Taliah Flamel - Alchimiste
alicebliss- Messages : 29
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- Message n°2
Taliah Flamel - Alchimiste
A Sarton, plongée dans ses ténèbres, vivait une créature déformée par la peur et la cruauté des hommes. La nature l’avait gâtée de deux excroissances qui pointaient en V vers le ciel et d’une longue queue pointue mais l’avait privée de l’amour d’une mère et de la protection d’un père. Elle avançait seule, dans une jungle bourrée de prédateurs, trébuchant à chaque pas.
Personne pour l’entendre pleurer.
Son esprit était embrumé par une épaisse fumée qui la faisait suffoquer. Elle voyait le monde en noir et blanc et les sons qui parvenaient à ses oreilles étaient étouffés, comme atténués par ses instincts.
Personne pour l’aider.
Elle avait appris à survivre en n’étant qu’une proie. Faire la morte pour que le chat se lasse de jouer. S’habituer à la douleur du cuir qui lasserre la peau, à la lame qui la caresse, aux mots qui font saigner l’âme. Contrôler ses tremblements continus, ses frissons d’alerte.
Personne pour l’entendre hurler.
Mais elle était là, espionnant chacun de ses gestes. Silencieuse. Savait-elle au moins parler ? Elle se cachait dans l’ombre, discrète. Et lui, faisait semblant de ne pas l’avoir vu.
Il étudiait, écrivait, lisait. Elle étudiait, observait, décodait.
Cela l’amusait. Cela l’intriguait.
Il l’apprivoisait.
Personne pour l’entendre pleurer.
Son esprit était embrumé par une épaisse fumée qui la faisait suffoquer. Elle voyait le monde en noir et blanc et les sons qui parvenaient à ses oreilles étaient étouffés, comme atténués par ses instincts.
Personne pour l’aider.
Elle avait appris à survivre en n’étant qu’une proie. Faire la morte pour que le chat se lasse de jouer. S’habituer à la douleur du cuir qui lasserre la peau, à la lame qui la caresse, aux mots qui font saigner l’âme. Contrôler ses tremblements continus, ses frissons d’alerte.
Personne pour l’entendre hurler.
Mais elle était là, espionnant chacun de ses gestes. Silencieuse. Savait-elle au moins parler ? Elle se cachait dans l’ombre, discrète. Et lui, faisait semblant de ne pas l’avoir vu.
Il étudiait, écrivait, lisait. Elle étudiait, observait, décodait.
Cela l’amusait. Cela l’intriguait.
Il l’apprivoisait.
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- Message n°3
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Les jours passèrent, dans cette petite ville à l’est de la capitale. Les bourgeons se sont éclos, les cigales chantaient le début de l’été. Mais alors que tous les enfants du foyer jouaient au ballon, la jeune fille préférait rester au calme. Elle se faufila sous le grillage du jardin et marcha jusqu’en bas de la ruelle. Les rires s’évaporaient peu à peu dans les airs.
La porte était ouverte, heureusement. Elle regarda la clochette en haut de la porte, et déglutit. Sans un bruit, elle se jeta vers les rayons de la bibliothèque, à sa gauche et observa l’homme derrière le comptoir. Il leva la tête en direction de l’entrée. Personne. Il remarqua cependant du coin de l’oeil une queue qui dépassait de sa planque. Un petit sourire à peine perceptible se dessina sur son visage. Il se gratta la gorge et reprit sa lecture. Elle était soulagée qu’il ne l’ait pas vu.
Au fond de l’allée était posée une assiette avec quelques gâteaux, et un verre de jus de pomme. La créature recula brusquement, apeurée. Pour qui était cette nourriture ? L’homme l’avait-elle repérée ? La nourriture était-elle empoisonnée ? Était-ce un piège pour se débarrasser d’un nuisible comme elle ? Son souffle était saccadé, ses yeux révulsés par la panique. Soudain, elle ferma les yeux et souffla doucement. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, ses tremblements avaient cessé. Ses yeux se posèrent sur cet homme. Cela fait au moins 2 mois que la jeune fille vient régulièrement se glisser dans son échoppe. S’il l’avait déjà repérée, elle aurait déjà reçu des coups. Mais peut-être était-il plus sadique que cela.
Lentement, la créature s’approcha de l’assiette. Elle sentit les gâteaux, puis le jus. Elle ne percevait que l’odeur du sucre. Lentement, elle s’éloigna, et prit un livre qui était posé par terre. La jeune fille fit glisser ses doigts sur la couverture en cuir afin de sentir tous les reliefs et aspérités du bouquin.
Elle lut à voix basse : “Le Parfum.”
Intriguée, elle l’ouvrit délicatement. Au foyer, il n’y avait pas de livre comme ceux d’ici. Aucune image, que des lettres, des mots et des phrases. Des descriptions détaillées d’un monde imaginaire, des personnages aux personnalités profondes. Un enfant différent, dont la nature lui avait donné des particularités anormales. Un enfant qui suffoque, lui aussi.
Des larmes coulaient sur ses joues. Des larmes qu’elle ne pouvait pas contrôler. Elle resta là pendant de longues minutes, assise sur le sol froid. Son âme hurlait de douleur, son cœur saignait mais son visage ne trahissait aucune émotion.
Sa transe s'interromprit lorsqu’une mouche se déposa sur un gâteau. Elle l’observa attentivement. L’insecte marchait sur le gâteau, se délectant du sucre sur ses pattes. Elle s’envola et se déposa sur le verre. La jeune fille attendit quelques minutes. La mouche, encore vivante, tournoyait dans la boutique.
Soudain, son ventre gargouilla et elle engloutit les gâteaux, en silence.
L’homme sourit.
La porte était ouverte, heureusement. Elle regarda la clochette en haut de la porte, et déglutit. Sans un bruit, elle se jeta vers les rayons de la bibliothèque, à sa gauche et observa l’homme derrière le comptoir. Il leva la tête en direction de l’entrée. Personne. Il remarqua cependant du coin de l’oeil une queue qui dépassait de sa planque. Un petit sourire à peine perceptible se dessina sur son visage. Il se gratta la gorge et reprit sa lecture. Elle était soulagée qu’il ne l’ait pas vu.
Au fond de l’allée était posée une assiette avec quelques gâteaux, et un verre de jus de pomme. La créature recula brusquement, apeurée. Pour qui était cette nourriture ? L’homme l’avait-elle repérée ? La nourriture était-elle empoisonnée ? Était-ce un piège pour se débarrasser d’un nuisible comme elle ? Son souffle était saccadé, ses yeux révulsés par la panique. Soudain, elle ferma les yeux et souffla doucement. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, ses tremblements avaient cessé. Ses yeux se posèrent sur cet homme. Cela fait au moins 2 mois que la jeune fille vient régulièrement se glisser dans son échoppe. S’il l’avait déjà repérée, elle aurait déjà reçu des coups. Mais peut-être était-il plus sadique que cela.
Lentement, la créature s’approcha de l’assiette. Elle sentit les gâteaux, puis le jus. Elle ne percevait que l’odeur du sucre. Lentement, elle s’éloigna, et prit un livre qui était posé par terre. La jeune fille fit glisser ses doigts sur la couverture en cuir afin de sentir tous les reliefs et aspérités du bouquin.
Elle lut à voix basse : “Le Parfum.”
Intriguée, elle l’ouvrit délicatement. Au foyer, il n’y avait pas de livre comme ceux d’ici. Aucune image, que des lettres, des mots et des phrases. Des descriptions détaillées d’un monde imaginaire, des personnages aux personnalités profondes. Un enfant différent, dont la nature lui avait donné des particularités anormales. Un enfant qui suffoque, lui aussi.
Des larmes coulaient sur ses joues. Des larmes qu’elle ne pouvait pas contrôler. Elle resta là pendant de longues minutes, assise sur le sol froid. Son âme hurlait de douleur, son cœur saignait mais son visage ne trahissait aucune émotion.
Sa transe s'interromprit lorsqu’une mouche se déposa sur un gâteau. Elle l’observa attentivement. L’insecte marchait sur le gâteau, se délectant du sucre sur ses pattes. Elle s’envola et se déposa sur le verre. La jeune fille attendit quelques minutes. La mouche, encore vivante, tournoyait dans la boutique.
Soudain, son ventre gargouilla et elle engloutit les gâteaux, en silence.
L’homme sourit.
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- Message n°4
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Nous étions tous deux en train de s'observer, de se familiariser l’un l’autre à distance. Je me sentais à la place d’un zoologue qui patientait seul, immobile, que la créature sauvage s’habitue à sa présence. Elle avait peur, c’était une évidence. Mais elle était presque aussi endurante que moi. Elle était intelligente et pleine de ruse, ce qui est rare pour les mômes de son âge. Elle a utilisé des ressources qu’elle n’avait pas. Exploiter l’environnement à ses fins. Ce qui est plus encore étonnant, c’est la raison qui l’a poussé à se méfier de mes gâteaux. Ils n’étaient peut-être pas très bons, mais en général les enfants les aimaient.
D’ailleurs quel âge avait-elle ? Elle était mince, voire même maigre. Peut-être ne mangeait-elle pas assez, par conséquent elle devait être moins grande que les autres filles du même âge. Elle devait avoir six ans, sept ans au maximum. Elle était cependant plus mature et plus fine que n’importe quel gamin que j’ai connu, ce qui me faisait penser qu’elle ne devait compter que sur elle-même. Oui, j’avais vu juste à son sujet. Elle avait l’air d’avoir apprécié la lecture que je lui avais proposé.
Un rituel s’était peu à peu instauré et s’était complexifié. Elle choisissait la période la moins fréquentée par mes clients pour s'immiscer dans la boutique. Bien sûr, je tâchais à ce que la porte fût bien ouverte, pour qu’elle ne se fit pas remarquer. Elle se cachait toujours dans la même allée, pas très malin. Mais cela me permettait de lui préparer son assiette de gâteaux. Elle a d’ailleurs fini par les manger sans s’en méfier. Aussi, je lui préparais toujours deux bouquins à sa disposition. Elle lisait de plus en plus rapidement, et chercherait bientôt ses propres livres.
Vint le jour où, d’elle même, elle s’était approchée, lentement. J’étais abasourdi par le courage qu’elle a dû user. Elle portait une robe noire avec une collerette en dentelle blanche. Elle avait dû faire des efforts vestimentaires, car c’était de loin le vêtement le moins abîmé de sa garde robe. Ses cheveux étaient moins sales et peignés. Mais elle était couverte de bleus et de petites égratignures. Je fis mine de ne pas les avoir remarqués. Sa queue longeait le sol, presque inerte. Elle ne quittait pas les yeux du sol.
J’avais peur de la faire fuir si je parlais ou que je bougeais trop rapidement. Je restai donc immobile, comme pour devenir invisible. Puis, réalisant que c’était absurde, j’ai balbutié, avec mon plus chaleureux des sourires :
“Eh bien, bienvenue dans ma boutique d’alchimie, petite.”
Elle s’arrêta net et grimaça, comme si elle s’attendait à se faire battre. Pauvre petite créature.
“N’aie pas peur, fillette, repris-je. Ici tu es en sécurité, n’est-ce pas ? Veux-tu encore de mes gâteaux ?”
La jeune fille ouvrit les yeux. Elle avait des yeux magnifiques, on aurait dit deux braseros. Son regard se posa sur le mien. Tout était calme. Nous nous connaissions déjà.
“Je m’appelle Joseph Flamel, et toi, comment t’appelles-tu, demandais-je.”
La créature ouvrit la bouche, mais rien n’en sortit. Elle savait pourtant bien lire, cela me paraissait aberrant qu’elle ne sache pas parler. Après quelques minutes, elle chuchota ces quelques mots :
“ T-Taliah. J-je suis désolée de vous déranger, je voulais relire Le Parfum encore une fois.”
Je souris. Il était sur mon bureau et l’attendait.
“Tiens, il est à toi, je te l’offre. Prends-en bien soin.”
Ses yeux s’illuminèrent, mais son visage resta neutre. Je savais pourtant que cela lui faisait plaisir ; ses yeux parlaient d’eux-mêmes.
D’ailleurs quel âge avait-elle ? Elle était mince, voire même maigre. Peut-être ne mangeait-elle pas assez, par conséquent elle devait être moins grande que les autres filles du même âge. Elle devait avoir six ans, sept ans au maximum. Elle était cependant plus mature et plus fine que n’importe quel gamin que j’ai connu, ce qui me faisait penser qu’elle ne devait compter que sur elle-même. Oui, j’avais vu juste à son sujet. Elle avait l’air d’avoir apprécié la lecture que je lui avais proposé.
Un rituel s’était peu à peu instauré et s’était complexifié. Elle choisissait la période la moins fréquentée par mes clients pour s'immiscer dans la boutique. Bien sûr, je tâchais à ce que la porte fût bien ouverte, pour qu’elle ne se fit pas remarquer. Elle se cachait toujours dans la même allée, pas très malin. Mais cela me permettait de lui préparer son assiette de gâteaux. Elle a d’ailleurs fini par les manger sans s’en méfier. Aussi, je lui préparais toujours deux bouquins à sa disposition. Elle lisait de plus en plus rapidement, et chercherait bientôt ses propres livres.
Vint le jour où, d’elle même, elle s’était approchée, lentement. J’étais abasourdi par le courage qu’elle a dû user. Elle portait une robe noire avec une collerette en dentelle blanche. Elle avait dû faire des efforts vestimentaires, car c’était de loin le vêtement le moins abîmé de sa garde robe. Ses cheveux étaient moins sales et peignés. Mais elle était couverte de bleus et de petites égratignures. Je fis mine de ne pas les avoir remarqués. Sa queue longeait le sol, presque inerte. Elle ne quittait pas les yeux du sol.
J’avais peur de la faire fuir si je parlais ou que je bougeais trop rapidement. Je restai donc immobile, comme pour devenir invisible. Puis, réalisant que c’était absurde, j’ai balbutié, avec mon plus chaleureux des sourires :
“Eh bien, bienvenue dans ma boutique d’alchimie, petite.”
Elle s’arrêta net et grimaça, comme si elle s’attendait à se faire battre. Pauvre petite créature.
“N’aie pas peur, fillette, repris-je. Ici tu es en sécurité, n’est-ce pas ? Veux-tu encore de mes gâteaux ?”
La jeune fille ouvrit les yeux. Elle avait des yeux magnifiques, on aurait dit deux braseros. Son regard se posa sur le mien. Tout était calme. Nous nous connaissions déjà.
“Je m’appelle Joseph Flamel, et toi, comment t’appelles-tu, demandais-je.”
La créature ouvrit la bouche, mais rien n’en sortit. Elle savait pourtant bien lire, cela me paraissait aberrant qu’elle ne sache pas parler. Après quelques minutes, elle chuchota ces quelques mots :
“ T-Taliah. J-je suis désolée de vous déranger, je voulais relire Le Parfum encore une fois.”
Je souris. Il était sur mon bureau et l’attendait.
“Tiens, il est à toi, je te l’offre. Prends-en bien soin.”
Ses yeux s’illuminèrent, mais son visage resta neutre. Je savais pourtant que cela lui faisait plaisir ; ses yeux parlaient d’eux-mêmes.
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- Message n°5
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Cela faisait au moins deux semaines qu’elle ne venait plus. Avait-elle eu ce qu’elle voulait ? Avait-elle trop peur de revenir ? Lui était-il arrivé quelque chose ? Pour une raison qui lui échappait, cette petite fille l’attendrissait. Il faut le dire, il n’avait jamais aimé les gosses. Mais elle était différente. Sarton était une ville peu connue, mais était tristement célèbre pour y abriter une créature maudite. Cette bande de payards faisait vivre un enfer à cette petite, sous prétexte que sa mère avait couché avec un diable. C’était Elle qu’il fallait blâmer, pour avoir laissé pour morte sa propre fille à cause de son physique. C’était Elle qui en était l’origine. C’était Elle qui devrait être maudite, pas elle.
La porte était assez entrouverte pour qu’elle s’y introduise sans que la cloche ne tinte. Il tourna instinctivement la tête, et la vit. Elle portait la même robe que la dernière fois. Sa collerette était déchirée mais elle avait essayé de la recoudre d’elle-même. La jeune fille s’avança jusqu’à lui, d’un pas lugubre, les yeux rivés au sol. Elle avait des ecchymoses sur les bras.
Il balbutia quelques mots à demie-voix :
“Eh bien, tu en fais, une tête. Que t’arrive-t-il ?”
Elle leva la tête et posa ses yeux dans les siens. Il eut un frisson. Son regard touchait son âme. Il la comprenait en un instant, comme s’il pouvait lire dans ses pensées.
Elle lui tendit un livre avec une reliure en cuir, dont il manquait les pages. D’une voix presque inaudible elle répondit :
“J-j’en ai pas pris soin. D-désolée.”
Elle attendait sa peine, le visage crispé par la peur. Elle ne tremblait pas.
Après un court instant, il lui montra une chaise.
“Assis toi. Ecoute, je sais que tu mens. Je le sais parce que tous les livres que je t’ai prêté sont intacts. Tu en as pris soin. Tu peux me dire ce qu’il s’est passé, je ne te punirai pas.”
Je ne te punirai pas. Ses mots résonnaient dans la tête de la créature. Etait-ce une ruse pour la faire parler ? Pourquoi serait-il aussi gentil avec un insecte comme elle ? Jamais personne était bon sans rien attendre d’elle. Mais les arguments qu’il avance sont tous vrai. Serait-ce alors possible que, pour une fois dans sa vie, une personne soit foncièrement gentille avec une vermine ?
La tiefline inspira.
“Ils n’ont pas aimé que je revienne avec un si beau livre. Ils ont arraché les pages une à une, devant moi. Et je n’ai rien fait. J’ai regardé sans broncher.”
Un lourd silence s’installa. Elle était calme, son expression était le plus neutre possible. Mais qu’avait-elle en tête, bon sang ? Il se leva doucement en soupirant et traîna les pieds jusqu’à son étude. La pièce était sombre, mais des rayons de soleil parvenaient à percer les rideaux de la fenêtre. Il en sortit avec un vieux livre poussiéreux et un sourire de satisfaction aux lèvres.
“Celui-ci est une vieille édition, que je ne prête pas même à mes vieux clients. Mais si tu le veux, lorsque tu viendras, tu pourras le lire dans la pièce, à côté. C’est quand même mieux qu’assise parterre, non, demanda-t-il avec un sourire complice.”
Il déposa ses lunettes et lui tendit la main en guise d’accord. Elle cligna plusieurs fois des yeux, comme si elle ne comprenait pas un mot de ce qu’il racontait. Elle prit le temps de l’observer de plus près, comme pour gagner du temps. Il n’était pas jeune. Il avait quelques rides, des traits marqués par le temps, mais elle n’arrivait pas à lui donner un âge précis. Ses cheveux d’un blanc immaculé n’étaient pas très peignés, et lui chatouillaient la nuque. Sa barbe quant à elle, était bien taillée. De sa coiffure dépassait une paire d’oreilles à peine pointues.
Taliah regarda sa main et après un temps d’hésitation, la lui serra.
La porte était assez entrouverte pour qu’elle s’y introduise sans que la cloche ne tinte. Il tourna instinctivement la tête, et la vit. Elle portait la même robe que la dernière fois. Sa collerette était déchirée mais elle avait essayé de la recoudre d’elle-même. La jeune fille s’avança jusqu’à lui, d’un pas lugubre, les yeux rivés au sol. Elle avait des ecchymoses sur les bras.
Il balbutia quelques mots à demie-voix :
“Eh bien, tu en fais, une tête. Que t’arrive-t-il ?”
Elle leva la tête et posa ses yeux dans les siens. Il eut un frisson. Son regard touchait son âme. Il la comprenait en un instant, comme s’il pouvait lire dans ses pensées.
Elle lui tendit un livre avec une reliure en cuir, dont il manquait les pages. D’une voix presque inaudible elle répondit :
“J-j’en ai pas pris soin. D-désolée.”
Elle attendait sa peine, le visage crispé par la peur. Elle ne tremblait pas.
Après un court instant, il lui montra une chaise.
“Assis toi. Ecoute, je sais que tu mens. Je le sais parce que tous les livres que je t’ai prêté sont intacts. Tu en as pris soin. Tu peux me dire ce qu’il s’est passé, je ne te punirai pas.”
Je ne te punirai pas. Ses mots résonnaient dans la tête de la créature. Etait-ce une ruse pour la faire parler ? Pourquoi serait-il aussi gentil avec un insecte comme elle ? Jamais personne était bon sans rien attendre d’elle. Mais les arguments qu’il avance sont tous vrai. Serait-ce alors possible que, pour une fois dans sa vie, une personne soit foncièrement gentille avec une vermine ?
La tiefline inspira.
“Ils n’ont pas aimé que je revienne avec un si beau livre. Ils ont arraché les pages une à une, devant moi. Et je n’ai rien fait. J’ai regardé sans broncher.”
Un lourd silence s’installa. Elle était calme, son expression était le plus neutre possible. Mais qu’avait-elle en tête, bon sang ? Il se leva doucement en soupirant et traîna les pieds jusqu’à son étude. La pièce était sombre, mais des rayons de soleil parvenaient à percer les rideaux de la fenêtre. Il en sortit avec un vieux livre poussiéreux et un sourire de satisfaction aux lèvres.
“Celui-ci est une vieille édition, que je ne prête pas même à mes vieux clients. Mais si tu le veux, lorsque tu viendras, tu pourras le lire dans la pièce, à côté. C’est quand même mieux qu’assise parterre, non, demanda-t-il avec un sourire complice.”
Il déposa ses lunettes et lui tendit la main en guise d’accord. Elle cligna plusieurs fois des yeux, comme si elle ne comprenait pas un mot de ce qu’il racontait. Elle prit le temps de l’observer de plus près, comme pour gagner du temps. Il n’était pas jeune. Il avait quelques rides, des traits marqués par le temps, mais elle n’arrivait pas à lui donner un âge précis. Ses cheveux d’un blanc immaculé n’étaient pas très peignés, et lui chatouillaient la nuque. Sa barbe quant à elle, était bien taillée. De sa coiffure dépassait une paire d’oreilles à peine pointues.
Taliah regarda sa main et après un temps d’hésitation, la lui serra.
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- Message n°6
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Dehors, une pluie de flocons s’abattait, au ralenti. Sarton avait vêtu son manteau blanc. Il y régnait une ambiance calme et paisible, comme si le temps s’était arrêté. Le vent soufflait et faisait danser les flocons en harmonie avec son chant. Les crépitements des braises du feu de cheminée donnait le rythme à leurs journées. Au foyer, elle serait en train de s’occuper à couper du bois pour entretenir le feu.
“Taliah, tout va bien, demanda Joseph.”
Elle décrocha son regard de la fenêtre de l’étude et secoua la tête pour chasser le foyer de ses pensées.
“O-oui, je… je me disais qu’il devait faire froid dehors.”
Elle regarda longuement l’alchimiste, comme pour chercher une réponse à une question qu’elle n’avait jamais posée. Mais il était trop occupé à concocter des potions. Il grommela des mots mélodieux sur un ton agacé, que la jeune fille ne comprenait pas puis tourna légèrement la tête vers elle.
“Ah, s’il pouvait me pousser un troisième bras, je serais le plus heureux des hommes ! Taliah, pourrais-tu me donner des fleurs d’orties, des feuilles de camomille et un extrait de concentré de sang de dragon s’il-te-plait ?”
Les extraits et plantes étaient alignés sur des étagères en face du bureau de l’alchimiste. Ils étaient triés dans un ordre très précis. Taliah parcourut rapidement le rangement et prit aussitôt deux bocaux de plantes séchées. Puis, avec sa queue, elle vint attraper une bouteille transparente remplie d’un liquide pâteux brunâtre.
“Les fleurs se trouvent dans le quatrième bocal, précise-t-il. La camomille dans le deuxième -ne confond pas avec la bergamote. Quant au troisième…”
Lorsqu’il tourna la tête, il se tut, ébahi. En plus d’avoir été incroyablement rapide, elle ne s’était pas trompé d’extraits. Joseph regarda Taliah et ses yeux se posèrent sur le bout de sa queue. La fillette déposa hâtivement la bouteille et recula d’un pas, la queue traînant au sol. Elle devait regretter et à présent, elle était terrorisée par la réaction que l’alchimiste pourrait avoir.
“Allons, ne fais pas cette tête, tu as une queue bien habile, autant l’utiliser. Je suis jaloux de ne pas en avoir une, elle m’aurait bien facilité la vie !”
Joseph plissa les yeux et esquissa un sourire d’admiration. Comment avait-elle su différencier tous ces extraits en si peu de temps ? Il y en avait plus de soixante rien que dans ton étude. Pour lui, cela lui a pris environs six mois pour tous les mémoriser. Cette fille ne cessera pas de l’étonner.
Il se leva, et s’absenta quelques minutes. Il ramena deux tasses chaudes. Du thé ? La jeune fille huma le parfum qui s’en dégageait. Une douce odeur de noisette lui chatouillait les narines. L’odeur de noisette était accompagnée d’une odeur qu’elle n’avait jamais rencontrée avant.
“C’est du chocolat chaud, la boisson des hivers rudes. Goûte, je t’en prie, lui conseilla Joseph.”
Elle prit une gorgée. Ses yeux trahissaient une certaine surprise. C’était la meilleure boisson qu’elle ait bu jusqu’à présent.
Mais pourquoi était-elle récompensée pour avoir utilisé sa queue de démon ? Pourquoi l’enviait-elle ? Ces membres ont toujours été des attributs maudits.
“Tu es une fille précoce, Taliah, sois-en fière.”
La jeune fille le regardait simplement, perdue. Elle sirota lentement sa boisson en regardant son appendice.
L’alchimiste rit de bon coeur.
Taliah esquissa un sourire.
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- Message n°7
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Pendant ce moment d'accalmie, alors que la pluie, la neige et le vent firent place au soleil, la graine commençait à germer. Une fine tige se fraya un chemin dans la terre, attiré par les rayons. Elle n’était pas bien grande, assez fragile, mais se renforçait bientôt. Une feuille miniature poussait sur un côté et au sommet, un petit bourgeon faisait fléchir la plante. Elle avait germé près d’un grand chêne, qui la protégeait des intempéries.
Mais un jour, le chêne s’est consumé. Et la jeune pousse se retrouva seule, sans défense face au vent et à la pluie.
Encore.
Mais un jour, le chêne s’est consumé. Et la jeune pousse se retrouva seule, sans défense face au vent et à la pluie.
Encore.
alicebliss- Messages : 29
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- Message n°8
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Taliah fut brutalement tirée d’un sommeil brut et sans rêve par la surveillante du foyer. Elle secouait une cloche à quelques dizaines de centimètres de sa tête. Le bruit de tintement lui vrillait les tympans. Elle finirait sans doute sourde à force, pensa-t-elle. Mais elle ne se plaignit pas.
“ Aller, lève toi feignasse, y a du boulot qui t’attend, lui souffla-t-elle.”
La jeune fille s’assit sur son lit et regarda la femme repartir satisfaite de l’avoir emmerdée de si bon matin. Elle resta quelques minutes sans bouger, l’esprit perdu. Sa chambre n’était pas plus grande qu’une geôle. Une fenêtre, un lit, un coffre, des toilettes et un évier. La seule différence était la porte, qui n’était pas verrouillée.
Puis, doucement, elle s’extirpa de son lit et traîna les pieds jusqu’au lavabo. La fillette se passa de l’eau sur le visage et grimaça de douleur. Elle se regarda dans le miroir. Une plaie purulente entaillait son visage. Une larme coula sur sa joue atrophiée.
C’était la punition qu’elle avait méritée pour avoir eu quelques belles années . Après tout, les vermines n’avaient le droit que de survivre et d’espérer une longue vie. Une longue vie. A quoi bon, si c’était une vie de souffrance ?
Taliah prit une grande inspiration, prit un bout de savon et se frotta la plaie. Elle serra les dents pour ne pas gémir, et rinça la plaie à l’eau froide. Puis elle sortit une poudre verdâtre et combla la plaie avec. C’était un mélange de plantes connues pour leurs propriétés désinfectantes. Cela n’était pas très esthétique mais cela permettait au moins à la plaie de cicatriser. La tiefline espérait que sa blessure donnerait une cicatrice lisse et pas trop visible, mais elle en doutait.
Un enfant maudit âgé de quelques jours, laissé à la porte de l’orphelinat alors que personne ne le désirait, avait par miracle survécu. Quelle ironie.
La jeune fille s’habilla et commença ses corvées de la journée pendant que le reste du foyer prenait le petit déjeuner.
“ Aller, lève toi feignasse, y a du boulot qui t’attend, lui souffla-t-elle.”
La jeune fille s’assit sur son lit et regarda la femme repartir satisfaite de l’avoir emmerdée de si bon matin. Elle resta quelques minutes sans bouger, l’esprit perdu. Sa chambre n’était pas plus grande qu’une geôle. Une fenêtre, un lit, un coffre, des toilettes et un évier. La seule différence était la porte, qui n’était pas verrouillée.
Puis, doucement, elle s’extirpa de son lit et traîna les pieds jusqu’au lavabo. La fillette se passa de l’eau sur le visage et grimaça de douleur. Elle se regarda dans le miroir. Une plaie purulente entaillait son visage. Une larme coula sur sa joue atrophiée.
C’était la punition qu’elle avait méritée pour avoir eu quelques belles années . Après tout, les vermines n’avaient le droit que de survivre et d’espérer une longue vie. Une longue vie. A quoi bon, si c’était une vie de souffrance ?
Taliah prit une grande inspiration, prit un bout de savon et se frotta la plaie. Elle serra les dents pour ne pas gémir, et rinça la plaie à l’eau froide. Puis elle sortit une poudre verdâtre et combla la plaie avec. C’était un mélange de plantes connues pour leurs propriétés désinfectantes. Cela n’était pas très esthétique mais cela permettait au moins à la plaie de cicatriser. La tiefline espérait que sa blessure donnerait une cicatrice lisse et pas trop visible, mais elle en doutait.
Un enfant maudit âgé de quelques jours, laissé à la porte de l’orphelinat alors que personne ne le désirait, avait par miracle survécu. Quelle ironie.
La jeune fille s’habilla et commença ses corvées de la journée pendant que le reste du foyer prenait le petit déjeuner.
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- Message n°9
Une bonne fille est une fille bien dressée
Le temps lui paraissait si long, semblait s’étirer dans cette pièce froide. La lanterne, posée sur sa table de chevet éclairait la chambre d’une pâle lueur. Les ombres, longues et sinueuses, dansaient un macabre ballet.
Debout, les mains appuyées sur le mur, elle rêvassait. Son visage était comme figé par de la glace invisible mais les flammes dans ses yeux étaient noyées par un raz-de-marée de tristesse et de nostalgie. Un violent torrent qui balayait et détruisait inlassablement tout espoir naissant. Elle couperait encore du bois dans la neige cet hivers.
Des perles tombèrent de ses yeux et rejoignirent les éclats de rubis à terre.
Elle sentait ses jambes flageoler, trembler. Mais elle n’avait pas mal.
Le serpent cessa de siffler et un silence s’installa. Ses oreilles bourdonnaient et sa tête lui tournait mais elle tenait encore debout. Elle avait presque oublié ce que cela faisait, d’être une souris chassée par un chat affamé.
“Tu devrais nous remercier tous les jours, de t’avoir recueillie, nourrie et soignée tes blessures, lui crachait-elle, le visage tordu de dégoût. Les monstres comme toi n’ont aucune espérance de vie ici.”
Elle s’assit sur une chaise, les yeux flou. La jeune fille semblait perdue dans un autre plan. Les mots résonnaient, ricochaient à ses oreilles comme les échos du passé.
Pourquoi ne l’avait-elle pas puni cette fois-là ?
“Je te remercie de t’occuper si bien de moi, Margaret, dit-elle machinalement.”
La surveillante tamponnait brutalement les blessures sur son dos avec du coton imbibé d’alcool.
Blessures fraîches, sang encore chaud. Sa collection s'agrandissait.
“Tu n’es qu’une plaie pour notre société, une incapable, commença-t-elle.”
“Une vermine, un nuisible. J’en suis désolée, renchérit-elle.”
Un rictus se dessinait sur le visage de la grosse femme, satisfaite, tandis que la jeune fille récitait ces paroles comme une poésie qu’elle connaissait depuis son enfance.
Pourquoi ne la considérait-Il pas comme ce qu’elle était vraiment ?
“Et n’oublie pas : obéis nous, car tu n’es rien sans nous. Nous tolérons ta piètre existence, exprime donc ta gratitude ainsi.”
Margaret avait raison. Il l’avait bercée d’illusions. Elle n’était plus rien à présent et ne serait plus rien à jamais.
“Je ne vaux rien, répéta-t-elle.”
La femme sourit, lui frappa doucement le dos en se levant. La créature ne réagit pas.
“Bien, tu es une bonne fille.”
Margaret sortit, lanterne en main, et referma la porte. Elle était seule, dans le noir complet.
Une bonne fille.
Y avait-il de quoi en être fier ?
Une larme coula sur sa joue et s'immisça dans les berges de sa plaie à la joue. Elle avait mal. Sa douleur déchirait son âme comme du papier.
La bouture était givrée, brûlée par le froid glacial. Le blizzard finit par faire tomber le bourgeon gelé. C’était l’hivers le plus rude qu’elle avait jamais connu et elle avait soif.
Debout, les mains appuyées sur le mur, elle rêvassait. Son visage était comme figé par de la glace invisible mais les flammes dans ses yeux étaient noyées par un raz-de-marée de tristesse et de nostalgie. Un violent torrent qui balayait et détruisait inlassablement tout espoir naissant. Elle couperait encore du bois dans la neige cet hivers.
Des perles tombèrent de ses yeux et rejoignirent les éclats de rubis à terre.
Elle sentait ses jambes flageoler, trembler. Mais elle n’avait pas mal.
Le serpent cessa de siffler et un silence s’installa. Ses oreilles bourdonnaient et sa tête lui tournait mais elle tenait encore debout. Elle avait presque oublié ce que cela faisait, d’être une souris chassée par un chat affamé.
“Tu devrais nous remercier tous les jours, de t’avoir recueillie, nourrie et soignée tes blessures, lui crachait-elle, le visage tordu de dégoût. Les monstres comme toi n’ont aucune espérance de vie ici.”
Elle s’assit sur une chaise, les yeux flou. La jeune fille semblait perdue dans un autre plan. Les mots résonnaient, ricochaient à ses oreilles comme les échos du passé.
Pourquoi ne l’avait-elle pas puni cette fois-là ?
“Je te remercie de t’occuper si bien de moi, Margaret, dit-elle machinalement.”
La surveillante tamponnait brutalement les blessures sur son dos avec du coton imbibé d’alcool.
Blessures fraîches, sang encore chaud. Sa collection s'agrandissait.
“Tu n’es qu’une plaie pour notre société, une incapable, commença-t-elle.”
“Une vermine, un nuisible. J’en suis désolée, renchérit-elle.”
Un rictus se dessinait sur le visage de la grosse femme, satisfaite, tandis que la jeune fille récitait ces paroles comme une poésie qu’elle connaissait depuis son enfance.
Pourquoi ne la considérait-Il pas comme ce qu’elle était vraiment ?
“Et n’oublie pas : obéis nous, car tu n’es rien sans nous. Nous tolérons ta piètre existence, exprime donc ta gratitude ainsi.”
Margaret avait raison. Il l’avait bercée d’illusions. Elle n’était plus rien à présent et ne serait plus rien à jamais.
“Je ne vaux rien, répéta-t-elle.”
La femme sourit, lui frappa doucement le dos en se levant. La créature ne réagit pas.
“Bien, tu es une bonne fille.”
Margaret sortit, lanterne en main, et referma la porte. Elle était seule, dans le noir complet.
Une bonne fille.
Y avait-il de quoi en être fier ?
Une larme coula sur sa joue et s'immisça dans les berges de sa plaie à la joue. Elle avait mal. Sa douleur déchirait son âme comme du papier.
La bouture était givrée, brûlée par le froid glacial. Le blizzard finit par faire tomber le bourgeon gelé. C’était l’hivers le plus rude qu’elle avait jamais connu et elle avait soif.
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- Message n°10
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Le soleil peinait à réchauffer les quelques âmes qui se promenaient en cette mâtiné de Mars. Ils empruntaient le chemin qu’elle avait trop souvent pris fut un temps. La jeune fille semblait ralentie, ses jambes étaient lourdes. Comme si elle traînait deux poids attachés à ses chevilles. Quelle était cette sensation désagréable ?
Ils s’arrêtèrent tous les trois devant la boutique d’alchimie. La tiefline regarda la devanture, les yeux humides. Pourquoi cette impression de vide immense persistait-elle ?
Le foyer n’allait certainement pas lui manquer. Quant à Margaret …
Le bruit de la clochette la rappela rapidement à la réalité. Devanna avait ouvert la porte. Une petite affiche était placardée sur la vitre.
La boutique avait totalement été rénovée. Les nouveaux propriétaires avaient troqué les vieilles bibliothèques de livres en tout genre pour de grandes vitrines de potions et d’objets magiques. La femme affubla l’enfant d’un regard sévère.
“Jeune fille, je te présente ton nouveau chez-toi. Tu travailleras pour nous, et nous t’offrirons nourriture et foyer. Bienvenue dans la vie active.”
Taliah hocha la tête et passa le pas de la porte. Elle tourna machinalement la tête à gauche. Ce ne pouvait pas être pire que le foyer et elle ferait ce que Joseph lui avait enseigné. Elle y prendrait du plaisir.
Mais alors pourquoi était-elle si triste ?
“Ce ne sera pas facile, ajouta Mathieu avec un sourire chaleureux, mais nous serons là pour toi.”
La rouquine pointa l’étude au fond de la pièce.
“Voici ta chambre. Elle n’est pas bien grande mais elle sera suffisante pour toi. Cette pièce te servira aussi d’atelier. Alors tu devras faire en sorte qu’elle soit toujours bien rangée.”
La jeune fille posa doucement son sac sur son lit. Elle qui avait passé tant de temps dans cette pièce autrefois, ne la reconnaissait pas. Ils avaient gardé les étagères et la bibliothèque mais l’avaient investie comme lieu de stockage d’objets magiques. Des piles de dizaines de livres étaient entassées çà et là. Le bureau était à présent sous la fenêtre, un crâne étrange posé en guise de décoration. Un ruisseau coulait de ses yeux.
“Eh bien, Tamiya, qu’as-tu donc, demanda Devanna sur un ton sec.”
La fillette essuya ses larmes mais d’autres vinrent bientôt. Son souffle était saccadé, elle n’arrivait pas à faire taire ses émotions.
“Rien, bredouilla-t-elle. C’est juste que je n’ai jamais eu de pièce qui m’était dédiée.”
C’était faux. Cette pièce à toujours été la sienne. Son repère. Son refuge. Elle devrait être heureuse d’être ici, dans son ancienne étude.
Mais alors pourquoi hurlait-elle en silence ?
Ils s’arrêtèrent tous les trois devant la boutique d’alchimie. La tiefline regarda la devanture, les yeux humides. Pourquoi cette impression de vide immense persistait-elle ?
Le foyer n’allait certainement pas lui manquer. Quant à Margaret …
Margaret vint lui rendre visite la veille au soir. C’était rare que la jeune fille ait une visite aussi tardive, et cela ne présageait généralement rien de bon. Mais cette soirée là, Taliah vit une Margaret qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Les blêmes flammes de sa lanterne n'éclairent qu’une moitié de son visage et rendaient son expression plus lugubre. La surveillante attendit quelques instants sur le seuil. La porte s’ouvrait lentement. Les gonds grinçaient effroyablement jusqu’à ce que la porte claque contre le mur. Elle semblait perdue. Etait-elle en train de rêver les yeux ouverts ?
Elle avança, posa sa lanterne et referma la porte doucement. La jeune fille s’étant couchée il y a peu, elle fit mine de dormir. Mais Margaret s’assit sur une chaise, à côté du lit. D’une main peu confiante, elle caressa le bras de la jeune fille.
“Mais qu’est-ce que je fais moi, marmonna-t-elle en secouant la tête.”
Elle secoua plus violemment la fillette. Taliah simula son réveil du mieux qu’elle put et posa ses yeux dans les siens. La jeune fille essayait de comprendre ce qu’elle avait fait de mal. La femme cherchait les mots justes puis brisa le silence qui n’avait que trop duré :
“Demain, un couple viendra te chercher. Ils t’accueilleront chez eux en échange de ta main d’oeuvre. Le vieux Flamel nous avait parlé de tes … talents d’alchimie. J’ignorais qu’il disait vrai.”
Taliah se redressa et se frotta les yeux. Lui mentait-elle ? Etait-ce une ruse pour lui faire du mal ?
“Tu es laide et difforme, continua Margaret, le visage tordu de dégoût. Tu n’as apporté que malheur et désespoir à ceux qui t'approchaient. Tu ne sais pas aligner deux mots sans bégayer, tu es maladroite et sotte. Mais ... ”
La jeune fille tendait l’oreille. Le son de sa voix était une octave plus aiguë qu’à l’habitude. Son timbre était fragile, frêle comme les pattes d’un agneau ou d’une biche. Comme si sa gorge était serrée. Serait-elle triste qu’un rat s'enfuit ?
“Mais peut-être ne t’avais-je pas assez connu, avoua-t-elle. Le vieux Flamel ne mentait jamais. Il a voulu te prendre sous son aile, et ta malédiction a frappé une nouvelle fois.”
Le regard de Margaret s’assombrit un instant. Elle n’eut pourtant pas cet élan destructeur d’ordinaire. Taliah baissa la tête afin de dissimuler sa peine. Elle écoutait cependant d’une oreille attentive. Pourquoi Margaret venait-elle lui raconter tout ceci ?
“Si des gens sont assez stupides pour te côtoyer malgré ton aura maudite, alors tu auras peut-être une chance de t’en sortir, ici.”
Margaret se tut, baissa la tête et renifla. Elle resta muette quelques minutes, la tête penchée. Voulait-elle dire autre chose ? Elle finit par se lever, les mains appuyées sur ses genoux. Elle prit sa lanterne et s’en alla. La flamme dansait au gré de ses pas. Puis, elle s’arrêta à nouveau au seuil de sa porte.
“Et si par hasard, tu te retrouves à nouveau à la rue, dit-elle d’une voix tremblante, pars et ne reviens plus jamais. Le foyer ne t’accueillera plus. Cette ville n’a plus rien à t’offrir.”
Sa voix se mua en des chuchotements à peine audibles.
“Tu n’es peut-être pas une nuisible après tout.”
Le bruit de la clochette la rappela rapidement à la réalité. Devanna avait ouvert la porte. Une petite affiche était placardée sur la vitre.
Bienvenue à la boutique d’alchimie de Devanna et Mathieu Venrol
Nouveaux propriétaires
Nouveaux propriétaires
La boutique avait totalement été rénovée. Les nouveaux propriétaires avaient troqué les vieilles bibliothèques de livres en tout genre pour de grandes vitrines de potions et d’objets magiques. La femme affubla l’enfant d’un regard sévère.
“Jeune fille, je te présente ton nouveau chez-toi. Tu travailleras pour nous, et nous t’offrirons nourriture et foyer. Bienvenue dans la vie active.”
Taliah hocha la tête et passa le pas de la porte. Elle tourna machinalement la tête à gauche. Ce ne pouvait pas être pire que le foyer et elle ferait ce que Joseph lui avait enseigné. Elle y prendrait du plaisir.
Mais alors pourquoi était-elle si triste ?
“Ce ne sera pas facile, ajouta Mathieu avec un sourire chaleureux, mais nous serons là pour toi.”
La rouquine pointa l’étude au fond de la pièce.
“Voici ta chambre. Elle n’est pas bien grande mais elle sera suffisante pour toi. Cette pièce te servira aussi d’atelier. Alors tu devras faire en sorte qu’elle soit toujours bien rangée.”
La jeune fille posa doucement son sac sur son lit. Elle qui avait passé tant de temps dans cette pièce autrefois, ne la reconnaissait pas. Ils avaient gardé les étagères et la bibliothèque mais l’avaient investie comme lieu de stockage d’objets magiques. Des piles de dizaines de livres étaient entassées çà et là. Le bureau était à présent sous la fenêtre, un crâne étrange posé en guise de décoration. Un ruisseau coulait de ses yeux.
“Eh bien, Tamiya, qu’as-tu donc, demanda Devanna sur un ton sec.”
La fillette essuya ses larmes mais d’autres vinrent bientôt. Son souffle était saccadé, elle n’arrivait pas à faire taire ses émotions.
“Rien, bredouilla-t-elle. C’est juste que je n’ai jamais eu de pièce qui m’était dédiée.”
C’était faux. Cette pièce à toujours été la sienne. Son repère. Son refuge. Elle devrait être heureuse d’être ici, dans son ancienne étude.
Mais alors pourquoi hurlait-elle en silence ?
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- Message n°11
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Un vif orage s’était abattu sur Poing-de-l’Empire. Le tonnerre, qui grondait comme si le ciel allait se déchirer, couvrait sa voix, ses cris. Elle était trempée par la pluie torrentielle et l’eau commençait à s’infiltrer dans les fissures de son âme. Ses membres étaient tétanisés par le froid et la peur. Les nuages, d’un noir profond, envahissaient la guilde et assombrissaient les esprits. Le temps semblait s’étirer et se contracter, comme s’il était lui aussi perturbé par les événements.
Comment était-on arrivé là ?
Plus tard, l’orage fit place à un silence pesant, écrasant. La nuit était froide et sombre ce soir là. Les grillons ne chantèrent pas. Les chouettes non plus. La lune était cachée sous les nuages. Des gouttes, vestiges de la tempête, serpentaient le long de la fenêtre de sa chambre.
L’eau s’engouffrait dans ses poumons. Elle perdait peu à peu l’équilibre et se laissa glisser le long de sa porte pour enfin s'asseoir, la tête posée sur ses genoux. Des gouttes serpentaient le long de ses joues. Elle voulait crier mais aucun son ne sortait de sa bouche. Une vive douleur s’installait dans sa poitrine et ses poumons lui brûlaient mais elle ne pouvait pas réprimer sa tristesse.
Si seulement cela s’était passé différemment.
Elle se noyait, manquait d’air. Son souffle était saccadé et rapide. Ses longs ongles se plantaient dans la chair de ses bras. Plus jamais elle ne pourra être dans les siens. Des gouttes de sang serpentaient le long de ses bras.
“J’ai échoué, se répétait-elle dans sa tête. Je n’ai pas su tenir ma promesse. Oh pardon Bannor. Toi qui a fait tant pour moi, je m’en veux tellement. Je suis si désolée de t’avoir tourné le dos ainsi. Tu ne méritais pas cette fin. Pardon …”
Le cycle se répétait, comme les saisons qui s'enchaînaient. Cette fois-ci elle pourrait bien renoncer. Elle en avait assez de cette existence de douleur. Mais, tout comme la vermine, on lui avait appris à survivre qu’importe ce qu’il lui arrivait. Elle l’acceptera. Elle arrivera à vivre sans lui et ce même avec le poids de ses remords. Du moins, c’est ce qu’elle espérait.
Si seulement elle pouvait remonter le temps.
Comment était-on arrivé là ?
Plus tard, l’orage fit place à un silence pesant, écrasant. La nuit était froide et sombre ce soir là. Les grillons ne chantèrent pas. Les chouettes non plus. La lune était cachée sous les nuages. Des gouttes, vestiges de la tempête, serpentaient le long de la fenêtre de sa chambre.
L’eau s’engouffrait dans ses poumons. Elle perdait peu à peu l’équilibre et se laissa glisser le long de sa porte pour enfin s'asseoir, la tête posée sur ses genoux. Des gouttes serpentaient le long de ses joues. Elle voulait crier mais aucun son ne sortait de sa bouche. Une vive douleur s’installait dans sa poitrine et ses poumons lui brûlaient mais elle ne pouvait pas réprimer sa tristesse.
Si seulement cela s’était passé différemment.
Elle se noyait, manquait d’air. Son souffle était saccadé et rapide. Ses longs ongles se plantaient dans la chair de ses bras. Plus jamais elle ne pourra être dans les siens. Des gouttes de sang serpentaient le long de ses bras.
“J’ai échoué, se répétait-elle dans sa tête. Je n’ai pas su tenir ma promesse. Oh pardon Bannor. Toi qui a fait tant pour moi, je m’en veux tellement. Je suis si désolée de t’avoir tourné le dos ainsi. Tu ne méritais pas cette fin. Pardon …”
Le cycle se répétait, comme les saisons qui s'enchaînaient. Cette fois-ci elle pourrait bien renoncer. Elle en avait assez de cette existence de douleur. Mais, tout comme la vermine, on lui avait appris à survivre qu’importe ce qu’il lui arrivait. Elle l’acceptera. Elle arrivera à vivre sans lui et ce même avec le poids de ses remords. Du moins, c’est ce qu’elle espérait.
Si seulement elle pouvait remonter le temps.
alicebliss- Messages : 29
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- Message n°12
Re: Taliah Flamel - Alchimiste
Le soleil se levait timidement, le matin du 24 mai. Les rayons commençaient à illuminer la rosée sur les fleurs, comme des lucioles éphémères. La nuit fut humide, faisant ainsi baisser la température. Les oiseaux se réveillaient à peine mais déjà quelques moineaux chantaient. Les criquets les accompagnaient avec une agréable mélodie.
Une maigre poignée d’aventuriers de la guilde partirent tôt vers le cimetière. Marchant côte à côte, Evrod et Taliah donnaient le rythme au reste du groupe. Le cimetière était en périphérie nord-est de Point-de-l'empire. Les nouveaux tenanciers, plus commodes que les drows, les menèrent vers la stèle de Bannor. C'était une stèle rectangulaire simple, aux bords pointus, succinctement ornée de motifs sculptés. En lettres capitales simples n’était gravé que son prénom.
Ce fut Evrod qui parla en premier. Il raconta quelques anecdotes légères qui arracha un sourire à quelques-uns. Taliah quant à elle, resta muette. Sa gorge était noué du plus solide des noeuds. Lorsque la troupe se dispersèrent, seule Taliah ne bougea pas. Elle s'assit sur la pelouse encore humide et cueilla une fleur de pissenlit. Elle la regarda sous toutes les coutures puis souffla dessus. Les graines en parachutes s'envolèrent aussitôt dans toutes les directions.
"Tu sais, commença-t-elle, toi et moi étions pareils. Nous étions perçus comme des mauvaises herbes et nous avons appris à vivre avec cette étiquette."
Sa voix était posée et son visage neutre. Elle s'arrêta pour regarder les restes de la fleur tomber lentement pour se poser finalement sur la stèle, sur la pelouse et sur la terre. Un voile dans ses yeux embruma sa vision et deux larmes chaudes roulèrent sur son visage. Sa queue arracha une autre fleur.
"En réalité, nous sommes tous les deux des pissenlits. Et lorsque nous nous brisons, nous finissons toujours par nous relever. Mais cette fois-ci tu ne te relèveras pas et j’en suis sincèrement désolée. Quelque chose en moi me disait que c’était inévitable, que de me connaître t’a mené six pieds sous terre. Mais tu as balayé ces superstitions si facilement et tu es malgré tout resté à mes côtés. Je n’ai pas su faire de même. Tout comme toi, ce soir là, j’ai fait des mauvais choix. Et ce sont ces choix qui t’ont sûrement mené jusqu’ici. Alors je me relèverais pour nous deux.”
Elle souffla une nouvelle fois sur le pissenlit, qui se désagrégea en une volute de moutons végétaux. Taliah entendit des battements d’ailes. Les bourrasques attirèrent violemment les graines dans une petite tornade de poussière. Un corbeau se posa sur la stèle et regarda les inscriptions à l’envers.
La tiefline leva la tête et contempla les graines s’affoler dans les airs jusqu’à ce qu’elles foulent le sol. Ses yeux se posèrent sur le corbeau, toujours posté sur la stèle. Elle prit une longue inspiration et se redressa lentement. Elle regarda une dernière fois la stèle et renifla avant de tourner les talons.
“Aller, on y va, Jansenn.”
Une maigre poignée d’aventuriers de la guilde partirent tôt vers le cimetière. Marchant côte à côte, Evrod et Taliah donnaient le rythme au reste du groupe. Le cimetière était en périphérie nord-est de Point-de-l'empire. Les nouveaux tenanciers, plus commodes que les drows, les menèrent vers la stèle de Bannor. C'était une stèle rectangulaire simple, aux bords pointus, succinctement ornée de motifs sculptés. En lettres capitales simples n’était gravé que son prénom.
Ce fut Evrod qui parla en premier. Il raconta quelques anecdotes légères qui arracha un sourire à quelques-uns. Taliah quant à elle, resta muette. Sa gorge était noué du plus solide des noeuds. Lorsque la troupe se dispersèrent, seule Taliah ne bougea pas. Elle s'assit sur la pelouse encore humide et cueilla une fleur de pissenlit. Elle la regarda sous toutes les coutures puis souffla dessus. Les graines en parachutes s'envolèrent aussitôt dans toutes les directions.
"Tu sais, commença-t-elle, toi et moi étions pareils. Nous étions perçus comme des mauvaises herbes et nous avons appris à vivre avec cette étiquette."
Sa voix était posée et son visage neutre. Elle s'arrêta pour regarder les restes de la fleur tomber lentement pour se poser finalement sur la stèle, sur la pelouse et sur la terre. Un voile dans ses yeux embruma sa vision et deux larmes chaudes roulèrent sur son visage. Sa queue arracha une autre fleur.
"En réalité, nous sommes tous les deux des pissenlits. Et lorsque nous nous brisons, nous finissons toujours par nous relever. Mais cette fois-ci tu ne te relèveras pas et j’en suis sincèrement désolée. Quelque chose en moi me disait que c’était inévitable, que de me connaître t’a mené six pieds sous terre. Mais tu as balayé ces superstitions si facilement et tu es malgré tout resté à mes côtés. Je n’ai pas su faire de même. Tout comme toi, ce soir là, j’ai fait des mauvais choix. Et ce sont ces choix qui t’ont sûrement mené jusqu’ici. Alors je me relèverais pour nous deux.”
Elle souffla une nouvelle fois sur le pissenlit, qui se désagrégea en une volute de moutons végétaux. Taliah entendit des battements d’ailes. Les bourrasques attirèrent violemment les graines dans une petite tornade de poussière. Un corbeau se posa sur la stèle et regarda les inscriptions à l’envers.
La tiefline leva la tête et contempla les graines s’affoler dans les airs jusqu’à ce qu’elles foulent le sol. Ses yeux se posèrent sur le corbeau, toujours posté sur la stèle. Elle prit une longue inspiration et se redressa lentement. Elle regarda une dernière fois la stèle et renifla avant de tourner les talons.
“Aller, on y va, Jansenn.”