par Pondababa Mer 30 Nov - 21:28
Grandeur et déchéance des Montfaucon« Bien le bonjour monsieur l’apothicaire. Je vois que vous êtes bien achalandé et ça tombe très bien car je suis là pour une urgence. Regardez mes pointes, c’est une catastrophe ! Je ne suis à Poing de l’Empire que depuis quelques jours et déjà le climat local a rendu mes cheveux secs et ternes. Il me faut d’urgence un masque capillaire revitalisant.
Hum…argile blanche, gelée royal, fleur d’oranger et huile essentielle de géranium. Oui, ça fera parfaitement l’affaire. Quand ce sera prêt, pourriez-vous me le faire livrer à la guilde des aventuriers ? Parfait ! A l’attention d’Enguéran de Montfaucon. Ahah, je vois à votre visage que vous avez eu vent des exploits de mon grand-père Gonzague. Non ? C’est vraiment problématique ce manque de circulation de l’information dans cette région. Je vais en toucher deux mots au sénéchal.
Sachez que Gonzague de Montfaucon était un héros de l’empire qui s’illustra par sa bravoure dans de nombreuses batailles. Malheureusement, il était plus doué pour la guerre que pour l’administration et la gestion des quelques terres qu’il avait obtenu de l’empereur (loué soit son nom) s’avérera bien vite être un gouffre financier. Seules les récompenses obtenues au cours de ses nombreux fait d’armes permirent à mon grand-père de maintenir son train de vie fastueux et d’entretenir le domaine familial.
Lorsque Gonzague mourut au champs d’honneur dans un ultime fait d’arme, mon père Tristan hérita donc d’un domaine sur la sellette au niveau financier. Il fit de son mieux pour tenter de ramener la prospérité mais il n’avait rien d’un gestionnaire et,bien qu’il fut un homme bon, il n’avait pas hérité du talent martial de son père. Il fut d’ailleurs incapable de soulever l’Envol du Faucon, le légendaire pavois de ma famille. Sans les apports pécuniaires liés aux batailles, notre situation financière passa rapidement de préoccupante à critique. Le château était de moins en moins entretenu, mon père dû se résoudre à vendre certains terrains pour parer aux dépenses courantes et le nom des Montfaucon tomba peu à peu dans l’oubli.
Quand mon pauvre père fut emporté par la fièvre des marais, mon frère ainé Amaury repris la gestion de notre domaine. Enfin, de ce qu’il en restait… Guy, le cadet de notre fratrie, entra dans les ordres pour propager la bonne parole de notre divin empereur (loué soit son nom). Lancelin, le troisième dans la liste de succession, s’enrôla quant à lui dans les légions impériales. Il ne restait que moi, le benjamin de ma noble lignée, qui n’avait pas encore trouvé ma voie. Je passais mes journées à m’entrainer avec notre maitre d’arme et à relire encore et encore les exploits de mon grand-père en rêvant d’un hypothétique destin légendaire.
Un soir, j’eus une épiphanie. Mon grand-père m’apparut en songe et me dit que j’étais destiné à restaurer la gloire des Montfaucon. Je me précipitais dans la salle d’arme au beau milieu de la nuit et soulevait l’Envol du Faucon. J’étais le premier de ma famille à y arriver depuis Gonzague ! c’était le signe que j’avais attendu toute ma vie ! Sans rien dire à quiconque, je dérobais le légendaire pavois de mon grand-père, je scellais ma fidèle monture et je partis sur les routes en quête d’une vie héroïque de chevalier errant.
A cette époque, la marquise de Contarini, une lointaine cousine de ma mère, organisait un tournoi dans son château. Le vainqueur de cette joute aurait l’insigne honneur de devenir le protecteur d’une de ses filles: la jeune comtesse Daphné de Contarini. C’était l’occasion parfaite de prouver ma bravoure. Je me rendis donc sur place et m’inscrivis au tournoi. Combat après combat, je vainquis tous mes opposants. C’était miraculeux ! Quelle que soit l’adresse de mes adversaires, leurs coups semblaient glisser sur mon pavois ou mon armure.
Je remportais ce tournoi sous les ovations de la foule. Je venais de réaliser mon premier fait d’arme ! Je m’agenouillais solennellement devant la marquise de Contarini et prêtais serment de défendre l’honneur et la vie de sa fille au péril de la mienne. Afin de m’aider dans ma mission, je reçus des mains de la marquise une magnifique épée longue nommée Serment du Protecteur. J’avais conscience que ma vie ne serait plus jamais la même mais…
Comment ? Vous avez déjà fini ma lotion. Bien… J’imagine que je vais la ramener directement à la guilde alors. Bonne journée monsieur. »