Aventures en terres inconnues

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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire

    Bannor
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Bannor, échoué au Poing de l'Empire

    Message par Bannor Mer 1 Avr - 1:11

    Bannor quitta le bureau du sénéchal Pénélor de Lugon sans un regard en arrière. A quoi bon d'ailleurs ? Qu'en avait vraiment à faire de ce que pouvais penser ce freluquet aux oreilles pointues ?

    Qu'il aille donc se torcher le cul avec sa cape bleu empire !

    S'il y'avait une chose qu'il avait retenu de ce monologue condescendant, c'était le nom d'Horace de Zähringen, un lieutenant devenu un héros pour avoir repoussé l'attaque d'un dragon rouge sur le Poing de l'Empire.

    Héros mais pourquoi foutre, hein ? Pour qu'il me dise "attends les ordres, c'est moi qui commande." tandis que le peuple lui cire les pompes, c'est ça ?

    Bannor crevait d'envie d'aller déverser sur le lieutenant tout un charabia incompréhensible. Lui dire tout le bien qu'il pensait de l'Empire, de l'armée, des héros, des promesses d'étendre l'ordre et la justice sur ce nouveau continent nommé Vinland et tant pis s'il finirait au trou. Mais il avait plus envie encore de manger. De manger autre chose que du foutu poisson. Oui, manger... mais boire surtout !
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Re: Bannor, échoué au Poing de l'Empire

    Message par Bannor Ven 3 Avr - 0:41

    Bannor à son arrivée en février :

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Bannor13

    Bannor quelques semaines plus tard :

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Bannor10


    Dernière édition par Bannor le Dim 2 Aoû - 16:06, édité 1 fois
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty C'est moi le piège.(L'expédition vers la forteresse kobold)

    Message par Bannor Lun 6 Avr - 15:02

    Un petit mot !:


    Bannor cuvait dans son vin, affalé sur une table de la salle commune. Non loin, un groupe d’intrépides aventuriers préparaient leur prochaine expédition, et comme pour toute expédition, beaucoup d’avis divergeaient sur la définition des priorités. Le vieux guerrier maugréa pour qu’ils fassent moins de bruit et qu’ils le laissent dormir. Quelques échanges de civilités et menaces à peine voilées réciproques plus tard, il prit le parti de se joindre à eux. Il faut dire qu’après son entrée en matière à dire que son truc, c’était passer la serpillère, il était plus toléré qu’accepté. Allait-il faire des problèmes ? Sans doute. Mais le fait qu’il ait besoin de gagner de l’argent pour pouvoir se payer à manger - et boire, visiblement -, le groupe pouvait l’entendre.

    Le départ fut donné une fois les chevaux répartis, à l’exclusion d’un étalon trop sauvage pour accepter un cavalier. Bannor se serait bien fait un plaisir de mettre la bête au pas. C’était facile. Avant. Pour l’heure, il n’allait  pas se couvrir de ridicule à ne même pas réussir à monter en selle, gêné qu’il était par son ventre dépassant de sous sa chemise de mailles. Un animal docile l’accepta néanmoins sur son dos.

    Le groupe - et quel groupe ! - était particulièrement hétéroclite :
    Il y’avait Malek, un demi-orque costaud et économe des ses mots.
    Drakem qui invoqua une espèce d’armure intangible qui le changea en quadrupède.
    Evrod et ses pas feutrés. Bannor commença à douter qu’il fusse vraiment un humain quand il le vit changer partiellement d’apparence pour revêtir des attributs animaux.
    Sirius, un homme corbeau. Un homme corbeau, putain !
    Seckett, un homme rat dont il sut qu’il ne se ferait jamais à la voix crissante et aux exigences répétées.

    Matez-moi la gueule de cette équipée pour pacifier la région ! L’Empire doit bien se marrer. Allez tous au diable !

    Le soir venu, Bannor se battit vaillamment contre une bête immonde et retorse. Après plusieurs minutes qui le laissèrent fumant de colère et de transpiration, il avait enfin fini de monter sa tente sous les regards amusés du reste de l’expédition qui savait pertinemment qu’il refuserait toute aide. Peu enclin à bavarder autour du feu, il nota le désir d’Evrod de retrouver les corps des compagnons d’armes morts dans ce secteur. Il comprenait cela. Il déboucha une bouteille qu’il attaqua au goulot pour chasser la pensée rageante d’une personne morte à ses yeux qu’il n’avait aucun désir de retrouver.

    Pour atteindre l’objectif - une forteresse kobold - il fallait déjà s’infiltrer dans des souterrains, non accessibles sans mettre les pieds dans l’eau. Ces créatures avaient sans doute d’autres accès pour se terrer sous terre mais Bannor ne connaissait pas les lieux, contrairement à certains d’entre eux. Pour l’heure, il fallait dormir mais aussi veiller à tour de rôle pour monter la garde. Bannor commença le sien en allant longuement soulager sa vessie sur le point d’exploser. Il y’eut bien une menace qui montra le bout de son nez. Ou de son museau moustachu puisqu’il s’agissait d’un hérisson. Bannor eut beau le repousser du pied, l’hérisson revenait inlassablement vers lui pour l’amadouer avec des deux petits yeux désarmants. Quand il fut sûr qu’ils dormaient, il gratouilla l’animal non sans le menacer s’il caftait ce geste de faiblesse.

    Au matin, ils progressèrent à tâtons, toujours précédés par Evrod dont les transformations répétées ne cessaient de surprendre le vieux guerrier. L’éclaireur ne manquait pas de travail face au nombre de pièges des souterrains. Malgré la demande de Bannor, il fut arbitré de ne pas les repérer car « on se rappellerait de leur emplacement ». Le guerrier maugréa sans insister cat il n’allait pas avouer que son crâne restait encombré de vapeurs éthyliques.

    Les souterrains et ses dangers commencèrent lentement et surement leur travail d’érosion sur les nerfs du groupe. Des bruits de pas, tantôt proches, tantôt lointain. Des pièges, encore et toujours. Bannor enrageait.

    C’était lui, le piège.
    C’était.

    Depuis quand devait-il endurer la guerre d’usure, qui plus est menée par ces foutus chiures de dragon ? Si Bannor parvint toujours à éviter de justesse les nombreuses crasses laissées par les ingénieurs kobolds, il était sans aucun doute celui dont la patience céda le premier. Pour lui, laisser ses engeances veules continuer à lui chier sur les bottes étaient au delà du supportable. Quand il y’eu enfin des kobolds à portée de vue, son sang ne fit qu’un tour pour les attaquer, rapidement suivi par certains. A peine à quelques pas du premier piège évité, un autre sous la forme d’un roue crantée et tranchante apparut sous ses pieds à laquelle il échappa de justesse. Quand aux kobolds, il leur manquait des morceaux de chairs et de peau verdâtre. Ils étaient plus morts que vivants mais bel et bien déterminés à tuer. Bannor se remémora la psalmodie d’une bande de marins cultistes autrefois combattus.

    Ce qui est mort ne saurait mourir… Mon cul, oui !

    Un kobold mort-vivant fut rapidement terrassé. Le second trouva un soutien inattendu : Drakem s’interposait entre lui et ses compagnons. « Pas ceux-là ! Pas ceux-là », répétait-il avec énergie.

    Bannor ne comprenait pas ce qu’il se passait et pourquoi le kobold n’attaquait pas l’invocateur. Le danger semblant contenu, il relâcha partiellement son fauchard et essuya de sa main libre la tache rouge de son flanc gauche avant de la porter à sa bouche sèche. Du sang, à n’en pas douter. Drakem ne manqua de voir le vieux guerrier resserrer sa prise sur sa redoutable arme. Bannor n’écoutait plus vraiment et dardait des yeux mauvais sur le mort-vivant qui, sans le rempart de l’invocateur, continuerait d’avancer pour tuer les intrus. La véhémence de Drakem lui semblait des clameurs lointaines. Restait le regard vide du kobold et la magie noire, sombre et tapis dans l’ombre. Une ombre qui riait de lui d’une voix cristalline et qui inlassablement choisissait les ténèbres et les flammes. Bannor sortit de sa torpeur. Définitivement, Drakem n’allait pas le laisser hacher le kobold mort-vivant.

    C’est moi, le piège.

    Il soupira et baissa les épaules en signe d’apaisement et assura l’invocateur qu’il ne tuerait pas le kobold. Ce faisant, il recula d’un pas en arrière puis de trois sur la droite jusqu’à se retrouver acculé contre un mur. « Tu vois, je suis calme », disait-il, tout en espérant intérieurement que Drakem relâche le mort-vivant. Bannor était encore trop proche pour ne pas attiser la faim morbide de la créature et le savait. Le kobold finit par avoir le dessus sur l’invocateur qui l’avait déjà longuement retenu et avança directement vers le guerrier.

    « Oups. »

    Le mort-vivant déclencha à son tour le piège que Bannor avait évité un peu plus tôt et se fit tailler en pièces. Bannor se contenta de dire goguenard qu’il n’avait pas tué le kobold. Il eut aussi une furieuse envie de titiller Drakem en lui disant que le kobold en pièces détachées était pour son tableau de chasse mais s’abstint en voyant l’air profondément contrit de l’invocateur. D’autant que les reproches d’Evrod sur le fait d’avoir rompu les rangs ne tardèrent pas à arriver sur le tapis…

    Une fois le calme revenu, Drakem révéla de quoi il retournait. Lors de la précédente expédition, ils s’étaient retrouvé face à un magicien qui s’était constitué une garde conséquente en réanimant des kobolds morts. Celui-ci les avaient laissés partir non sans leur avoir fait promettre de ne rien révéler le concernant. Drakem précisa que le magicien était puissant et craignait que le groupe ait à faire face à son courroux… à moins de lui fournir d’autres kobolds morts. Ce passage satisfaisait Bannor qui déjà prenait sa pierre à affuter pour aiguiser le tranchant de Serpillère, son fauchard, une arme difficile d’accès sans un entraînement complet et rigoureux.

    Il fut convenu de désormais repérer les pièges à la craie d’autant que le colosse nommé Malek en avait malencontreusement déclenché un durant l'échauffourée, empêchant son concours pour rapidement mettre un terme à la rencontre.

    La suite de l’exploration montra le degré d’expertise des kobolds dans la fabrication de pièges. Après les lames et autres joyeusetés, c’était maintenant des billes qui favorisait la chute en contrebas d’une pente ou un hachoir immense tombant du plafond pour se balancer avec amplitude en emportant des lambeaux de chair. Le groupe fut de nouveau éparpillé par l’entremise de plusieurs menaces dont un immense rocher dévalant la pente en écrasant tout sur son passage. En comparaison de la perspective d’être réduit en bouillie, la rencontre - à un poil près - d’une énième lame avec son l’entrejambe sembla une bénédiction pour Bannor.

    Deux combattants kobolds - bien vivants cette fois - vinrent combattre les explorateurs, commençant perfidement à deux contre un. Bannor rejoignit rapidement son allié isolé et faucha aussitôt le kobold armé d’une lance. Quelques instants plus tard et après des efforts conjugués, un des kobolds étant mort et l’autre maitrisé.

    « Le magicien attendra car celui-là va parler et pour sûr, nous servir. » assura Bannor au reste du groupe.

    Ils avaient survécus à ces premières épreuves, épreuves qui avaient permis de révéler certaines des compétences du groupe. Ce qui les attendait plus avant allait exiger d’eux plus encore.
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Re: Bannor, échoué au Poing de l'Empire

    Message par Bannor Sam 11 Avr - 15:46

    L’expédition avait continué sa progression. Si l’interrogatoire du kobold n’avait pas donné grand-chose, Bannor l’utilisa en détecteur de pièges. Pour ce faire, il l’avait attaché à sa propre lance, les mains dans le dos et l’aiguillonnait autant que de besoin au niveau des côtes. Il ne se formalisa pas du refus de Malek de conduire le prisonnier lui-même, malgré la perspective de pouvoir faire une double brochette de kobold car ils ne manqueraient pas d’en trouver d’autre.

    La résistance ponctuelle et apeurée du kobold était suffisante pour réduire le champ des recherches de Seckett. Mais ces satanés raclures installaient des pièges autant que le guerrier aimait l’alcool : excessivement. Si Bannor avait déjà montré à ses compagnons son degré d’irascibilité, que dire des évocations kobold répétés de « face de cochon » à l’égard des visiteurs ?

    Face de cochon. Barrique de bière. Tueur de dindon. Le souvenir des nombreux sobriquets reçus dans les tavernes de Terquepan le renvoya quinze ans en arrière.

    « Foutez-vous de ma gueule, bande d’enculés ! Z’étiez bien content de me trouver quand il fallait zigouiller toutes ces bestioles qui vous faisait chier dans votre froc ! »

    Malgré le regard vitreux de Bannor, le tavernier interpréta de la bonne manière le mouvement de menton du guerrier, l’incitant à prendre une des bouteilles d’alcool fort qui trônait sur l’étagère derrière lui.

    « Tu es la honte de l’Empire. »

    La voix, nette et puissante, interrompit non seulement le geste du serveur mais aussi les discussions de la taverne. Bannor dévisagea l’homme en armure, au milieu de son escouade militaire installée sur la plus grande des tables.

    « Et toi, sa nouvelle putain ! » répondit-il finalement.

    La tablée fut parcouru d’un frisson. Étonnamment calme, Le chevalier afficha une attitude navrée et répondit en se levant calmement.

    « Je t’ai aimé, Bannor le Fendragon. Maintenant, je vais devoir t’éduquer. »

    Le chevalier approcha et déposa une bourse sur le comptoir en commentant « Pour les dégats ». Il grimaça de déplaisir quand une chaise se brisa sur son crâne avant de se retourner.

    (…)

    Il faisait jour quand Bannor se réveilla. Il était allongé face contre terre, le visage dans la boue avec pour seul public un porc qui mâchouillait un mélange de blé et d’orge. Son corps lui faisait terriblement mal et il mettrait du temps à se remettre de cette cuisante défaite. Il bascula sur le dos pour inspecter ses contusions avec ses mains. Chaque douleur lui rappela les coups qu’il n’avait pas su… non, pas pu éviter. Comment il était tombé lourdement sur une table épaisse, comment son adversaire l’avait sorti de la taverne avec facilité, comment il avait du reculer, mètre après mètre, recevant chaque fois deux puis trois coups quand il peinait à en porter un.

    Bannor sortit de sa torpeur. Il n’était plus dans la fange mais dans des souterrains complexes, truffés de pièges et de kobolds moqueurs.

    C’est vous qu’êtes enfermés avec moi.

    Il transperça une fois pour toute le kobold et le garda au bout de la lance. Il avanca ensuite pour déclencher volontairement le piège révélé plus tôt, celui qui projetait une gerbe de flammes.

    « Alors, c’est qui le cochon grillé, maintenant ?! » hurla-t’il à l’attention des fientes de dragons qui pullulaient, tapis dans l’ombre.

    Il mit un instant à réaliser ce qu’il était en train de faire. Malgré la magie qui le protégeait, le feu léchait les poils de ses avant-bras. Qu’importe, voir le kobold bruler réjouissait sa part d’ombre. Bannor fut ensuite d’une utilité relative pour les combats qui finirent leur journée. Chacun explora les lieux et ils trouvèrent un passage qu’un nouveau prisonnier kobold confirma être le chemin vers une des forteresses. Celui-là, répondant au nom de Sky,  obtint laborieusement la promesse de chacun de le garder vivant jusqu’à ce lieu, où il aurait d’après ses dires de nombreux amis. Bannor ajouta une condition à sa promesse : que Seckett lui lâche la grappe.

    Bannor avait visiblement un problème avec l’autorité et les règles… à moins que ce soit la nature skaven de Seckett qui le dérangeait. Mais s’il avait autant de mal à composer avec les nombreuses races représentées dans la guilde, pourquoi avait-il donc voulu la rejoindre alors que c’est de loin l’endroit le plus cosmopolite de la colonie de Vinland ?

    Les recherches de Bannor ne furent pas vaines. Il indiqua à Drakem un stock de pierres noires contenant des strates blanches : c’était l’onyx - pour une valeur de 300 pièces d’or - que l’invocateur recherchait. Drakem remercia le guerrier qui l’interrompit en lui disant que c’était à lui de le remercier pour lui avoir donné une fiole de soins magiques quand il était blessé, en plus de lui avoir régulièrement fourni de la lumière. Bannor indiqua également un stock de pierres dont la valeur s’apparentait à l’argent. S’il y’en avait pour environ 2000 pièces d’or, il fut décidé de s’occuper de les transporter plus tard vu que cela représentait 200kg.

    Après avoir débattu du chemin à prendre, choisissant de continuer via le long espace réduit et de différer les  retrouvailles de Drakem avec le nécromant friand de cadavres kobolds, ils reprirent un ordre de marche qui leur avait réussi jusque là… avec Sky, le nouveau détecteur de pièges cette fois simplement attaché à une corde.

    Bien plus tard, une effluve chatouilla le nez de Bannor. Mais plus étrange que cela, il réalisa que son groupe changeait d’apparence. Devant lui, le kobold et Seckett prenaient l’apparence d’halfelins. Quelques traits - mais aussi un chapeau - lui permettaient encore de les distinguer. Et que dire du reste du groupe ?

    Un parfum persistant franchi la barrière des poils de son nez pour le frapper de vertige. Ce parfum le transporta dans une grotte. La grotte. Le skaven n’était plus un hobbit mais un gnome.

    « Allez, on abandonne pas maintenant ! ». Se retournant, il lança à l’elfe « Crois-moi, tu ne sera pas mort en vain ! »

    N’entendant plus ses compagnons, Bannor poussa ceux qui le précédaient vers l’avant. Ce combat maintes fois répété, de taverne en taverne, par tous les temps, allait enfin être achevé. Il serait libre enfin, mort peut-être mais il le tuerait pour de bon. Et elle aussi s’il le fallait.
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Oeil pour oeil, dent pour dent.

    Message par Bannor Ven 17 Avr - 19:05

    « Qu’est ce qu’il fout, putain ! »

    Cela faisait longtemps, trop longtemps, que Bannor attendait devant la bâtisse lugubre. Il avait largement eu le temps d’imaginer comment mener une guérilla contre le nécromant. Deux braséros de chaque coté de l’escalier d’entrée ? De quoi faire de la fumée ou foutre le feu aux fenêtres pour commencer. Des kobolds squelettes ? Il pouvait compter sur sa masse d’armes lourdes pour en faire des cure-dents. Le nécromant par contre… Une autre paire de manche mais de son point de vue, tout ce qui était bipède était susceptible de jouer à la serpillère.

    "Ha !"

    Bannor eut une exclamation satisfaite. Pour un peu, il espérait que la situation de Drakem empire dans la maison pour pouvoir retourner la baraque. C’est que le goût du danger revenait vite, une addiction bien plus enivrante que l’éther. Il s’y voyait déjà, foutant le nécromant au sol et lui balancer « Bah quoi, t’aime les cercueils ? Change pas de position, j’arrange la rencontre. » Ah ouais. Et ils riraient tous de bon coeur.

    Tous ? Tu es seul, vieux fou. Et tu vas encercler quoi, tout seul ?

    Bannor grimaça en remontant son pantalon et resserra sa ceinture. Des rires lui revinrent, oui, mais c’était de lui dont on se moquait, pas d’un adversaire imaginaire vaincu.

    Drakem sortit enfin. Il semblait à la fois soulagé et soucieux. Il faut dire que l’invocateur avait la tête à l’envers depuis sa rencontre avec… avec elle. Drakem avait chialé la veille comme un gosse. Elle s’était montré compatissante et l’avait enjoint à prendre parti. Pour elle, ça va s’en dire. Elle avait prouvé que les gens savent rarement ce qu’ils veulent jusqu’à ce qu’on le leur montre.

    Des larmes, mon cul.

    Etait-ce une force ou une faiblesse? Bannor n’en savaient rien. Il se rappelait des dernières qu’il avait versé , 23 ans plus tôt, alors qu’il allait mourir broyé, les poumons transpercés par ses côtes brisées. Etait-ce du alors à l’insupportable vérité qu’il n’avait pas su voir ou l’orgueil blessé du héros qui n’avait jamais perdu une bataille ?

    « Drakem, la prochaine fois que tu chiales, je te dégomme. »

    L’invocateur fut surpris un moment mais commençait à bien connaitre le sale caractère du guerrier. Ils échangèrent sur les révélations qui lui avait retourné le ventre. Drakem assura qu’il saura être prudent la concernant. Bannor en doutait car elle avait un avantage sur lui : elle savait combien la disparition de sa famille avait laissé Drakem esseulé et combien il désirait pouvoir se raccrocher à quelque chose, comme une soeur dont il ignorait s’il elle n’était pas - elle aussi - devenu l’amante d’une sombre noirceur.

    En y repensant, elle en avait sans doute assez appris sur ses compagnons lors de cette magie d’exploration mentale. Et lui, pourquoi n’avait-elle pas demandé à lire son esprit ? Pour lui montrer qu’elle lui faisait confiance et aller dans le sens de ses excuses maintes fois exprimées ou parce qu’il avait déjà cédé au désir de contrecarrer les projets de l’Empereur ?

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire 04146d11

    Avant de revenir à pied, cette fois, à Poing de l’Empire, le sujet de ce que ferait Bannor de son prisonnier, le kobold rouge nommé Sky, fut abordé ainsi que ce devait être partagé ou non sur leurs rencontres. Le guerrier du se résoudre à abandonner son idée première - enfermer Skye à la guilde - en écoutant les remarques de ses compagnons, exprimées dans des styles diamétralement opposés. Seckett qui prenait un malin plaisir à faire le mariole sans jamais s'essouffler et Malek, économe de ses mots mais assez réaliste. Bannor commençait à apprécier le demi-orque qui lui avait donné sa confiance en partageant avec lui quelques vérités peu glorieuses. Evrod lui apporta la solution : il pouvait fournir une planque où il pourrait interroger librement le kobold.

    Celui-ci compris que quelque chose clochait quand Bannor sorti de son paquetage une dent immense en lui gueulant dessus pour savoir s'il savait ce que c'était. Skye avait cru qu’il partait en aventure, Skye se trompait lourdement. Située à deux jours de Poing de l’Empire, la planque était vraiment difficile d’accès. Bannor se surprit à envier Evrod. Il avait un coin où il pouvait être au calme, sans être obligé de voir encore et encore dans le regard des sujets de l’Empire du dégoût ou de la condescendance. C’est qu’il faut avoir une fière allure à Terquepan pour ne pas gâcher la beauté du décor.

    Il fallait trier le vrai du faux dans la cervelle fantasque du kobold qui s’appliquait à rester évasif ou moqueur. Qu’importe, Bannor savait que Skye céderait. Le guerrier ne prenait aucun plaisir à affamer et maltraiter le kobold. A bien y réfléchir, il valait effectivement mieux être à l’écart de la guilde car ce kobold était à sa façon presque sympathique et amusant. Amusant, peut-être mais ça ne changeait rien à sa nature profonde de vermine. Au bout d’un certain temps, le guerrier avait dégagé quelques informations qu’il jugeait fiables au milieu des fantasmes puissants du lieu qui l’intéressait.

    « Dis-moi, Skye, le petit qui était avec le roi, il est doré, c’est ça ?
    - Oui, répondit faiblement le kobold.
    - Et… tu en a déjà vu un autre, beaucoup plus grand ?
    - Oui ! Melenkurion… »

    La tête de Skye, séparée de son corps, tomba au sol. Bannor serrait son fauchard nerveusement à s’en faire craquer les jointures. Sa tête le tournait. Il avait réagi vivement, sans réfléchir ni se rendre compte qu’il avait retrouvé une rapidité d’exécution perdue depuis longtemps. Haletant plus qu’il ne respirait, il bloqua sur le visage rouge écailleux du kobold et son rictus idiot et figé. Le regard de Bannor se perdit dans le brumes.

    La voix d’Evrod finit par percer le brouillard pour atteindre sa cervelle et le ramener à l'instant présent. Il se regardèrent un moment en silence. Par chance, Evrod ne lui reprocha pas cette exécution sommaire et gardait la tête froide. Le chasseur lui dit simplement :

    « D’un coté, l’Empereur. De l’autre, les dragons. Il doit y avoir une troisième voie. »
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Guilde de Poing de l’Empire. 12 février. Taliah - Bannor

    Message par Bannor Dim 26 Avr - 1:15

    Le partage du butin avait vu attribué à Taliah un objet magique capable de produire un délicieux chocolat. La recroisant dans la guilde et intéressé, le vieux guerrier lui dit simplement :

    "Tu me préviens quand tu fais une boisson, s’il te plait. Je bois pas d'alcool quand je lis. »

    Dans l’après-midi, elle toque à sa porte.

    « Ouaip, entrez ! »

    Taliah entre, avec une tasse de chocolat chaud a la main.

    «  Surprise.
    - Merci, t'as pas oublié !
    - J’ai bonne mémoire, répond-elle en souriant.
    - Du coup, je vais devoir prendre un bouquin. »

    Après avoir posé la tasse, elle s’apprête à ressortir.

    «  Taliah ?
    - Oui ?
    - T'as jamais pensé à laisser une signature dans tes potions ?
    - Euh et bien non, pas vraiment.. enfin avant je faisais la signature de mes patrons.
    - Ah… En fait, je parle pas d'une signature sur une étiquette de potions mais dans la potion. Une composition qui te serait propre a base d'herbes et d'épices et qui parfumerait légèrement tes préparations. »

    Taliah est pensive.

    « Eh bien ça me parait être une bonne idée, si les additifs n'interfèrent pas les composantes actives...  J’y réfléchirais.
    - Ah aussi… Fais pas attention aux commentaires sur tes cornes, y'a qu'à t'en foutre. Ici, dans cette guilde, t'as pas à subir les réflexions de l’Empire. »

    Bannor sait bien que le sujet est sensible.

    « Je.. désolé, je suis un peu trop direct, je crois. »

    Taliah sourit maladroitement.

    « Oui, vous avez raison.. mais je.. j'ai bien trop l'habitude pour en faire abstraction.
    - Tu.
    - Pardon. Tu.
    - Pas de problème. Une dernière chose, si tu remarques des bouquins intéressants dans la bibliothèque, dis moi.
    - J’ai.. j'ai un bouquin sur les plantes, mais je ne pense pas que ça t'intéresse, d'autant plus qu'il est dans une langue étrangère. j'ai traduit plus de la moitié des annotations.
    - Pourquoi pas. Bah… Je sais que pour Calixthe, je suis bon qu'à m'occuper des ennemis mais c'est la cervelle qui garde vivant, pas les bras.
    - Calixthe est un co... enfin, bref. répond-elle en ravalant sa rage.
    - Tu peux le dire. Ca te fera du bien.
    - Un pauv’ connard raciste ! »

    La queue de la tieffelin remue vivement quand elle libère ses mots, puis reprenant son calme :

    « Je tâcherais de te rapporter un livre qui te plaira. »

    Bannor qui avait rit de bon coeur à l’humeur de Taliah redevint sérieux.

    "J'en suis un aussi."

    Taliah détourne le regard en se souvenant du gnoll.

    « Mmh… un connard ne me parlerait surement pas et ne me défendrait pas.
    - Te défendre ? C’te blague, c'est les autres qui faut défendre ! »

    Bannor marque une pause avant de reprendre.

    « Quand au connard raciste, c'est pas inutile vis-à-vis des représentants de l’Empire, pour ne leur laisser aucun doute... Ca reste entre nous, d’accord ?
    - Bien entendu. »

    Un peu plus tard, Bannor est surpris de la qualité du chocolat chaud et reprend la lecture du livre qu’il a trouvé dans la bibliothèque sur les grandes généalogies de l’Empire.
    ___

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Captur20
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty In Vino Veritas

    Message par Bannor Sam 9 Mai - 1:27

    In Vino Veritas

    Bannor ressentit une saveur volatile à mesure que le liquide descendait dans sa gorge. Surpris de cette sensation, il baissa le visage comme pour mieux la comprendre. Sans vraiment sans rendre compte, il ferma la bouche et inspira doucement par le nez pour ventiler l’arôme de cette liqueur. Sa langue, son palais et les parois de sa bouche transmirent à son âme une première sensation de texture et d’intensité bientôt suivie d’une foule déterminée à bousculer ses muqueuses. Le sucré céda la place à l’amertume qui céda la place à une acidité légèrement salé. Ce fut finalement une note astringente et légèrement fruité, imperceptiblement lacté et huileuse qui s’installa durablement dans son esprit. Il releva le menton tandis qu’une étrange alchimie faisait son oeuvre.

    Il retrouvait la vue. Il voyait maintenant dans le noir.

    (…)

    Le feu de camp crépitait doucement. En craquant sous l’effet de la chaleur, les branches mortes faisaient le bruit des grains dorés qui explosent presque en silence sur un épi de maïs. La nuit avait ce pouvoir étrange de décupler les sons de toutes sortes, que ce soit sa propre respiration ou un battement d’ailes à la fois proche et inaccessible. La lune projetait au sol l’ombre mouvante d’une montagne escarpée, ombre que faisait danser les flammes retorses.

    La fureur des flammes avaient fait hurler de douleur les parois de la grotte et Jansenn avait disparu sous le crachat ardent de l’immense dragon. Le souffle avait projeté Bannor en arrière alors qu’il se tenait pourtant à plusieurs mètres de son vieil ami. Qu’importe, avait-il-songé. La fumée passerait et Jansenn réapparaîtrait, avec son air goguenard et son nez épaté de gnome. C’est que personne ne maîtrisait mieux la matière et les éléments que ce bonhomme haut de quatre pieds et deux pouces vingt-cinq. Il avait souvent expliqué à Bannor qu’il n’y avait pas quatre éléments mais plus encore. Malgré les fréquentes énumérations, la liste complète restait impossible à retenir pour le chevalier. L’important était que Jansenn rendait l’impossible et le surprenant possible, comme lier son arme d’hast à des corbeaux ou doter son armure d’une protection magique contre le feu. Quand la fumée avait passée, Jansenn réapparut comme escompté. Vraiment ? Son sourire n’était plus qu’un rictus figé et sa peau - si souvent de pierre - avait littéralement fondue pour se coller à ses vêtements. Le nez avait réduit son volume de moitié et ses précieuses lunettes de sa création  - qui tenaient plus du masque de soudeur gnome avec pléthore de verres magiques superposées - avaient sauver ses globes oculaires. Son regard était figé, incrédule. De sa bouche, il ne restait que l’os décharné de son fort menton et quelques dents qui se déchaussaient mollement de sa mâchoire pour tomber sur le sol encore fumant. Comment et pourquoi ? demandait toujours Jansenn dans les longs monologues qu’il faisait systématiquement conclure par une solution inattendue.  Comment et pourquoi, Bannor n’en savait sur l’instant foutrement rien. Il devrait le pleurer plus tard. Franchement, qu’aurait-il pu arriver de pire que de perdre son vieil ami ?

    Bannor… Des voix lointaines prononçaient son nom. Réponds-moi, Bannor… Pas de bêtises, hein… Ils LUI parlèrent tous et il finit par faire de même en participant à un jeu curieux. Tous exprimèrent ce qu’ils voulaient ou désiraient. Bannor n’avait pas besoin d’un long débat intérieur pour répondre invariablement : Tuer Melenkurion. Finir le travail, comme il disait. Mais l’avait-il seulement commencé un jour ? Ses compagnons avaient eu des idées de réponse et de questions tantôt étranges, tantôt intéressantes puis il y’avait eu sa demande. Non, une erreur sans doute. Puis la fois suivante, à quelques nuances près, la même demande. Il comprit. Il ne savait que trop bien ce qui arrivait. Elle voulait tout. Le connaitre, LUI. Le suivre, LUI. Et accéder à travers lui à tout ce qu’elle avait toujours désirer. Un savoir qui lui ferait dépasser sa condition, elle qui avait toujours su que quelque chose de plus grand l’attendait ! Oui, partir avec lui, loin des mortels, loin des faibles. Une trahison quotidienne, tapis dans les fonds de bouteilles de vins ou dans la mousse des chopes de bière. Encore et toujours depuis vingt ans, plus ou moins. Pourquoi ne mentirait-elle pas une fois de plus, maintenant, pour enfin l’achever après avoir empêcher le monstre de le tuer pour de bon ?

    Il n’était que douleur. Comment et pourquoi ? Parce que tu es un fou, Bannor, hurlait à quelques mètres la mâchoire vide du gnome qui partageait sa perception de l’espace : un plafond vu d’en bas, de la roche volcanique peut-être. Les pommes tombent rarement loin de l’arbre. Il étaient tout deux noyés dans la contemplation de leur échec, l’un plus mort que l’autre. La mort, cette garce, n’avait jamais cessé de le quitter mais elle était là aujourd’hui, pour lui. La voilà enfin, l’imminence redoutée d’un trépas obligatoire. Elle n’aurait même pas à l’accompagner dans sa chute car il était déjà au sol, la poitrine brisée, les côtes en miettes. Qu’on lui joigne les mains avec son fauchard pour un dernier semblant de gloire, ici, maintenant, et qu’on le laisse fermer les yeux. Non ! Il n’avait jamais détourné les yeux. Ni quand on lui avait retiré son titre de chevalier répurgateur de l’Ordre Impérial ni quand il avait, en vain, donner l’ordre de tuer les femmes et enfants d’une tribu de skavens pour débusquer les mâles du clan. Je suis là, enfoiré, je suis toujours là, avait-il difficilement craché d’une maigre voix en escomptant désespérément qu’Elle avait pu s’enfuir à la faveur d’une magie dont Elle avait le secret. CHOISIS. Ce simple mot l’avait frappé et traversé comme s’il était une mouche égarée sous la cloche du grand tocsin de la capitale impériale. Le sol n’était plus qu’un océan noir de jais et lui une planche vermoulue dont la flottaison ne survivrait pas à la prochaine vague. Il n’avait maintenant plus de force pour bouger ne serait-ce qu’un seul doigt et pas davantage de force pour exprimer une dernière réplique bien sentie, un baroud d’honneur dont il rirait en succombant. A sa surprise, le poids sur sa poitrine s’allégea un instant. Confirmant des fractures dont il n’avait pas encore eu conscience, cette légère libération relâcha la tension de ses épaules et de sa nuque pour permettre à sa tête une mobilité plus que nécessaire. Il avait ainsi pu la pencher pour cracher un filet de sang et de bile et prendre une bouffée d’air malheureusement chargée de souffre. C’est là qu’il l’avait vu, comme un oiseau vu d’en bas. Elle n’avait pas fui. il avait alors eu un hoquet de rire nerveux qui lui brula la poitrine. Elle était là. Elle était sienne et il était sien. Comment avait-il pu croire qu’Elle l’abandonnerait sans combattre? Ces choses que je fais par amour, lui disait-il souvent pour justifier ses excès et balayer toute velléité de résistance à ses ardeurs. C’était elle, ce jour là, qui allait lui montrer de quoi elle était capable. Elle avait marché et levé la main vers le monstre qui… qui avait obéit en baissant son immense gueule à sa hauteur. Depuis quand était-elle si puissante ? se demandait Bannor éberlué. Et quoi maintenant ? Allait-elle, comme ces champions mythiques du passé, tellement le rosser qu’il obéirait comme une monture soumise et docile quand elle le chevaucherait ? Ca n’avait pas de sens. L’avait-elle charmé ? Etait-ce seulement possible ? Emmènes-moi, Melenkurion. Bannor avait du rêver. Rêver l’expression satisfaite du monstre. Emmènes-moi, Melenkurion. Rêver que ses derniers os se brisaient à nouveau sous l’étau des griffes, rêver que son corps ne faisait plus qu’un avec le sol meuble de cette grotte. Emmènes-moi, Melenkurion. Il n’avait rien entendu d’autre, ni le déploiement des immenses ailes qui réduisirent drastiquement le peu de lumière naturelle qui rentrait dans la grotte ni le dernier craquement de sa cage thoracique tandis qu’il sombrait dans l’inconscience.

    Ils avaient finis par trouver le cratère et, plus sûrement que s’il y’était tombé lui-même, le sol s’était dérobé sous ses pieds. Mais non, cette fois, il resterait debout malgré le tournis qui s’emparait de son crâne, cette fois, il pourrait vraiment lui répondre. Combien de fois avait-il fait le chemin à rebours de ses déboires pour espérer enfin envisager de se rasseoir ? Et bien, vas-y, pars ! Pars avec lui ! C’est ça que tu veux ? Je le vois bien ! Il avait cru qu’elle comptait pour lui et c’était la vérité. Il avait cru compter pour elle mais c’était faux. Vingt ans à attendre de l’envoyer au diable. Vingt ans pour gâcher une occasion récente manquée sous le coup de la surprise. Vingt ans pour se faire embobiner encore et s’entendre dire « Je voulais sortir de ton ombre. Mais quand je l'ai fait, il n'y avait aucun soleil. » Il avait fallu percer le voile de l’illusion pour comprendre qu’elle se jouait encore de lui. Cela n'arrivera plus, pas deux fois, jamais ! Et bien, tu ne réponds pas ? N’as-tu pas un dernier mensonge à offrir ?

    IL avait tout écouté sans intervenir. IL avait vu la jeune femme endurer des accusations désordonnées et sans fondement. Elle n’avait pas reculé d’un pas et était resté là, pour cet homme égaré et meurtri qui avait besoin d’elle. IL prit la parole pour expression sa compassion et assembla une porte, un passage symbolique pour aider Bannor à vivre autrement. Bannor se souvint avoir demandé cela aussi quand il avait compris qu’il n’aurait pas d’aide pour tuer Melenkurion : Comment savoir où un portail nous mènera ? Ah ! Qu’il était facile de se voir répondre que la réponse est à l’intérieur de chacun de nous. Et pourtant, quelque chose dans l’air flottait, comme un vent frais pour revigorer son visage, comme un murmure de soutien indéfectible, comme une bouteille à la mer qui trouvait son chemin contre vents et marées pour arriver jusque dans ses mains.

    C’était la dernière. La dernière gorgée pour espérer voir quelque chose. Il n’était pas question d’avancer à l’aveugle.

    Bannor ressenti une saveur volatile à mesure que le liquide descendait dans sa gorge. Surpris de cette sensation, il baissa le visage comme pour mieux la comprendre. Sans vraiment sans rendre compte, il ferma la bouche et inspira doucement par le nez pour ventiler l’arôme de cette liqueur. Sa langue, son palais et les parois de sa bouche transmirent à son âme une première sensation de texture et d’intensité bientôt suivi d’une foule déterminée à bousculer ses muqueuses. Le sucré céda la place à l’amertume qui céda la place à une acidité légèrement salé. Ce fut finalement une note astringente et légèrement fruitée, imperceptiblement lactée et huileuse qui s’installa durablement dans son esprit. Il releva le menton tandis qu’une étrange alchimie faisait son oeuvre.

    Il retrouvait la vue. Il voyait maintenant dans le noir. Tout n’était maintenant que nuances de gris, le feu de camp, les tentes, les chevaux, les compagnons d’escouade, la végétation, elle, lui, tout. Tout sauf une mer ambrée, paisible et lumineuse, une mer qui le garderait toujours à la surface. Il compris alors que quand il avait cru l’extraire de l’eau, c’est le contraire qui s’était produit. Elle l’avait mené à elle pour lui montrer qu’on pouvait flotter quels que soit le poids des fautes qu’on croyait devoir s’infliger, lui montrer qu’aucun mensonge ne pouvait s’opposer à la vérité nue.

    IL parla encore et une fois encore avait raison. Oui, avoir confiance, c’était ça qui lui manquait depuis si longtemps.

    En inspirant, Bannor se redressa. L’ombre avait disparue pour céder au soleil ôcre la place qui était la sienne. Serein, ses joues se creusèrent pour dessiner un sourire. Le ragoût de sa vie méritait bien un arôme de chocolat et le croquant de la noisette.

    Well I've got thick skin
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty SERVIR L'EMPIRE

    Message par Bannor Dim 17 Mai - 20:32

    Bannor n’aimait pas ces créatures. Elles ne représentaient rien pour lui, pas même l'honneur dû à n’importe quel adversaire. Entre homme et hyènes, les gnolls avaient gardé de l'animal la sauvagerie, des sens aiguisés et une résistance peu commune. De l’humain, ils avaient adopté la posture, se redressant sur leurs pattes antérieures. Ils étaient généralement d'une taille équivalente aux hommes mais la découverte de l'individu de ce jour là avait détrompé Bannor sur l'existence d'une règle absolue. Il avait estimé que celui-ci dépassait peut-être les deux mètres. Il était difficile de toute manière de juger de la taille d'une créature qui passait sa vie voûtée en avant, prête à bondir à la gorge du premier venu. Peu de ceux qu'il avait croisé était capable de parler le commun et ils semblaient souvent mal conçus, difformes, toujours en proie à l'une ou l'autre maladie. Par-dessus tout, les gnolls étaient d'une lâcheté sans égale et Bannor avait pensé que ces pirates surestimaient largement leur force. Bannor avait alors débité son laïus d’un ton monocorde presque dédaigneux.

    « Vous avez commis une erreur, gnolls ! Ce navire est sous notre protection. Il y’a eu assez de blessés alors… restons en là. »

    Il avait jeté un œil distrait et un peu cynique au corps du marin qui gisait à coté. La mort faisait partie de la vie d’un chevalier de l’Ordre Impérial. Les gnolls avaient pris l’avantage en attaquant par surprise le bateau. Certains avaient approché avec une barque à fond plat et les autres s’étaient laissé tomber des grandes branches sous lesquelles le capitaine avait voulu mettre une partie du bateau à l’ombre d’un soleil étouffant. Mais leur avantage s’était envolé quand Bannor suivi de son escouade était sorti sur le pont, interrompu dans ce délicieux repas préparé par son ami le gnome Jansenn. Bannor aurait bien volontiers donné l’ordre de tuer ces hyènes sur le champ et les détromper douloureusement sur ce qu’ils avaient cru être une prise facile. Mais l’illustre famille des Eskandar était elle aussi sur le pont… Un seul de ces nobles valaient bien plus que la vie de tout l’équipage du bateau, déjà grandement décimé. Si seulement Bannor n’avait pas cédé à la demande de certains trouffions, désireux de partager son repas et écouter - encore - les récits de ses victoires. Première erreur. En jetant un regard au patriarche Eskandar, Bannor entendait déjà la chanson qui suivrait cet affrontement : le seigneur voudrait continuer le périple, conforté dans ses recherches par la découverte de cette grande ile bien éloignée de Terquepan où ils venaient d’accoster. Une découverte ? Ca restait à prouver vu qu’il y’avait à minima des skavens qui la connaissait déjà. Mais qu’avait-il eu besoin d’embarquer toute sa descendance avec lui ? Bannor leur adressa un bref sourire pour les rassurer. Il décida de chasser de ses pensées le sourire en retour de la fille Eskandar, qui l’avait déjà gratifié de plusieurs oeillades discrètes depuis leur départ du continent, et repris son travail de sape contre le chef gnolls.

    « Rompez vos rangs, maudites hyènes, et retournez dans votre trou ! Nous vous laisserons la vie sauve pour cette fois. »

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Gnoll10

    Dans son intonation, indéniablement, c'était l'autre lui qui avait parlé, celui qui reléguait au second plan le Bannor qui utilisait sa jugeote. Peut-être que l’odeur du sang avait fait ressortir ce paladin-là, le bras armé de la justice. Ou peut-être simplement le fait de s'être cru invincible le ramenait malgré lui à sa gloire des champs de bataille. Ces soudaines pensées mégalomanes s’étaient estompés très vite lorsqu'il s'était rendu compte que rien n'avait bougé sur le pont. Son ultimatum n'avait pas fait mouche, au contraire. Le grand gnoll noir avait cessé de sourire et plissait maintenant les yeux dans sa direction. C'était à ce moment précis, dans ses quelques secondes de blanc, qu'il avait compris. Compris que quelque chose s'était décroché, que tout cela ne se passait pas comme prévu. Que c'était la merde.

    Avec le recul, c'était clairement ici qu'il situait sa première grande erreur : mal jauger son adversaire. il avait été présomptueux. Il avait pensé contrôler la situation face a des ennemis qu’il ne connaissait en réalité que très peu. Le chef de meute avait sifflé un ordre ou une menace dans ses dents. Quelque chose qui s'approchait plus du bruit d'un festin de vautours que d’une langue civilisée. Il n'avait pas compris le sens de ce couinement rapide. Bannor n'avait pas pu prévoir la suite et avant qu’il n'ait pu réitérer son ultimatum, les hommes hyènes s’étaient glissés, presque liquide, dans le groupe encore vivant de l’équipage et de la famille Eskandar. Merde. Ils étaient plus rapides que prévu et la situation lui échappait. Légèrement.

    Chacun des pirates avait pris un prisonnier en joue et avait placé sous sa gorge un couteau à large bord. D'un seul et même mouvement, Bannor avait dégainer son épée et arracher son manteau de voyage, laissant ainsi apparaître l'épaisseur armure blanche frappée du poing de l’Ordre.

    On change de méthode, avait-il pensé rapidement avec inquiétude.

    « Par l’Empire, rendez-vous, engeances. Vous n’avez rien à gagner si ce n'est la mort ! »

    Ses hommes avaient fait de même et ils se massaient maintenant derrière lui en formation. la tension était monté d'un cran mais les gnolls n'avait pas semblé inquiétés par cela. Le regard rivé sur leur chef, ils restaient immobiles, comme hypnotisés. Bannor ignorait si les sous-fifres avait seulement compris ses menaces. Seul le chef se dressait fièrement face à lui, le toisant d’une grimace amère. Bannor avait frissonné à nouveau à la taille de la bête. il était deux fois plus massif que les autres et arborait une armure composée des restes de tout ce qu'il avait bien pu croiser sur son chemin. Un goût de la composition qui laissait clairement à désirer et tournait au morbide lui avait fait garder et mettre en avant sur son armure rafistolée les épaulières de plusieurs corps de gardes de l’Empire. Bannor reconnu les tassettes d’un officier de l’est ainsi qu'un bout de mailles ayant dû appartenir à un précepteur du Trésor. D'autres morceaux éparses, du fer nain et la plaque d'un milicien de la capitale, attestaient de ses pillages. Les dieux seuls savait comment il en était arrivé là. Bannor nota qu'il n'y avait pas de trophées de l’Ordre. C'était donc la première fois que le gros gnoll tombait nez à nez avec un de ses champions. Bannor l’avait deviné dans ses yeux : son nouvel ennemi l’intriguait et l’avait mis en appétit.

    «  Lâchez vos armes, avait-il tenté à nouveau. Partez et vous vivrez jusqu'à notre prochaine rencontre ! »

    Dans le silence qui suivit, le monstre l'avait fixé et avait fait claquer sa langue sur son museau. C'est là que Bannor avait fait sa seconde erreur. Ca avait été la première fois qu'il croisait des gnolls comme ceux-ci mais il n'en avait pas tenu compte. La majorité de la population gnolls de Terquepan vivait à l'ouest du continent dans un lieu sordide appelé la Cheminée. Il y avait eu de nombreux combats il y a longtemps mais avec l'arrivée de la seconde Grande Guerre, un pacte avait vu le jour et les chevaliers de l’Ordre de l'époque n'avait dès lors eu affaire qu'à des petits groupes de pillards, des bandes minables et souvent malades durant ces années là. Avant cette mission d’escorte maritime, Bannor avait déjà nettoyé des camps et exterminé des petits brigands, fait « quelques peaux », comme on disait dans les coulisses de l’armée.

    Mais eux… ils n'étaient pas errants et aussi proche de l’animal. C'était nouveau et pas bon du tout. Certains se ressemblaient étrangement. Des oreilles découpées différemment, un cou large et surtout cette taille anormalement grande, voutée vers l’avant, tous de la même manière et cela l'avait frappé. Ils partageaient beaucoup de traits physiques. Contrairement à tous les autres qu'il avait pu combattre, ceux-ci étaient du même sang. C'était donc ça, un de ces fameux clan gnoll, une famille organisée. Les deux groupes se faisait toujours face, tendue l'un vers l’autre, les soldats prêt à fondre sur les gnolls qui tenaient toujours les otages en joue. C'est ce moment-là que Bannor avait choisi pour jouer son va-tout en voulant taper sur ça, précisément. Le côté famille. Une immense connerie. La troisième en peu de temps.

    « Toi, avait-il scandé en pointant son épée vers l'imposant gnoll, dis à tes fils de se rendre sur le champ ou ton lignage bâtard s’arrête ici ! »

    Le gros mâle avait à nouveau lentement penché la tête sur le coté et sourit encore l'espace d'un instant court, comme s'il venait de constater ce qu'il avait à perdre.

    « Avec les salutations des Taille-Gosiers », avait grimacé le monstre. Puis il avait baissé les yeux et lancé son grand couteau sur le plancher en signe de reddition aux pieds de Bannor. Après un cri court et trident qu'il avait lancé à ses troupes, tous les pirates avait fait de même et le pont tintait du bruit des couteaux tombés au sol. Bannor avait eu un soupir de soulagement et avait baissé son épée. Derrière lui, les soldats s'était également détendu furtivement et les arbalètes avaient cessé de grincer sous la pression des gants de fer. D’un bon spectaculaire, le patriarche gnoll avait plongé depuis le bastingage dans les hautes herbes en riant aux éclats. Bannor n’avait pas compris tout de suite et les secondes qui avait suivi semblèrent se dérouler au ralenti pour lui comme pour le reste de ses hommes. Dans un rire frénétique, tous les gnolls restés sur le bateau et a priori sans arme s'était redressés et en un éclair, avant que Bannor ne puisse réagir, les gnolls avaient refermé leur mâchoire sur la gorge de chacun des otages.

    « Non », avait-il hurlé, incrédule. Une volée de carreaux était parti mais quelques secondes trop tard, évidemment. Les homme-hyènes, la gueule en sang, bondissaient déjà par dessus bord, hilares, et disparaissaient, avalés par la jungle. Pris au dépourvu, les soldats avaient chargé mais atteint la gaillarde avant sans trouver personne à y combattre.

    Un navire sans équipage où s’était regardé, hébétés, une vingtaine de soldats surentrainés, l’épée à la main, inutiles. Blessés sans avoir combattu et vaincus sans avoir encaissé le moindre coup. Sans avoir pu se défendre. Cette mission, Bannor s’en souviendrait surement toute sa vie et ses compagnons aussi. Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi les gnolls avaient pris la décision d’exécuter tout les otages au lieu d’en tirer un formidable rançon. C’était ça, la vraie terreur. Etre au mauvais endroit, au mauvais moment. Mourir pour rien, mourir par hasard et sans que cela ne profite à personne.

    Bannor voulait détourner le regard mais ne pouvait pas s’empêcher de fixer les corps. Son esprit ne réagissait plus correctement et il n’arrivait plus à contrôler ni faire fonctionner sa carcasse efficacement. Le sang coulait lentement sur le pont et il n’avait pas même bougé quand la grande nappe noire était entré en contact avec ses bottes et lui avait mouillé les pieds, à travers le cuir. Dans ce sang, on ne retrouvait pas le cérémonial des exécutions qu’il avait pu mené. Personne n’avait été pris de la frénésie du combat dont le fracas des lames et des cris couvraient ce son. Ce son qu’il entendait pour la première fois. Le gargouillis d’une douzaine de gorges qui continuaient à se vider lentement. Un bouillonnement à l’unisson comme si le navire étaient en train de couler. Cela résonnait dans ses tempes sans qu’aucun autre son ne vienne le perturber. Personne ne bougeait de peur de faire clapoter le sang dans lequel certaines bottes baignaient.

    Un des novices, pour lequel c’était sa première mission, était resté bloqué sur la gorge du capitaine égorgé, les pieds à quelques centimètres du cadavre figé lui aussi dans une expression incrédule. Il prit soudain la parole et demanda avec une candeur innocente et déplacée :

    « Mais qui va nous ramener à la maison maintenant ? Je sais pas conduire un bateau, moi… »

    Cette phrase était passée à travers Bannor comme une bourrasque et l’avait propulsé hors de sa transe. Il avait repris possession de ses moyens. Il fallait qu’il se saisissent des rênes de la suite. On n’allait pas… L’Ordre n’allait pas se laisser faire par une bande de pillards. Des pillards qui avaient massacré des civils sans défense. Et pourquoi ? Par jeu, par défi ?

    Il devait remettre les idées en place de ses hommes qui tenaient encore mollement leur armes mais il avait décidé de différer ce devoir qui lui incombait. Laissant ses hommes sur le pont, il était descendu dans la cale après avoir appelé Jansenn pour le rejoindre. Il y’avait là un prisonnier, un tengu qu’ils avaient plus capturé que ramassé lors d’une halte sur les îles proches de Terquepan. L’interrogatoire qu’avait alors mené Bannor n’ayant rien donné à cause de la barrière du langage, ainsi que l’absence d’autorisation impériale de déplacement du prévenu, avait conduit à son enfermement. Moins intransigeant que le chevalier, le gnome avait durant la traversée pris soin du tengu qu’il avait bien nourri. Bannor avait confié mission à Jansenn de tirer quelque chose d’utile du prisonnier sinon il se chargerait de donner sa carcasse aux vautours. Il fallu des trésors de diplomatie pour que le gnome parvienne à convaincre le chevalier de les laisser seuls.

    Quand il remonta, il trouva les soldats enfin sortis de leur stupeur. On lui rapporta la bonne nouvelle : un des leurs n’étaient pas totalement ignare en navigation. Un autre qui sentit l’orage approcher exprima qu’il faudrait ramener les corps des Eskandar à Terquepan pour des funérailles princières. Déjà, les soldats regroupaient les vivres, hissaient les voiles et prenaient en main l’accastillage. Bannor renifla et reconnu cette odeur. Ils puaient la peur. Ou bien était-ce sa propre odeur ?

    Sentir le plancher tanguer l’avait fait sursauter. A la faveur du ressac marin, ils étaient déjà en train de s’éloigner de la horde d’assassins. Il avait parcouru en quelques pas la distance qui le séparait de la raison du soudain mouvement du navire. Furieux, il bouscula sans ménagement les deux soldats qui avaient presque finit de remonter l’ancre d’adamantium du Célestial. Il frappa le levier qui relâcha la lourde chaine dans un vacarme métallique que les soldats auraient préféré ne pas entendre. L’arrêt brutal du galion avait fait tomber deux soldats dans la mare de sang. Bannor avait de nouveau dégainé son épée, non plus pour des menaces vaines mais pour la coincer dans la barre de manoeuvre de l’ancre. Un silence lourd avait parcouru les soldats qui échangèrent quelques regards, s’interrogeant sur la conduite à tenir ou à la recherche d’un soutien qui ne venait pas.

    Bannor avait traversé les rangs en les regardant un par un tout en déclamant certaines règles qu’aucun n’ignorait.

    « Quiconque touche l’arme d’un chevalier de l’Ordre s’il n’est pas forgeron impérial est passible d’une peine de mort. »
    « Quiconque refuserait d’obéir aux ordres de son supérieur pourra être reconnu coupable de fomenter une sédition contre l’Empereur. »

    Bannor avait atteint le bord du navire pour leur tourner le dos et scruter la jungle. Le regard fixe dans l’épaisse végétation, il avait pris sa flasque sertie d’ivoire.

    « Choisissez… Choisissez vite avant que j’ai fini de boire. »

    Quand il se retourna vers eux, ils se tenaient en formation, hésitant entre soutenir son regard ou l’éviter en reluquant le plancher.



    Jansenn se tenait sur le pavillon arrière avec le tengu. Ils effectuèrent ensemble des gestes cabalistiques qui produisirent un halo, halo qui prit possession d’une corneille venue d’on ne sait où. L’aura avait progressivement disparu à mesure que le corvidé s’envolait.

    « Dis-moi où ils sont, mon ami. » avait simplement ajouté le gnome en souriant au tengu. Comment le prisonnier et Jansenn arrivaient-ils à se comprendre ? Bannor s’en était d’abord moqué. Quand il avait dit au gnome qu’il ne voulait pas emmener l’emplumé dans la jungle, Jansenn avait juste répondu :

    «  C’est ton fauchard que je vais emplumer. »

    Une heure plus tard, Bannor s’enfonçait dans la jungle avec l’enchanteur gnome et dix-neuf soldats.

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Captur26

    Au celui qu’il laissait à bord, il avait donné l’insigne honneur de défendre seul le navire devenu propriété impériale. Seul, avec un prisonnier assurément sorcier, seul contre une jungle sournoise, seul avec un plancher vermillon à nettoyer, seul avec des cadavres à nettoyer et embaumer avant que le corbac ne les mange, aux dires du chevalier. Seul avec son propre vomi d’effroi à nettoyer. Le jeune blanc-bec était terrorisé, lui qui n’avait jamais navigué.




    EPILOGUE

    L’homme mince et élancé s’était glissé entre les majestueuses colonnes pour un entretien privé qui ne serait consigné nulle part. Il avait attendu sans mot dire, sans jamais s’impatienter, le signe qui l’autoriserait à parler. Voir ce signe, sans jamais quitter le sol de vue, était devenue une chose qu’il maitrisait, entre autres talents. Et finalement :

    « J’ai une sombre et triste nouvelle concernant l’expédition de la très estimée maison Eskandar, votre …
    Au fait.
    Mes excuses. La lignée des Eskandar n’est plus.
    Nous sommes tristes. Pardonnons-leur leur tentative de sédition.
    Je… pardon ?
    Vouloir se soustraire aux frontières est une sédition. Préparez des funérailles à la hauteur de notre chagrin.
    Il en sera fait selon vos ordres. Et si…
    Parlez.
    Je crains que d’autres voudront partir en exploration.
    Notre chagrin n’en sera plus grand. »

    L’homme mince savait que le moment était venu de reculer de sept pas, avant de faire demi-tour. Il n’avait cependant pas délivré tout ce qu’il avait à dire si bien qu’il demeura sur place, priant intérieurement pour éviter son juste châtiment.

    « Quoi d’autre ?
    Le chevalier de l’Ordre qui dirigeait l’escorte. Il a failli les sauver », avait-il répondu en déglutissant en devinant la pointe d’agacement de son maitre. « Il a poursuivi les assassins…
    Ont-ils parlé ?
    Non. Ce chevalier ne fait pas de prisonniers. Que devons-nous…
    Il a échoué. Il n’est plus chevalier de l’Ordre.
    Bien entendu. Je fais préparer son procès.
    Mais il a dispensé la justice impériale à des races impies jusque loin de nos frontières. »

    L’homme élancé avait compris à l’intonation que son maitre réfléchissait à quel décision prendre. Il  demeura immobile en regardant le sol sur lequel il avait appris à lire dans les mouvement des ombres projetées sur le marbre froid. Il avait compris que son maitre s’était adossée dans son trône et avait saisi un calice qu’il portait à ses lèvres. Un calice qu’il devrait récupérer et ajouter aux reliques sacrées. Le décret tomba.

    « Il servira l’Empire qu’il débarrassera de ses monstres. »

    Ce texte adapté pour la campagne Pathfinder des marches de l’Ouest est très largement inspiré des récits de « Les éditions du Blanc-seing » (Chaine Youtube et page Facebook du même nom).Merci de ne pas partager ce texte sans cette mention !



    Dernière édition par Bannor le Jeu 18 Fév - 18:52, édité 2 fois (Raison : Remplacement de la race des ennemis par des gnolls (18/02/2021))
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty IL N'Y A PAS DE TERRE SACREE POUR LES PERDANTS

    Message par Bannor Dim 17 Mai - 20:59

    Trempée jusqu’aux os, la jeune femme ne put retenir une expression de dégoût en pénétrant dans ce bâtiment qui avait du être autrefois un corps de ferme. Elle qui s’était retenue de demander la signification de ces deux lanternes qui éclairait l’entrée d’une lumière violacée, elle n’avait maintenant plus de doute : ce ne pouvait être qu’un bordel, comme l’appelait les gardes de son père. Elle avait déjà entendu des conversations sur ces lieux où les hommes venaient dépenser leur soldes. En voyant les femmes présentes, d’âge divers et passablement dévêtues, elle ressentit de la peur : qu’allait-on dire d’elle, lady Elianor de Castellane, si on la reconnaissait dans pareille situation ? Toute fille cadette qu’elle était, elle devait en chaque instant préserver l’honneur de sa maison. Mais… Emmon, sire Emmon, il comprendrait !

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire White-10Bannor, échoué au Poing de l'Empire Img_0110

    « Sire Emmon, de grâce, ne pouvons-nous pas aller ailleurs ? Sommes-nous vraiment si loin de ce manoir ? demanda-t-elle d’une voix suppliante.
    Je suis désolé, ma dame. Il n’est pas prudent de vous faire voyager de nuit sous pareil averse.
    Je ne suis plus une enfant et… vous devez m’obéir ! »

    Le jeune chevalier la regarda sous un jour nouveau et réalisa l’étendue de son trouble.

    « Commandez et j’obéirais. Mais vous commanderez demain, quand il fera jour et pas de nuit en tombant malade dehors alors que je n’ai pas de soigneur avec moi. Vous ne risquez rien ici, je vous le promet. Je vais vous faire dégager la cheminée et nous partirons à l’aube de bonne heure. »

    Depuis qu’ils avaient du abandonner le carrosse sur la route boueuse, tout allait de mal en pis. Les efforts vains pour dégager le véhicule sous des trombes d’eau, l’absence d’aide dans cette région maudite et cette marche forcée jusque cette bâtisse en amont de leur destination. Sire Emmon ordonna à son jeune écuyer de s’occuper des montures. Un regard à la chambrière de la lady la sorti de sa torpeur. Celle-ci s’affaira à défaire la lourde cape de voyage du chevalier des épaules d’Elianor qui se trouva alors soulagée d’un poids non-négligeable. Le tissu dense et gras avait protégé ses beaux atours et ses soieries. Malgré la faible luminosité ambiante, sa tenue scintillait de mille feux.

    Lady Elianor portait une robe près du corps avec de longues manches et parée d’une ceinture large et longue marquant la taille, se croisant dans le dos pour se nouer devant. Une fourrure d’hermine encadrait ses épaules et un surcot sans manches parsemé de minuscules joailleries parfaitement alignées finissait de lui conférer l’aura mystérieuse de la grâce prédestinée. Le silence qui suivit la découverte de sa personne ne fut perturbé que par les murmures d’admirations des filles de joie. C’est surement elle, disait-on, celle qu’va épouser l’fils ainé des Hightower. Vraiment ? Mais si, que j’te dis, sinon elle porterait une coiffe pour cacher ses cheveux. Même qu’c’est à ça qu’on r’connait une pucelle noble.

    Elianor avait appris à garder le silence en société si bien qu’elle avait développé une ouïe excellente. Malgré l’élocution laborieuse et les accents gutturaux, elle ne manqua rien des chuchotements de commères. Quelque chose craqua en elle, quelque chose qui manqua de briser son visage de porcelaine.

    Ser Emmon négocia sans compter ses écus un large périmètre autour de la cheminée. Sretena, la vieille matrone, céda en riant et en commentant qu’avec ce temps de chiotte, elle n’aurait ce soir aucun problème de surpopulation et qu’on s’ennuierait comme un rat mort. Elianor avait l’impression que tout le monde la dévisageait et n’arrivait pas à maitriser les mouvements nerveux de ses grands yeux. A mesure qu’elle séchait et maintenant qu’elle était installée et entourée des visages connus du chevalier, de l’écuyer et de la chambrière, elle retrouva une dignité parfaitement maitrisée par des années d’éducation et de maintien exemplaire. Goûtant du bout des lèvres la nourriture qui lui était proposée, elle déclina systématiquement en prétextant ne pas avoir faim. L’écuyer faisant moins le difficile. Elianor dut dire à sa chambrière qu’elle voyait se dandiner sur son banc de manger si elle avait de l’appétit. Celle-ci la remercia rapidement et commença à dévorer son assiette de ragoût. Le chevalier mangeait peu et semblait visiblement nerveux de ne rien pouvoir faire pour que leur tablée ne soit pas l’objet de la curiosité des pensionnaires de ce refuge indigne.

    Les marmonnements incessants de la matrone qui pestait de voir sa tambouille dédaigné perturbèrent indirectement le calme relatif de la soirée. Agacée par les simagrées de la matrone, Silva, une beauté brune pensionnaire du lieu, entrepris de débarrasser la grande table des nombreuses écuelles de nourriture gâchée. Ce faisant, elle provoqua un mouvement de sursaut de la lady et renversa une des assiettes. Le silence qui s’ensuivit vit la chambrière se précipiter pour nettoyer la manche d’Elianor à peine éclaboussée. La lady explosa après un bref tremblement annonciateur de tempête.

    « Regardez ce que vous avez fait ! Eloignez-vous de moi, sale… »

    Ses mots moururent dans sa gorge en croisant le regard dur de la femme debout devant elle. Silva, qui n’avait pas bougé d’un pas, entrepris même de compléter la phrase restée en suspens.

    « Pute ? Catin ? Fille de joie ? »

    Estomaquée, Elianor écarquillait les yeux de surprise. La porcelaine se fissurait.

    « Connaissez-vous la différence entre une prostituée et une noble ? reprit Silva. La première a des amants successifs, la seconde est vendue à un propriétaire exclusif. »

    La lady eut un hoquet de stupeur. Intérieurement, Elianor manquait d’étouffer. Quand elle retrouva son souffle, ce fut pour réaliser qu’elle n’arriverait pas à retenir ses larmes. Silva plissa les yeux en penchant la tête pour observer cette petite colombe tandis qu’un homme vautré non loin  devant plusieurs chopes de bière riait dans sa barbe. « Ha, elle est bien envoyé, celle-là. Faudra que je m’en rappelle. »

    Sire Emmon se leva et jeta un regard noir au malotru avant de toiser tout un chacun avant de comprendre qu’Elianor pleurait. Ce fut comme un coup de poing qui le frappa en plein ventre. Lui qui avait largement payé le prix de leur tranquillité ne trouva pas d’autre réponse à sa perte de repères que de céder à la colère qui l’envahissait. Dans un mouvement de recul, Silva eut juste le réflexe de tourner la tête et de lever sa main pour se protéger.

    La gifle n’atteignit pas sa cible. L’homme qui ne devait pas être si ivre que cela avait jailli d’un bond pour bousculer le chevalier. Sire Emmon manqua d’être renversé mais se rattrapa à un poteau sur le chemin de sa chute puis d’un seul geste, se retourna en dégainant son épée. Il y’eut un cri, une carafe renversée, une odeur de mort. Devant l’épée, l’impudent pencha lentement la tête sur le coté et sourit encore l'espace d'un instant court, comme s'il venait de constater ce qu'il avait à perdre. Soumis, il se recroquevilla en levant une main craintive sans quitter des yeux la pointe d’acier. Sire Emmon eut un soupir de soulagement et baissa son arme. Soudain, faisant apparaitre un poignard dans son autre main, l’homme se redressa en un éclair pour bondir sur le chevalier qui se retrouva plaqué au poteau de bois, une lame sous la gorge. Bannor rapprocha son visage de celle de sire Emmon pour lui souffler d’une haleine éthylique et d’un ton amer « avec les compliments des Tailles-Gosiers ».

    « Arrêtez, je vous en supplie, supplia lady Castellane qui se redressa malgré la peur qui coulait dans ses veines. Par pitié, prenez cet or et laissez-le. »

    Les idées un peu brumeuses, Bannor s’appliqua à prendre conscience des positions de chacun. Il ne restait qu’une seule menace. Une légère pression du tranchant de sa lame sur la gorge du chevalier força ce dernier à lâcher son épée. Dodelinant molement la tête d’un mouvement qui disait non, il libéra sire Emmon et reculant de deux pas maladroits. Peinant encore à comprendre ce qui venait de se produire, le chevalier tâta sa gorge d’une main pour vérifier s’il saignait. Aliénor était maintenant près de lui, visiblement soulagée de ne pas le perdre. Sans quitter des yeux ces illustres visiteurs, Silva se rapprocha d’un pas de Bannor.

    «  Je vous ai rien demandé. 
    Moi non plus. » répondit-il en reniflant.

    A ce moment là, personne à part Sretena n’aurait pu voir l’imperceptible sourire de sa fille préférée.

    Le calme était revenu dans la bâtisse. Les rares clients consommateurs d’étreinte tarifée étaient partis depuis un moment. Les autres, les voyageurs qui n’étaient pas d’ici, se virent octroyer des  chambres aux décorations bariolés. Lady Aliénor était maintenant seule avec Silva. De l’autre coté de la salle, sire Emmon ne les quittait pas des yeux, très curieux de ce qu’elles pouvaient bien se dire, très curieux de pourquoi Aliénor ne cessait de se triturer nerveusement les mains. Comme si elle avait deviné sa honteuse curiosité, la prostituée avait tourné la tête vers lui bientôt suivi d’un mouvement identique de la lady…

    Bannor se réveilla en sueur au milieu de la nuit, convaincu que des griffes immenses étaient en train de l’écraser au sol tandis qu’une voix cristalline se riait de lui. Il mit un certain temps à retrouver une respiration mesurée. Le silence de la nuit aidant, il perçut un léger bruit, distant et saccadé. Il soupira en se rappelant qu’il avait vidé depuis un moment sa bouteille de vin. En s’appliquant à se rendormir, il songea qu’il aurait également dû négocier qu’on lui coupe quelque cheveux en plus de cette chambre miteuse.

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Sirius10

    Il eu l’impression qu’il venait à peine de se rendormir quand il fut tiré du lit par Sretena pour aller prêter main forte à débourber le carrosse. Bien que participant à rebrousse-poil, sa contribution aux efforts du chevalier et de son écuyer allait permettre à lady Castellane de rejoindre le grand manoir des Hightower dans un véhicule digne de son rang. En montant à bord, Elianor salua Silva d’un long regard plein de gratitude.

    Bannor se sentit la nécessité de dire quelque chose. Quand il lança au chevalier qu’il ne devait jamais baisser l’épaule de son bras d’épée, sire Emmon se contenta de souffler et fit faire volte-face à sa monture après un bref signe de tête à la matrone et à Silva.

    « Ha ! Y’a rien de plus inutile qu’un homme qui donne des conseils à un autre homme, siffla la vieille. »

    En voyant le sourire complice des deux femmes, Bannor commença à associer quelques évidences : les larmes de la lady, sa peur qu’il tue le chevalier, son long entretien avec Silva, la nervosité du chevalier à la conduire à son futur époux, les bruits nocturnes. Sacré gamine, songea-t-il.

    Les deux femmes commençaient à revenir dans la bâtisse quand il insista comme le fouille-merde qu’il n’avait jamais cesser d’être.

    « Dites voir… Comment ça va se passer pour elle si on découvre qu’elle n’est pas… plus… vierge ? »

    Silva se retourna et compris qu’il n’allait pas lâcher le sujet avant d’avoir une réponse.

    « Allons, commença-t-elle. Ce n’est pas parce que nous vivons dans une société gouvernée par les hommes que les femmes n’ont pas trouvés quelques solutions aux problèmes du quotidien. »

    Bannor ne comprenait visiblement rien. Sretena prit le relais.

    « Une tache de sang de cochon vaut bien une tache de sang de jeune fille, grand nigaud. Ha ! J’ai eu ici une fille qui a vendu sa virginité trente-huit fois. On serait à coté de la capitale, on aurait pu faire plus. Bah quoi, se gaussa Sretena, ça y’est, tu comprends ou il faut te faire goûter du thé de lune pour te nettoyer en profondeur ? »

    Ce fut au tour de Silva d’être curieuse.

    « Tu n’étais pas venu jusqu’ici pour aller toi aussi chez les Hightower ?
    Si. Pour du travail, justement. Mais… vaut mieux pas.
    Vraiment ?
    Je me connais. Je finirais par ouvrir ma grande gueule. »

    C’est finalement chez Sretena qu’il resta pour travailler. Couper du bois, nettoyer la cheminée, réparer des fenêtres, un vrai travail de tueur de monstre et de chevalier de l’Ordre impérial, ça.

    Quelques semaines plus tard, par une nuit de pleine lune, il sursauta en réalisant que quelqu’un avait ouvert sa porte. Silva se tenait à l’embrasure de la porte, une lanterne à la main. La faible lueur de la bougie suffisait à laisser deviner le galbe de ses seins nus sous le voile soyeux. Les mèches de ses cheveux tombaient en cascade sur l’ovale de son visage. Elle avait le regard baissé et arborait un sourire discret.

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Tumblr10

    Bannor n’avait jamais vu et ne reverrait sans doute jamais pudeur plus troublante, grâce si délicate. La promesse d’une douceur et d’une attention délicate dans chaque geste et chaque étreinte, une douceur qui n’aurait rien à voir avec ses ébats passés, que ce fut avec Allara qu’il avait si souvent possédé ou les autres avant elle. Silva pivota lentement pour faire demi-tour, dévoilant l’autre facette des courbes de sa silhouette gracile avant de s’éloigner d’un pas doux et feutré. Il savait Silva belle, il découvrait cette nuit combien son jugement était en dessous de la vérité. Bannor resta interdit un instant. Ce n’était pas un rêve. Il n’avait qu’à franchir cette porte et suivre cette lumière qui lui ferait quitter le monde des ténèbres.

    Ce matin-là, Bannor coupa du bois avec ardeur. Quand il revint avec une troisième brouette pleine de bûches, il fut surpris de trouver Sretena qui l’attendait dehors avec un baluchon regroupant les quelques affaires qu’il ne portait pas déjà sur lui. Il mit un court instant à comprendre qu’elle attendait de lui qu’il parte. Le pas qu’elle fit pour s’interposer et son expression renfrognée en  crachant à ses pieds en disait long. Il comprit en fermant les yeux de dépit que son temps ici était passé.

    «   Silva, lâcha-t-il faiblement en rouvrant les yeux.
    Une femme pardonne parfois à un homme qui brusque l’occasion, jamais à celui qui la manque. »

    Il n’avait pas pu. Pas pu se lever. Il était resté dans le noir, assis comme un idiot. Un noir de plus en plus profond à mesure qu’il avait laissé partir la lumière qui l’aurait conduit hors de cette grotte où il resterait condamné à jamais.


    Dernière édition par Bannor le Lun 18 Mai - 22:24, édité 1 fois
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty CE N'EST PAS UNE ILLUSION

    Message par Bannor Dim 17 Mai - 23:31

    Bannor roula sur le coté du grand lit et essuya la sueur de son front d’un revers de main. A son tour, Allara pivota autant pour maintenir un contact physique avec son amant que pour raviver la flamme de son désir. Il lâcha un rire léger en sentant sa jambe agile s’entortiller avec amour autour de lui.

    « Déjà fatigué ? » demanda-t-elle d’un ton mêlant moquerie et envie.

    Il se contenta de pouffer de rire en la regardant de biais. Elle prit appui sur son coude pour se redresser et scruter son visage puis elle entreprit de promener ses ongles sur la toison de son large torse. Allara se pinça les lèvres de dépit alors qu’il regardait à nouveau le plafond. Elle comprenait qu’il était ailleurs. L’absence de frisson à ses savants effleurements signifiait qu’il avait eu son compte d’étreinte.

    « Dois-je faire apparaitre un rhémoraz pour te réveiller ? demanda-t-elle en détachant chacun des syllabes.
    - Je ne dors pas. Et de quoi parles-tu ?
    - De toi, mon héros.
    - Allara…, soupira-t-il.
    - Tss. Ou alors un ours sanguinaire ? Comme ça, une fois que tu l’auras tué, on fera l’amour sur une fourrure bien épaisse.
    - A quoi tu joues ?
    - Je joue à te connaitre. J’y jouerais jusqu’à te connaitre mieux que toi-même.
    - Voyez-vous ça.
    - Oui, Bannor, Chevalier de l’Ordre Impérial puis tueur de monstre.
    - Et alors ?
    - Alors je suis sûre que tu préfères cette nouvelle carrière à l’ancienne. Moins de gloire certes mais plus de liberté. Ne rendre de compte à personne enfin… presque personne.
    - Quoi ? demanda-t-il en se redressant intrigué.
    - Et oui, mon beau seigneur. Tu ne rends de compte à personne mais… »

    Maintenant qu’elle avait attiré son attention, Allara compléta d’un ton malicieux.

    «  Mais tu es à moi. »

    Bannor fronça les sourcils, hésitant entre amusement et contrariété. Allara plissa son nez mutin et d’un mouvement leste, s’installa à califourchon sur lui.

    « Et bien que va tu faire maintenant ? Me renverser pour… »

    Elle ne s’était pas trompé. D’un mouvement rapide, Bannor l’avait saisi par la taille et elle avait juste eu le temps de s’agripper à lui pour accompagner sa rotation. D’un sourire de triomphe, elle reprit sa phrase.

    « …Me renverser pour me montrer qui commande ici ? »

    Il eut un soupir d’exaspération et allait quitter le lit quand elle le retint d’une voix ténue qu’il ne lui connaissait pas.

    « Non. Reste. »

    Il la regarda avec étonnement. Toute provocation avait quitté son beau visage. Elle eut alors un geste étrange. Elle souleva doucement ses mains posées sur Bannor assis contre elle. Elle les amena lentement à son propre ventre, traça un cercle autour du nombril puis les fit glisser avec sensualité vers vers sa gorge. Ses mains épousèrent ensuite la forme de ses joues fines avant de finir leur lente progression pour couvrir ses yeux et ne plus bouger. Bannor resta interdit et immobile. Assis en tailleur, les longues jambes de son amante par dessus ses cuisses, il avait tout le loisir de contempler le corps nu d’Allara. Intrigué, il lui saisit délicatement les poignets pour découvrir son visage. Allara garda un instant les yeux fermés et ne les ouvrit qu’au bout de quelques secondes après avoir esquissé un léger sourire. Elle se mordit la lèvre inférieur et s’expliqua.

    «  Je… je ne voulais pas te voir partir.
    - Pourquoi je ferais ça ?
    - Parce que tu as eu ce que tu voulais ?
    - Et tu dis me connaitre… »

    Elle eut un léger sourire désarmant.

    «  D’accord, c’est… c’est juste qu’à force de manier les illusions, j’en viens parfois à douter de ce qui est vrai… Dis, tu trouves que j’ai l’air d’un monstre ?
    - Hum… non, répondit Bannor en écarquillant les yeux. Non, pas du tout, précisa-t-il en laissant aller son regard sur son corps de femme.
    - Alors je sais que tu ne me feras jamais de mal. »

    Souriant calmement, Bannor dégagea de son visage une mèche rebelle pour pouvoir mieux la regarder. Elle en profita pour agripper sa main et l’embrasser avec dévotion puis elle lui mordit l’index d’un mouvement mutin.

    « Cette main… Ce n’est pas une illusion », commenta-t-elle d’un sourire enjôleur tout en faisant onduler son bassin contre celui de son amant. Ses yeux devinrent des brasiers ardents qu'elle regagnait son attention.

    « Ca non plus, ce n’est pas une illusion » ajouta-t-elle satisfaite avant de l’accueillir de nouveau en elle.

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Bannor14
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Astride - Bannor

    Message par Bannor Jeu 4 Juin - 17:39

    12 mars - en journée

    Alors qu’il allait comme chaque soir au Doux Oubli, Bannor eut la surprise de reconnaitre une récente membre de la guilde. C’est Astride, une femme brune athlétique. Le guerrier avait remarqué avec intérêt son arrivée. La guilde était surtout composée de jeunes gens alors que cette femme devait avoir dans la trentaine. Il s’était demandé quelle avait été son histoire pour devenir celle qu’elle est aujourd’hui. Il était à peu près sûr qu’elle avait un caractère fort à en juger son sourire carnassier. Astride n’est pas seule et semble parfaitement à l'aise pour prendre du bon temps avec deux jeunes éphèbes nommés Zibalt et Léandre. Bannor s’approche après qu’une olive noire soit passée de bouche en bouche.

    « Alors, qui c'est qu'on croise dans les bars où les nobles ne s'encanailleraient pas ? »

    Astride a l'air surprise de se faire interpeller, mais se fend d'un sourire carnassier en reconnaissant un autre aventurier de la guilde.

    « Oui en effet… Les meilleurs d'entre nous, évidemment. Bonjour Bannor.
    - Je dirais même bonsoir, à c'te heure ci. Qu'est-ce que tu bois ? Laissez-nous un peu d'air, les deux, dit-il aux deux pensionnaires du Doux Oubli.
    - On est le soir ? J'ai pas vu le temps passer. »

    Elle glisse une bourse dans le pantalon de l’un d’eux et leur dit de rester à proximité puis elle commande un whisky fort et ambré. Bannor sourit et fait signe au serveur de doubler les verres qu’il paye dès qu’ils sont servis. Tous deux bavardent sans être dérangés par l’environnement et reconnaissent chez l’autre quelqu’un qui n’est pas un pratiquant occasionnel des tavernes, du genre de ceux qui ne savent pas boire sauf pour simuler la joie ou oublier leur triste vie. Bannor interroge Astride un peu plus tard.

    « Alors, qu'est-ce qui t'amène dans la guilde ? T'y fais autant tache que moi.
    - Ça, évidemment ! répond-elle en ouvrant largement les bras pour montrer le luxe dans lequel elle est vautrée. Ce n'est pas sur un salaire de paysan que j'aurais pu me payer ce genre de choses. Et toi ? demande-t-elle en engloutissant des fruits rares qu’elle sectionne à pleine dents. Le salaire d'un soldat ne te suffisait pas et tu viens mettre ton expertise au service des jeunots de la guilde ?
    - Salaire de soldats ? J'ai quitté l'armée il y'a longtemps. Si tu veux pas me répondre, y'a pas de mal hein. Ce que je sais moi, c'est qu’une femme prudente ne viendrait pas seule dans un bouge comme celui-là. A moins d'avoir les moyens de se faire respecter. Mais du coup, quand on a les moyens de se faire respecter, ce que je crois te concernant…
    - Je ne suis pas prudente, répond-elle, un moment songeuse. J'ai manié la faux toute mon enfance pour travailler aux champs. Et quand j'ai eu dix ans, j'ai décapité un loup qui allait me dévorer. Ce genre de talent, il faut bien en faire quelque chose, mais l'armée... ne m'aurait pas convenu. Alors je suis venue ici, j'ai fait une expédition en forêt, et je suis revenue les poches remplies d'or. Dès que j'aurai les poches vides, je repartirai, conclut-elle en s’adossant confortablement.
    - Tu aurais tord. A ton avis, pourquoi l'armée est toujours là ?
    - Je ne me suis pas posé la question, mais j'ai l'impression que tu vas me l’expliquer.
    - La mine d’adamantium. Au niveau militaire, ça coute de tenir un lieu comme celui-ci. Ils ont eu beaucoup de pertes et la présence de volontaires et braves... aventuriers, inconstant ou pas, leur permet de prendre moins de risque et se consacrer à ce qui rapporte vraiment. Et où as-tu déniché autant d'or ? »

    Astride écoute d'un air distrait mais la mine d'adamantium et la raison de la présence militaire ne semblent pas l'intéresser plus que ça. Ses yeux s'illuminent quand Bannor l’interroge sur sa petite fortune.

    « Tu n'en as pas entendu parler à la guilde ? Je suis rentrée hier d'une expédition monumentale dans la forêt ! Nous avons exploré tellement loin qu'on est allé de l'autre côté. Et sur le trajet... Tous les monstres que tu peux imaginer : les fauves gigantesques, les aberrations végétales, les vermines géantes... Mais aussi et surtout, des elfes. Une petite escouade d'elfes nous a attaqué. On s'est défendu, on a gagné, et on a pris tout ce qu'ils avaient. Ils étaient bardés d'objets magiques.
    - Hé bien…
    - Bref. C'était pas évident, on a failli y passer... et j'y ai laissé un ami. A la tienne, Donovan. »

    Bannor l’accompagne quand elle lève son verre aussi à ce type qu'il ne connait pas. Un peu plus tard, jugeant avoir assez bu et grignoter, Astride à des désirs d’étreinte en glissant qu’il doit bien y avoir un homme costaud sous cette barbe dru. Bannor décline à mots couverts mais elle s’en fiche aussitôt et convoque ses deux mignons. Il la laisse à ses amusements et va se renseigner pour son propre compte. Le patron du lieu lui répond que les deux jeunes gens sont réservés à Astride pendant 3 jours mais fait venir une femme à la peau d’ébène et aux longs cheveux d’or. Celle-ci saisit Bannor par la main et l’entraine vers une chambre à l’étage. Quand il passe à côté d’Astride avec elle, il la fait rire en lui disant qu’il faut bien se remettre en selle.

    18 mars - en journée

    Bannor avait mis sur pied une nouvelle expédition vers l’empreinte de géant. Cette fichue empreinte avait laissé des séquelles dans la guilde. Des échecs successifs et trop de compagnons morts. Bannor voulait tordre le coup aux sombres croyances entourant cette destination, une destination qui pour lui, était tout sauf maudite. Au nombre de compagnons d’aventure, il pensait compter sur Ottoman, Osward, Rowina et Astride.

    Après une conversation assez tendue avec Ottoman, il croise Astride qui l’interpelle.

    « Bannor... J'ai besoin de voir quelque chose avec toi. »

    Elle s'est changée avec des vêtements propres et vient de sortir de la douche. Il lui reste des marques de combat sur les avant-bras et le visage, le reste est caché par les vêtements. Elle a l'air fatiguée.

    « Ton histoire d'empreinte, là. Tu peux me dire ce qu'on va y faire ?
    - En avoir le cœur net, déjà. J'ai entendu une dimension d'empreinte délirante, je veux vérifier. Ensuite, c'est une zone que la guilde a pas encore atteinte.
    - D'accord... mais donc, pas de donjon à explorer a priori, et pas de trésor en vue ?
    - Je devais l’atteindre, souffla Bannor avant de reprendre. Le savant qui dirigeait le truc a paniqué parce que son livre a cramé et on a fait demi-tour, après avoir réglé un problème de gnolls qui nous a attaqué de nuit... Bref, non, sans doute pas de trésor en vue. Et toi, tu as une piste pour en trouver un ? »

    Astride fait la moue en s’asseyant au coin du feu.

    « Ecoute, j'aime bien ton style, mais je rentre d'une expédition qui n'a pas vraiment été rentable pour moi. Si tu m'embarques sur une balade dangereuse pour aller regarder un pied... Je vais demander une assurance. Une piste pour un trésor ? Hé bien... il y a ce monstre mangeur de diamants dont personne ne s'est occupé. Déjà, ça me parle un peu plus.
    - Une assurance ? La seule solution, c'est de demander à se faire payer pour explorer cette zone peu connue.
    - Oh mais c'est exactement ce que je te demande. Tu montes une expédition et tu veux mes talents ? Je ne vais pas y aller pour tes beaux yeux ou pour des principes crétins. Je veux être assurée pour l'équivalent de mille pièces d'or. Si on ne trouve aucun trésor, aucun objet magique pendant l'expédition, tu me devras cette somme. Marché conclu ? »

    Bannor plisse les yeux et semble en proie à une colère sourde.

    « Heh, ça a l'air de t'emmerder. Ecoute, j'ai annoncé la couleur quand on s'est rencontrés. Je suis là pour l'argent. Je vais pas m'excuser de ça. 
    - Non, ce qui m'emmerde, c'est que tu m'as confondu avec un banquier. Mais coup de bol, ça fait plusieurs fois qu'on me suggère d'avoir meilleur caractère, donc je travaille mon sang-froid... Et là, tu m'as donné un putain de test. Donc, non, j'ai pas d'argent à te donner, j'en cherche d'ailleurs moi même. Mais oui, je vais voir si on peut se faire payer pour cette reconnaissance d'un terrain hostile. »

    Astride s'est tendue un moment, anticipant peut-être un virement violent de la conversation. Elle se détend avec la dernière phrase.

    « Très bien. Vois s'il y a une prime dans les parages, et si oui, je suis de la partie. Sinon, aller faire un tour sur cette île aux diamants me paraît plus rentable, surtout si tu cherches à te remplir les poches autant que moi. »

    Elle regarde le feu après que Bannor ait acquiescé d’un maigre hochement de tête, et une ombre passe sur son visage.

    « Tu sais, je suis pas venu t'emmerder avec ça par plaisir. Plus on va faire des trucs dangereux, plus nos ressources vont être critiques. J'aime dépenser pour des trucs frivoles, oui, mais je pense aussi à ma survie. A la survie des autres. Et la magie, ça coûte cher. Mais ça aurait peut être pu le sauver…
    - Sauver qui ? demande Bannor en relevant un sourcil. »

    Astride se mord l'intérieur de la joue et répond après un silence.

    « Un petit gars qui aurait jamais dû se trouver là... Un gobelin. Tout jeune. Il était tout content de partir en aventure et…
    - Pavu, n'est ce pas. Oui, un bon petit gars. »

    Elle hoche la tête et part.
    Bannor
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Re: Bannor, échoué au Poing de l'Empire

    Message par Bannor Jeu 11 Juin - 17:52

    26 mars - en journée

    Bannor fait signe à Astride quand il la voit à la guilde. Une fois seuls, il lui fait part de ses avancées dans ses recherches.

    « Pas d’avancée sur Ephram. J’ai appris que les égouts permettaient de faire des livraisons entre le port et Doux Oubli. T’en penses quoi ? »

    Astride a l'air un peu emmerdée de devoir s'occuper de ça, mais finit par hausser les épaules.

    « Si tu peux pas t'occuper des livreurs, occupe-toi de ceux qui les achètent. Défonce les minotaures. Si les esclavagistes n'ont plus de clients pour les esclaves, le trafic devrait en prendre un coup. »

    Bannor grimace en voyant l’agacement d’Astride.

    « Tu fais des raccourcis. L’esclavage ne sert pas qu’aux minotaures, il sert surtout à fournir des mineurs. L’armée utilise des esclaves pour extraire l’adamantium.
    - Bah, répond Astride se passe la main dans les cheveux. Je veux pas te vexer, Bannor, mais pourquoi tu t'occupes de ça ? C'est un devoir moral ?
    - Pour quelqu'un qui veut pas me vexer, tu bats à plates coutures ceux qui essaient. Alors, voyons voir... pourquoi je m'occupes de ça? dit-il en serrant les dents. Devoir moral, ouais, peut-être. Ce qui est idiot tout compte fait, vu que les bonnes actions n'effacent pas les mauvaises. Et d'ailleurs, pourquoi je te parle de ça ? Ah oui, ça me revient. Parce qu'on avait convenu que je ferais ça, vous tenir au courant de mes échanges avec Riku suite aux conseils d’Ottoman.
    - Heh, tu pars au quart de tour, réagit Astride en évaluant Bannor d’un air pensif. J'imagine que si tu n'impliques pas les autorités, c'est que toute l'armée est corrompue ou un truc du genre, Bannor acquiesce à la mention d'une armée corrompue.
    - Déjà essayé en vain.
    - Donc si tu veux vraiment être un héros, considères que tu vas commettre des actes illégaux, et assume. Sabote les livraisons entre les égouts et le Doux Oubli. Fais de la guérilla hors de la ville pour arrêter les transports. Vu la situation, y'a pas de solution propre. A toi de voir jusqu'où tu es prêt à aller et ce que tu es prêt à sacrifier pour cette cause.
    - J'avais déjà ces propres conclusions mais ça fait jamais de mal de les entendre sous une autre forme… Cette histoire d'armée qui fera bloc derrière Servio, je l'ai suffisamment dit lors de notre entrevue tous les quatre hier soir. C'est pas le moment de lui tomber dessus à cause de la menace de Rassignon. Non, mon sujet premier, c'est Ephram et oui, j'ai débordé en te parlant de l'esclavage à Finbarr. Ca ne se reproduira plus, lâche-il en soufflant. Ca serait surement plus simple pour Riku si sa frangine était morte. Chacun ses fantômes, hein. Y'en a plein les cimetières, il parait.
    - Bon, si je résume, tu es conscient de ne pas pouvoir t'attaquer à Servio. Tant que l'armée fait bloc, on ne démantèle pas le réseau. Donc, ton soucis, c'est le chantage d'Ephram... Hé bien là, mon mignon, j'ai pas de solution miracle. A ta place, je parierai sur un bluff d'Ephram. Je ne paierai pas. Si Ephram est intelligent, il laissera pisser. Il sait qu'on ne peut rien faire contre Servio en l'état des choses... Mais s'il nous force la main, on risque de réagir violemment.Quant à Riku... bah c'est triste mais c'est aussi à lui de se bouger s'il veut récupérer sa soeur. A sa place je tenterai de la racheter. C'est crade mais l'argent, ces gars-là connaissent bien. »

    Bannor acquiesce en réfléchissant aux mots d'Astride puis hausse les sourcils.

    «  Mon mignon ?
    - Une fois rasé et propre, t'es pas trop mal dans ton genre.
    - Et je suis gratuit... Dans une autre vie, peut-être.
    - Ah, dommage, parce que je suis pas prête d'avoir fini celle-ci.
    - Je sais, réponds Bannor avec un sourire en coin. T’sais ce qu'on dit, les meilleurs partent les premiers. Ca veut dire que des gens comme toi et moi en ont encore pour un moment. A plus tard, déesse du sexe.
    - A plus tard Bannor, j'ai de l'or à dépenser. Si je vois quelque chose d'utile, je tâcherai de pas l’oublier. »
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Souvenirs

    Message par Bannor Lun 10 Aoû - 0:23

    Après avoir vu Strix sortir en grommelant de la salle à manger où Evrod, Seckett, Bannor et lui-même s'étaient isolés, Taliah resta attentive et patiente. Sa curiosité naturelle la titillait mais elle comprenait bien que le sujet devait être important vu l'extrême précaution que ces personnes prenaient pour parler à l'écart des oreilles indiscrètes comme celle de Malek par exemple.

    La porte de la salle à manger s'ouvrit à nouveau quelques minutes plus tard. Evrod et Seckett sortirent à leur tour avec une expression soucieuse.

    Taliah attendit encore un moment. Si Bannor ne sortait pas, c'est qu'il avait surement besoin d'être seul. La guilde reprit sa vie quotidienne, colorée par la fumée des pipes, les chopes de bière blancoussin levées à la mémoire de Riku et les conversations parfois surréalistes.

    Bannor, vouloir être seul ? Il l'avait été trop longtemps, elle le savait mieux que quiconque. Elle se leva, s'approcha de la salle à manger et ouvrit la porte, cette porte mitoyenne d'une autre porte qu'elle avait ouverte plus d'une fois. Le guerrier n'était pas dans la pièce. Il y'avait à coté de la grande table une corde qui pendait. Taliah connaissait cette magie et déposa son sac magique sur le buffet voisin. Elle grimpa ensuite avec agilité et arriva dans cet espace extra-dimensionnel, un lieu hors de ce monde, une sensation de vide toujours étrange. Bannor y était assis, songeur. La tieffeline s'asseya à ses cotés et perçu son léger sourire. De sa cape, elle fit apparaitre une tasse de chocolat chaud qu'elle posa devant lui.

    Bannor la huma longuement avant de tremper ses lèvres. Un savant arôme de chocolat et de noisette.

    Le guerrier finit par rompre le long silence.

    "Tu sais ce que c'est, les souvenirs ? demanda-t-il.
    - Oui, je présume... répondit Taliah à voix basse.
    - C'est l'endroit où les gens vont quand le présent n'est pas à la hauteur du passé."

    Après un silence, Bannor ajouta.

    "Pour ce qui me concerne, mon présent est absolument parfait."

    Ils restèrent là assis, dans le silence, dans ce vide, avec pour seul contact la main de l'autre.
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty La lettre

    Message par Bannor Mer 19 Aoû - 9:34

    Les coups répétées contre un carreau de verre font sursauter la tieffeline. Ce n'est que Jansenn, dehors sur le parapet de la fenêtre, le corbeau que Bannor avait baptisé ainsi en hommage à un ami de longue date dont elle savait peu de choses en dehors qu'il avait été brulé vif par Melenkurion le dragon. Bannor avait toujours de quoi nourrir le corbeau sur lui.

    Avait.


    Taliah reprit le ramassage consciencieux des affaires du guerrier et trouva un calice qu'elle reconnut et qui l'a renvoya un instant dans un certain cours d'eau au nord de Poing-de-l'Empire. Bannor l'avait dissimulé à raison sous le matelas. Des gouttes de chocolat avait séché dedans. Elle s'apprête à repartir quand elle remarque un parchemin, pareillement dissimulé. Son sang se glace quand elle lit ce qui écrit dessus.

    Pour Taliah, si je ne peux lui donner moi-même


    Sans s'en rendre vraiment compte, elle s'assoit sur le lit comme s'il lui avait demandé de le faire. En face d'elle, le tabouret contre le mur est maintenant inoccupé et l'âtre de la cheminée ne brûle d'aucun feu. Les mains agiles hésitent puis défont la cordelette qui gardait la lettre roulée.

    C'est son nom qui est écrit en haut de la lettre. Son nom à elle ainsi qu'une date. Taliah a bonne mémoire. Elle sait qu'il a dû l'écrire avant de partir à la recherche de l'Empreinte de Géant, cette expédition aux mille visages, tantôt meurtrière aux dépends de la guilde, tantôt salvatrice avec la libération d'esclaves, une expédition qui les avait fait se rencontrer.

    La gorge nouée, Taliah déroule entièrement la lettre.

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Captur31

    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Captur30

    (Mai 2020)
    avec l'aide de Shuriken et de sa lettre de départ d'un grand-père
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    Bannor, échoué au Poing de l'Empire Empty Re: Bannor, échoué au Poing de l'Empire

    Message par Bannor Sam 14 Aoû - 0:27

    14 aôut. One fucking year, my old friend.

    https://www.youtube.com/watch?v=ZiH_uIYZj_0

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