti. Ils sont plusieurs à pas aller bien, je crois. L’orgueil, l’honneur, j’y comprends rien. Dans le même temps, ça ne dérange personne que Strax dise encore que t’es un… un… alors que tu es mort il y’a à peine quelques jours. Enfin… J’ai rien dit non plus, j’en suis désolée. J’ai… saisi ma chance, ma chance pour qu’on m’entende, leur dire qu’il fallait s’unir contre eux mais non, rien à faire. Personne n’a rien entendu de ce que j’ai pu dire. Personne à part William pour dire que c’est votre faute ce qui arrive à la guilde, votre faute, à toi et Riku. On est vivantes et c’est ta faute… »

    Théa a un nouveau regard vers la stèle puis saisi la bouteille pour en boire deux grandes gorgées.  En s’essuyant la bouche d’un revers de manche, elle regarde une dernière fois ce qui est écrit dessus : Cuvée De Nod.

    « Hé. C’est quand même autre chose que de l’eau chaude et des herbes infusées ».

    Théa regarde la stèle sans rien dire. Elle tique un instant et se lève a la recherche de quelque chose. Elle revient avec un pierre blanche poreuse aux arêtes saillantes. De sa main droite, elle ajoute un mot sous le nom gravé.

    Fendragon.

    « Hum… bon, je… je ne vais pas tarder. J’ai davantage parlé ici qu’en deux mois à la guilde ou en plusieurs années d’esclavage. Si je continue sans faire attention, je vais perdre mon déguisement de Pavu, comme tu disais. »

    Elle se lève avec agilité puis remet son sac à l’épaule.

    « J’attends le retour de Taliah qui est partie en expédition. C’est mon dernier espoir de trouver un allié dans la guilde contre ceux que je vais tuer. Elle… Elle ne dit pas grand chose de ce qu’elle fait de ses journées mais je sais qu’elle n’a pas choisi de se morfondre et qu’elle redouble d’efforts. Mais... être seule, c’est nul. »

    Théa fait quelque pas puis s’arrête pour regarder une dernière fois la stèle. Elle se souvient qu’elle était venu avec la seule intention de lui dire merci. Le mot reste bloqué dans sa gorge, une gorge qui lui fait subitement mal, comme si le souffle lui manquait. Sa respiration s’accélère alors qu’elle regarde son poing tremblant, un poing serré au sang. Théa se secoue la tête et revient vers la sépulture vide. Elle tombe à genoux sur la terre meuble. Elle entrouvre sa main et découvre qu'elle a enfoncé ses ongles trop profondément dans la chair.

    Des ongles cassés, irréguliers. Des ongles durs.

    Elle déplie ses doigts qu'elle écarte le plus possible avant de passer sa main sur le sol comme pour le griffer.
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    Théa ou "Tigresse" Empty Re: Théa ou "Tigresse"

    Message par Bannor Mer 11 Nov - 23:58

    Expédition vers les géants de froid, dans la grotte des minotaures.

    Théa a réuni autour du feu les femmes qui viennent d'être libérés des esclavagistes pour prier avec elle.

    "Erastil, toi qui donna aux hommes le premier arc, nous te prions de nous accorder des chasses abondantes.
    Erastil, toi le guide des Dieux Originels, nous te prions de nous accorder des récoltes fertiles.
    Erastil, toi le sage à l’oeil unique, je te prie de pardonner mes erreurs de jugement d’hier envers les minotaures. Je te prie de guider les pas de Beaudacieux l’Inécrasable et d’Epokrinos pour guérir la communauté des minotaures. Je te prie de prêter ta force à Karselia et à ces femmes désormais libres pour les guider vers une société où chacun et chacune trouve sa place pour construire une ruche foisonnante et active.
    Vous n’avez pas à avoir peur. Vous n’avez plus a avoir peur. J’ai vu le le coeur d’un essaim d’abeilles. J’ai vu ce que le nombre et l’ardeur pouvaient construire. Une abeille fait partie d’un tout et il en est de même pour nous.

    J’ai déjà dit que Bannor m’avait sauvée ici même. A sa manière, Bannor était un vieux borgne. Mais ce n’est pas lui qu’Erastil m’a envoyé.

    Voyez cet homme là-bas. Quand son visage n’est pas dans l’ombre, il avance masqué.

    Il se fait appeler Allon-Diel.

    Allon-Diel m’a offert cet arc. Il m’a acceptée sans me juger. Il est le meilleur des guides. Il m’a menée ici. Il allège mon fardeau en portant mes affaires les plus lourdes. Il a été choisi par une communauté de petites gens qui vivent à l’écart des méfaits de la civilisation et qui l’ont honoré de ce masque de bois. Il est l’ami du protecteur des abeilles. Il souffre quand la forêt brule.

    Allon-Diel, je vois bien que tu ne me crois pas. Je sais pourtant qu'on est plus ce que l’on fait que ce que l’on dit. Que tu le vois ou non, tu fais toutes ces choses là."
    Bannor
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    Théa ou "Tigresse" Empty Un conte de fée

    Message par Bannor Mer 23 Déc - 23:16

    Un maigre feu crépite aux milieu du campement. Un feu muet, à moitié enterrée pour ne pas attirer l’attention. Face aux flammèches dansantes, Théa voit des souvenirs remonter à la surface.

    « Elle. Amenez-la dans mon laboratoire. »

    Théa était arrivée depuis des mois dans les profondeurs de Finbarr. Des mois à éviter les humeurs de Fehler, des mois à éviter de croiser le regard d’Ehrgeiza. L’ordre de Merilliz Von Stiershaus surprit Romak, le terrible contremaitre des esclaves, qui garde cependant pour lui que cette muette, cette gamine maigrichonne ne vaut même pas la nourriture qu’on lui donne.

    Merilliz von Stiershaus se montre gentil au premier abord avant de révéler son vrai visage.

    « Alors tu es muette à ce qu’on m’a dit. J’envie tes parents. Vois-tu, je suis las d’entendre ma fille geindre et mon fils passer ses nerfs pour un oui ou un non… Mais bon, il faut laisser nos enfants grandir librement, n’est-ce pas ? Oh, ne fais pas cette tête, je te prie. A moins que ce ne soit ta tête de tous les jours. Quel dommage. Comment donc pourrais-tu te faire apprécier avec une expression pareille ? Mets donc un sourire sur ton visage et regardes la table là-bas. Ton assiette est prête, régales-toi. J’espère que tu n’as pas déjà perdu le sens du goût et de l’odorat, tu raterais le plaisir de mon assaisonnement. »

    Déjà de nature prudente, Théa connait le caractère versatile des membres de cette famille. Elle mange puisqu’il veut qu’elle le fasse, mais lentement, sans se départir de son attitude morne malgré la faim qui la tenaille et le goût savoureux de la viande. C’est qu’elle doit rester « invisible et impassible comme une roche ». C’était un précieux conseil que lui avait prodigué Domovoï, cette étrange petite créature bipède deux fois plus petite qu’elle. Domovoï savait disparaitre dans les murs dès que quelqu’un risquait de surprendre leurs conversations nocturnes. Celui qui a du pouvoir sur autrui n’attend que la première occasion de l’utiliser, disait-il.

    « Interessant, avait commenté Merilliz Von Stierhaus en la regardant manger lentement. A ta place, tout le reste du bétail céderait à la joie d’un vrai repas et se goinfrerait comme un animal affamé. Ta promotion est méritée. »

    L’homme révèle alors le reste de la pièce qu’il appelle son laboratoire en tirant un grand rideau de velours pourpre. Théa retient un haut le coeur en découvrant une jeune femme mutilée et sanglée à un grand panneau de bois maculée de son propre sang. Comment peut-elle encore être vivante alors qu’il lui manque trois membres et qu’elle n’est que plaies béantes ? Pendant ce temps, calme et soucieux de ne pas se tâcher, son bourreau enfile un tablier ciré pour protéger ses vêtements ainsi que des gants de cuir fin. Il s’approche d’un plan de travail sur lequel trône une large coutellerie parfaitement alignée ainsi les morceaux manquants de la martyre. Il tique brièvement en constatant qu’il n’a pas découpé le mollet aussi proprement que les bras. Merilliz se tourne vers sa victime dont les yeux exorbités indiquent qu’elle a cédé à la folie.

    « Oh, tu pleures. Shhh… N’essaie pas de parler. L’anesthésiant de mon cru que je t’ai fait boire doit être en train de cesser faire effet, c’est ça ? »

    Le fait que les larmes fussent alors accompagnées de râles rauques déplut visiblement à Merilliz.

    « Tes services ne sont plus requis. J’ai fini de récolter tout ce que tu pouvais m’apprendre. Ne sois pas triste, tu n’es pas responsable de tes limites. J’espérais sincèrement que nous pourrions continuer ensemble. Je suis déçu. Remarques, je ne suis pas le seul. Ma jeune invitée n’a pas aimé ta viande. Là, c’est bientôt terminé. »

    Il enfonce une longue et fine aiguille d’adamantium sous l’oreille de sa malheureuse cobaye. Ses yeux se révulsent et sa tête retombe pour ne plus bouger. Merriliz repose l’aiguille sur sa table de travail et se défait de ses gants en regardant Théa qui se décompose.

    « C’est tout de même plus propre qu’un grand coup sur le museau, non ? »

    Quand elle est ramenée au milieu des esclaves, Théa s’écarte pour presser son pouce dans son palais pour se faire vomir. C’est ce jour-là qu’elle fait vraiment la connaissance de Svetna, la « préférée » des gardes de cette section des mines. La blonde l’aide à dégurgiter en plaquant sa main sur son front. « Voilà, du calme, c’est fini. » dit Svetna quand Théa n’a plus de bile à cracher. Elle est surprise en entendant celle qu’elle croit alors être une fillette murmurer en tremblant « Il m’a dit de ne pas le décevoir ». A partir de ce jour, Svetna ne l’abandonnera jamais et ne trahira jamais ce qu’elle sait d’elle.
    Un courant d’air frais ramène Théa à l’instant présent. Au dessus d’elle, le ciel étoilé parait féérique mais la réalité sur la terre ferme était tout autre. Théa alimente le feu machinalement avec l’envie de prendre de la braise à mains nues. Une partie d’elle est restée là-bas, sur ce pont et son trou béant.

    Que se passait-il ? A quel moment est-elle devenue la traitresse que décrit Seckett ? Le skaven qui avait gardé le silence depuis que Yobar avait décidé qu’on ne laisserait pas Théa partir seule avec les minotaures est maintenant dans un état proche de la transe. La paladine met d’abord ça sur le ressentiment de la mort de Lazilia. En tant normal, Seckett était assez dur à suivre et ses raisonnements souvent édifiants. Mais là, le ressentiment céde la place à la colère et la colère céde la place à des accusations on ne peut plus claires : Théa leur avait craché dessus. Théa mettait en péril l’expédition. Théa leur faisait perdre un temps précieux. La paladine se tait car elle sait qu’elle n’arrivera pas à le raisonner, que c’est une entreprise perdue d’avance étant donné qu’en en temps normal, le skaven balaye déjà tout avis divergent au sien. Seckett - le brave Seckett - avait gardé le silence trop longtemps pour ne pas exploser maintenant dans un flot de reproches vociférés, un raz de marée fait de tentes abandonnées dans la plaine, de doigt d’honneur et de guilde trahie. La mise à mort d’un coup de griffes sanglant d’un des minotaures ennemis et inconscient n’avait visiblement pas suffit à soulager le skaven. En comprenant qu’ils étaient en train de perdre la confiance durement gagnée auprès de leurs alliés minotaures, Théa approche à toute vitesse pour soigner un autre des adversaires inconscient. Au diable la menace scandée par Seckett lui interdisant d’approcher sinon il en tuerait un autre ! Pour elle, chaque seconde qui passe risque de voir un minotaure de plus rejoindre son créateur et jamais elle ne laisserait la peur la paralyser.

    Une flèche déchire l’air quand Seckett s’élance.

    Il faut deux potions pour que le skaven reprenne conscience un plus tard. S’il est plus calme maintenant, ses propos n’ont guère changé. Depuis la mort de Lazilia, une chape de plomb est tombée sur eux. Théa devine les reproches, certains muets et d'autres exprimés sans détour comme Zograt savait le faire. De quel droit leur désarroi à eux serait plus juste que le sien à elle ? De quel droit la rende-t-il responsable de la perte de la courageuse tieffeline ? A cet instant, la colère de Théa l’empêche d’envisager qu’ils se reprochent peut-être de ne pas avoir été devant sur ce maudit pont et non elle deux. N’en pouvant plus, elle les accuse d’hypocrisie. Quand Allon-Diel avait quitté le groupe pour plonger dans une forêt en feu, il n’avait pas subi pareil vindicte alors qu’il s’en était fallu de peu qu’il ne revienne pas, tuant ainsi la progression en terre inconnue du groupe. De même, Seckett abandonnerait sur le champ cette expédition pour secourir le jovial Lucéron si celui-ci courrait un danger de mort imminent.

    Le silence. Ils ne lui concèderaient même pas ces évidences. Pire, il semble à Théa qu’ils donnent raison à Seckett. La tête basse, l'halfeline au physique de fillette humaine s’écarte de cette sinistrose ambiante et franchit d’un bond leste le trou béant du pont. Elle rejoint la dépouille de Lazilia et soulève d’un main tremblante le linceuil improvisé de Malek. De la chair, du sang, des lambeaux de peaux et des os à nu. Elle sent le sourire moqueur de Merilliz Von Stierhauss par dessus son épaule. Elle a été trop longtemps son cobaye, son jouet résilient, son bétail muet, pour ne pas savoir ce qu’il dirait devant ce qu’il reste de Lazilia. Travail d’amateur. Un grand coup sur le museau aurait été plus propre. Théa garde la machoire serrée.

    La paladine dépose sur Lazilia sa propre carte de guilde ainsi que la figurine de tour sculptée par Zograt. Toujours à genoux, elle prononce le nom de Valppauden qui quitte son fourreau pour se placer dans ses mains. Elle passe le fil de l’épée dans sa paume pour faire couler son sang. Des semaines plus tôt, elle a prononcé par dix fois un serment de vengeance, prenant Ragathiel à témoin qu’elle tuerait Merilliz et sa descendance mais aussi Romak et ses sbires ainsi que leur pourvoyeur d’esclaves. Ce faisant, elle avait abandonné toute chance de retrouver un jour une vie paisible. Cette perspective utopique allait devoir disparaitre plus encore car sa liste macabre est aujourd’hui complétée d’un nouveau nom : la matriarche Von Gesperht. Si Théa ne la connait pas elle-même, ce qu’en avait dit Lazilia avait suffit a en dressé un tableau révoltant.
    La pourriture qui ronge le Vinland avait stoppé net la marche vengeresse de la tieffeline. Lazilia n’aurait pas abandonnée, Théa ne le fera pas davantage.

    Alors qu’elle s’apprête, sans un regard en arrière, à continuer vers ce lac dont a émané l’étrange appel à l’aide que les dieux lui ont montré en songe, Malek la rejoint. Bannor avait raison !

    Tu peux compter sur le géant vert, lui avait-il dit, il a l’estomac solide et pas parce qu’il boit comme un trou.

    Avec lui à ses cotés, nul doute qu’elle pourra sauver cette créature en détresse. Malek est le genre d’homme capable de sortir d’un brasier, ignorant les brûlures de son armure encore fumante et portant le corps inconscient d’un compagnon d’arme. Nouvelle désillusion. S’il l’a rejoint, c’était pour qu’elle reparte avec eux, pas pour l’accompagner dans sa mission de sauvetage. Quelle idiote. Avait-elle rêvé en l’entendant dire qu’il fallait donner un sens à la mort de Lazilia ? Théa baisse la tête de dépit. Il avait fallu des semaines pour enfin gagner, contre toute attente, l’aide annoncée de Seckett dans sa vendetta contre les esclavagistes mais un seul combat pour perdre l’affection du skaven, terrible pourvoyeur de mort.

    A défaut de l’aider, Malek faisait en cet instant au moins attention à elle. Plus de remarque assassine, plus d’exhortation à « arrêter le théâtre ». Il lui parle d’une voix calme et bienveillante en s’appliquant à faire appel à son bon sens.

    Elle rejoint un peu plus tard les autres en silence. Le calme est revenu mais elle perçoit un changement presque imperceptible chez les minotaures. Ceux-ci sont regroupés et apparemment en proie à de profonds questionnements. Théa choisit de ne pas les déranger et réalise que Beaudacieux l’Innécrasable partage avec Yobar un trait de caractère similaire : l’humilité. Ils ont tout deux par certains aspects un rôle de chef mais se refusent à réellement commander en imposant leur décision. Le bienveillant Yobar rejoint Théa pour l’accueillir et l’interroger à nouveau sur sa vision. Comme toujours, le magicien s’applique à bien faire et a ménager toutes les susceptibilités. Théa lui répond car elle sait que bien qu’il n’est pas croyant lui-même, Yobar ne prononcerait jamais un mot de travers contre Erastil et Ragathiel, ni même aucun dieu d’ailleurs. La paladine met finalement un terme à la conversation quand Yobar lâche maladroitement qu’elle avait foncé tête baissée.

    Se taire ? Oui, c’est ce qu’elle devait faire, c’est ce qu’on attendait d’elle. Quelle ironie d’avoir une voix aussi dissonante quand on est une halfeline, la race de l’expression libre par excellence.

    Alors, tu es muette à ce qu’on m’a dit.

    Théa recule sa main des flammes et regarde la plaie laissée par son dernier serment. Le chemin sera long jusqu’à plonger son épée dans le coeur sombre de Merilliz Von Stierhaus. Elle répète en silence une litanie mentale de onze noms pour s’accrocher à un objectif et essayer - avec un succès relatif - de ne pas penser à la perte de Lazilia.

    Et si… Et si elle allait trouver Beaudacieux ? Plus tôt dans la journée, le minotaure n’avait pas hésité à l’accompagner quand il devenu clair que Théa irait secourir cette mystérieuse créature en danger. Comme un seul homme, tous les minotaures avaient pareillement ramassés leur paquetage pour accompagner la paladine. Théa lâche un soupir en songeant à sa joie première de voir Yobar et les autres les rattraper rapidement sur le chemin, une joie de courte durée car accompagnée de reproches.

    Qui définissait ce qui était bien ou mal ?
    Qui définissait ce qui était important et ne l’était pas ?
    Pourquoi se donner autant de mal pour des animaux sauvages mais ne pas sauver, sous l’injonction subtile des dieux, une créature aux abois ?
    En quoi perdre trois jours à vomir tripes et boyaux était moins chronophage que de faire un détour d’une journée ?
    Et cette guilde, ce mot supposé fédérateur… Théa ne partage leur point de vue, elle ne leur a jamais imposé de venir. Si elle doit déchirer sa carte d’aventurière pour qu'on arrête d'agiter ce mot vide de sens, elle peut le faire sur le champ. Après tout, cette guilde est quoi pour elle ?

    Devant les flammes, Théa sent bien qu’elle fait preuve de mauvaise foi. La guilde les avait accueilli, Svetna et elle, sous l’impulsion de Bannor. Allon-Diel lui avait offert un arc, plusieurs d’entre eux l’avait entrainé au combat. Théa sait que Bannor voulait que la guilde ait un chef, qu’elle puisse être capable de faire front commun. Malek n’était pas le seul qu’il estimait capable d’être celui-là car il pensait aussi à Yobar. D’après le vieux guerrier acariâtre, le magicien pouvait être facilement accepté par les autorités de Poing-de-l’Empire. Moins par ce que c’est un humain que parce qu’il semble ne pas pouvoir faire de mal à une mouche alors que si la situation l’exige, il est capable de grands miracles magiques.

    Cette carte d’aventurière n’était pour elle qu’un laisser-passer pour pouvoir circuler dans le Vinland mais envisager la guilde comme un motif de fierté, non, elle ne pouvait pas. Malgré la peur, les esclaves de Finbarr avait par nécessité developper une forme de solidarité. Si quelqu’un avait craché sur la guilde, c’était les esclavagistes en tuant Riku et Bannor. Leur mort n’avait pas davantage rassemblé les aventuriers dans un objectif commun comme l’avait montré la récente querelle entre Evrod et Strax.

    L’orgueil, l’honneur, l’égo. Des ennemis plus grands que la véhémence de Théa et sa voix éraillée.

    Théa regarde le regroupement des minotaures, installés à l’écart. Elle devine leurs conversations et leur interrogation à poursuivre cette expédition. Ils sont bien sûr motivés à libérer leurs frères de sang captif des géants du froid mais remettent certainement en cause leur collaboration avec le groupe d’aventuriers. Il ne faudrait sans doute pas grand chose que la paladine parvienne à les convaincre de l’accompagner - à nouveau - pour résoudre ce qui se passe au bord du lac. Mais non. Exacerber leur défiance grandissante envers les aventuriers de la guilde pour parvenir à ses fins lui parait déloyal.

    Il lui reste une possibilité. Repartir sans l’aide de personne. L’idée seule lui fait imaginer leurs réactions en découvrant sa disparition. « Je vous l’avais bien dit, elle en a rien foutre de nous ». « Elle dit qu’elle a trente ans dans son corps d’enfant mais elle nous refait un caprice de gamine mal éduquée ». Mais à quoi bon ? Combien de temps faudrait-il à Allon-Diel, un pisteur sans égal, pour la retrouver en suivant ses empreintes ? Théa grimace puis réalise qu’elle n’est pas sans ressource. Il lui suffirait d’attendre le dernier tour de garde, celui où Yobar prépare ses sorts. Au lever du jour, Théa ne serait pas aveugle comme en pleine nuit. Pour semer Allon-Diel, elle a cette baguette pleine de cette magie effaçant les traces et l’odeur. Etre seule. Une solution pratique pour ne pas être déçue… ou ne décevoir personne. Des mots lui reviennent en mémoire, ceux de Malek quand il était venu la convaincre de rebrousser chemin avec eux.

    « Tu n’y arriveras pas sans nous ».

    Vous non plus, avait-elle pensé très fort sans que les mots puissent quitter sa gorge.

    Elle avait soigné tant et plus de blessures depuis leur départ de Poing-de-l’Empire qu’il n’y avait guère de surprise à la considérer comme une prêtresse, une guérisseuse au lieu d’une paladine vengeresse. Comparé à Malek, Seckett, Allon-Diel et même feu Lazilia avec son arme improvisée, ses rares coups d’épée ne sont que des piqures d’insecte. Théa a le sentiment d’être une abeille égarée dans le Vinland, une abeille dont le bourdonnement n’était parvenu qu’à agacer son environnement.

    Et alors ? Ses dix serments… non, ses onze serments de vengeance n’engagent qu’elle, finalement. Et si elle abandonnait ? Et si, au lieu d’avoir voulu répondre autant à l’appel d’Erastil que de Ragathiel, elle abandonnait cette entreprise vengeresse vouée à l’échec pour se consacrer à la seule obédience du vieux borgne ? Aider les minotaures a réparer leur communauté pourrait lui amener la paix qu’elle recherche sans le savoir.

    Théa a alors un sentiment de honte à cette seule idée. Baisser les bras, être indigne de l’affection de Svetna qui l’a aidé à survivre durant ces années d’esclavage. Non… Seckett a sans doute raison, Théa est une traitresse. Et qu’avait-elle eu besoin de refuser son sort quand la mort est partout autour d’elle ?

    Sans même songer à Bannor qui était mort de l’avoir secouru, il y’avait de quoi faire un conte de fée amer qui n’aurait pas déplu à Domovoï. Par trois fois, elle aurait pu gagner un formidable allié et par trois fois, elle avait failli à son devoir.

    Nago d’abord.

    Lazilia maintenant.

    Et quelque part là-bas, surement morte maintenant à l’heure qu’il est, une créature qui avait appelé en vain son aide.
    Bannor
    Bannor


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    Théa ou "Tigresse" Empty Tout s'arrêtera quand tu déclareras ta flamme

    Message par Bannor Lun 15 Fév - 23:51

    Ils étaient enfin arrivés à la forteresse des géants du froid. Bien qu’harassés, épuisés et à bout de ressources, ils étaient prêt à affronter la mort en face, du moins certains plus que d’autres. Seckett était excité, Yobar soucieux, Allon-Diel fermé, Zograt riait jaune et Malek arborait une attitude grave. Devant les murailles, Théa savait qu’elle priait les dieux pour la dernière fois.

    Erastil, merci de m’avoir accordé l’aide de Nago, merci pour ton armure qui m’a maintes fois sauvée. Grâce à toi, j’ai vu en songe ce que pouvait être une communauté. Grâce à toi, je le sais, des hommes, des femmes, des minotaures parviendront, à vivre dans la paix et la prospérité, tel un essaim d’abeilles qui ne forment qu’une seule et même famille.
    Ragathiel, merci d’avoir armé mon bras de Valpaudden, la plus formidable des épées. Merci de m’avoir protégé et donner la force de ne jamais baisser les bras.
    Erastil, toi qu’on appelle le Vieux Borgne, je sais que j’ai par mes nombreuses erreurs méritée le surnom de Jeune Aveugle. J’affronterais aujourd’hui la mort les yeux grand ouverts.
    Ragathiel, toi qu’on appelle le Général de la Vengeance, je suis à jamais ton soldat contre les ténèbres.

    Esclavagiste de toutes races, il y a malgré vous
    quelque chose que j'emporterais quand j'entrerai chez les dieux :
    L’honneur de m’être battu au coté des plus braves
    Je ne mourrais pas en victime mais l’arme au poing.
    La mort vient et je me sens déjà botté de marbre, ganté de plomb.
    Je l'attendrai debout et l'épée à la main !

    En tendant Valpaudden vers le ciel, celui-ci s’ouvre pour révéler un soleil ardent ! Dans une vision indéfinissable, deux champions de Ragathiel apparaissent. Théa connait la légende des archons canins mais garde pour elle sa surprise de découvrir qu’ils ont des têtes de hyène. Tout devient clair, un dieu mauvais fourbe s’applique à changer les faciès des champions du Général de la Vengeance ! Cette apparition angélique est suivi d’autres non moins inattendues.

    Très rapidement, la bataille fait rage et le chaos disperse les héros. Théa et Nago prêtent d’abord main forte à un géant des nuages contre un troll. Le géant, qui fait deux fois la taille de Bodacieux qui faisait lui-même deux fois la taille de Bannor, lui dit que tout s’arrêtera quand elle lui déclarera sa flamme. Ce que cela voulait dire, elle n’en sait rien mais elle se prête au jeu néanmoins.

    « manquer d’amour, mais vouloir en donner
    la nuit et le jour, je n’ai cessé de rêver
    d’aimer de mon mieux, plus grand à chaque fois,
    Bannor, Bodacieux… et pourquoi pas toi ? »

    Plus loin, le combat fait rage. Montée sur Nago, Théa fonçe rejoindre la mêlée. Mais quelque chose cloche, comme si une force invisible empêchait d’atteindre la cour centrale où se déchainent chaos et fureur. En voyant Allon-Diel foncer dans un couloir latéral, Théa le suit pour découvrir avec lui un passage vers la cour. Joie de courte durée car un géant sorcier fait apparaître un épais nuage qui la fait suffoquer mais Nago, revenu d’entre les morts, est fait d’un autre bois et sort de cet atmosphère pestilentielle sans broncher. Les yeux de Théa la brule, elle peut à respirer mais descend du dos du sanglier pour qu’il puisse se battre le temps qu’elle retrouve ses esprits. Au milieu des cris et des incantations de Yobar, Théa reconnait le sifflement caractéristiques des flèches meurtrières d’Allon-Diel qui décompte méthodiquement ses munitions.
    Quand elle a finit de cracher bile et sang, elle releve la tête pour prendre la mesure de la situation. S’il y’a de quoi être fascinée par le spectacle de deux dragons se battant dans les airs, elle ne voit que lui. Malek git au sol dans une mare de sang.

    Non.

    Non.

    Non.
    Bannor
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    Théa ou "Tigresse" Empty Flashback

    Message par Bannor Lun 15 Fév - 23:55


    Ce qui suit est une série de flashback, du plus ancien au plus récent.

    « Debout petite. »
    Cela fait plusieurs jours que Bannor a fait accepter dans la guilde celle qu’il avait surnommé Tigresse ainsi que Svetna. Théa avait fait comprendre au demi-orc qu’elle voulait qu’il l’entraine. Malek s’était fait un peu prié mais avant finalement cédé. Résiliante, Théa se relève sans cesse et se bat avec courage. Après tout, elle avait vu Malek mettre une dérouillée à Bannor et si elle voulait elle aussi battre ce vieil emmerdeur, elle doit apprendre du plus fort de la guilde.

    Théa se faufile dans l’expédition menée pour sauver Astride, une autre des braves qui l’avait soustraite aux esclavagistes. Au bout d’une journée, elle quitte sa cachette dans le chariot de Seckett pour aller soulager sa vessie aux bords de l’explosion. Cachée derrière un buisson, elle est surprise par le géant vert.
    « Oh non. » lâchent-ils en coeur.
    Et puis, Malek veut qu’elle soit ramèner à Poing-de-l’Empire mais il n’a pas gain de cause, au grand bonheur de Théa dont il n’allait pas se débarrasser comme ça.

    « Hum… Merci de me recevoir, Sénéchal. Je vous présente Théa, notre… hum… nouvelle recrue. »
    Pénélor se contente de sourire en regardant Malek et Théa puis lui rempli une carte d’aventurière de la guilde.

    Pendant que ses compagnons traverse, Théa reste un peu en retrait pour entretenir la grande naïade rousse. Jalouse de l’effet qu’elle a eu sur Malek, elle lui reproche son physique, sa perfection faite femme. La nymphe n’en a que faire. Ce n’est pas une halfelin enfermée dans un corps de fillette qu’elle veut garder près d’elle.

    Théa prie, encore et encore pour le retour d’Allon-Diel et Malek qui ont disparus depuis trop longtemps dans une forêt en flamme. Ses prières sont exaucés car ils réapparaissent enfin. Malek porte l’archer avec facilité. Une partie des vêtements du colosse fume encore, découvrant une musculature impressionnante rehaussée par une écharpe aux couleurs changeantes qui met en avant sa mâchoire carrée et son regard d’acier. En admirant aussi discrètement que possible ce héros plus grand que nature, Théa s’imagine elle aussi pareillement secourue. Franchement… Comment ne pas perdre la tête, serrée par des bras audacieux ?

    La désillusion est terrible. Lazilia vient de mourir, littéralement coupé en deux par un minotaure mue par la nécromancie la plus noire. Théa avait trahie Lazilia, Théa avait trahie  Malek. Il ne lui reste plus qu’à partir après un dernier adieu à la dépouille de Lazilia en ayant déposé près d’elle sa carte d’aventurière et la figurine en forme de tour sculptée par Zograt. Plus que la volonté de s’éloigner du volubile Seckett qui énumère sans discontinuer ses méfaits, Théa doit répondre à l’appel qu’elle avait reçu. Rien ni personne ne pourrait l’en dissuader. Personne ? Alors qu’elle part vers un lac qu’elle n’atteindra jamais, Malek revient vers elle et lui parle sans colère ni animosité pour qu’elle continue avec eux alors oui, elle continuera. Avec lui.

    Enfin un peu de chaleur au milieu de ce froid glacial. Ils ont fini par trouver, par inadvertance ou grâce aux dieux, une grotte sans doute liée au volcan que cherche Zograt. Yobar conseille à Théa de profiter du bassin d’eau chaude pour se ressourcer mais la paladine ne peut s’y résoudre. Elle craint de voir son reflet et découvrir ainsi l’horreur de son visage transformée. Théa reste un long moment dans les parages moins pour protéger le magicien que dans l’éventualité de voir le barbare faire monter la température ambiante en prenant un bain fumant. A défaut, Théa recueille Henri, le fidèle compagnon de Malek pour qu’il dorme dans ses bras. Elle le trouve terriblement adorable avec ses petites pattes minuscules, ses yeux ronds et ses aiguilles à peine piquante.
    Bannor
    Bannor


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    Théa ou "Tigresse" Empty Till death do us part

    Message par Bannor Mar 16 Fév - 0:01

    Le présent.

    Non.

    Non. Henri git lui aussi au coté du colosse. Théa secoue la tête mais non, ce n’est pas un mauvais rêve. Elle serre maintenant les dents si fort qu’elle pourra les casser.

    La victoire est proche mais à quel prix ? Il ne reste plus qu’un ennemi debout. Un ennemi immense certes mais qui finira vaincu, lacérée par les dagues de Seckett, la magie de Yobar, les défenses de Nago ou les efforts conjugués des frères archons gnolls.

    Là-bas ! Une géante tenant une arme ensanglantée s’éloigne. Non ! JAMAIS ! Théa, qui a  gardé la capacité de châtier le mal une dernière fois pour un baroud d’honneur,  contourne le premier géant pour rattraper la fuyarde. Celle-ci entend son désir ardent de vengeance et se retourne pour la frapper avec une violence inouïe.

    Théa sent sa vie s’échapper inexorablement. Elle tombe à terre quand la géante retire son arme de son ventre. Avant de mourir, la paladine sourit. Non pas parce que Valpaudden, l’épée bâtarde de Ragathiel, s’elève maintenant dans les airs pour combattre la géante mais parce qu’en portant un dernier regard vers l’homme qu’elle aime à son insu, elle voit dépasser de son sac déchiré sa propre carte d’aventurière et se souvient des mots d'un géant poète.

    Tout s’arrêtera quand tu déclameras ta flamme.

    Pour Malek, lâche-t-elle dans un dernier soupir. Pour la guilde.

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